Par François Jarraud
Quel beau diagnostic ! Une semaine après la publication de l’enquête internationale Pisa, Xavier Darcos en a analysé pour la presse les résultats d’une voix ferme, en présentant son programme pour les 2ème et 3ème trimestre, dans une lecture qui a dû faire de la peine aux conservateurs. Pour le ministre,Pisa montre » que notre système scolaire se trouve aujourd’hui à un tournant de son histoire. Il a été de tous les succès de notre société au cours des dernières décennies. Il ne doit pas devenir un symbole de ses échecs. L’école a réussi le pari de la massification, elle doit désormais relever le défi de la qualification des publics scolaires ».
De ce « constat alarmant », Xavier Darcos tire 4 enseignements. La France recule d’année en année dans les enquêtes Pisa « à cause d’un nombre élevé d’élèves faibles ». Ce n’est pas en rapport avec les financements, « c’est ailleurs que ça se passe ». Le système français est « moins équitable » que d’autres. Or « les systèmes qui sélectionnent le moins sont les meilleurs » assène le ministre. Ni l’augmentation des heures de cours, ni les redoublements ne règleront le problème. « Je ne crois pas que la multiplication des heures de cours suffira à répondre aux difficultés » estime X Darcos, qui précise même que sur ce point il a changé d’avis. Alors que l’on pouvait craindre une remise en cause des enseignants et l’apologie des vieilles méthodes, le ministre a écarté nettement ces tentations, dénonçant les déclinologues.
Le diagnostic est sans doute bon, mais le docteur Darcos est-il capable de guérir le malade ? On attendait du ministre des mesures à la hauteur du problème. En fait il est revenu sur 5 points déjà annoncés précédemment.
Le ministre veut d’abord jouer sur le temps scolaire. Au primaire, il a rappelé qu’il avait dégagé 2 heures hebdomadaires de soutien scolaire (les heures du samedi matin). Au secondaire, il entend regagner le mois de juin sur les examens. 13 départements expérimentent une nouvelle organisation du bac. L’année prochaine le calendrier des examens devrait être légèrement retardé : début du bac les 20 (général) et 24 (technologique) juin (au lieu des 18 et 20). L’EAF passerait du 13 au 20 juin. Celui des conseils de classe sera repoussé à fin juin. Le bas se terminera le 11 juillet. Durant la seconde quinzaine de juin, les enseignants seront exemptés de surveillance. Ils feront cours et devront en même temps corriger les copies d’examen. Pour tenir compte de ce surcroît de travail les corrections seront mieux payées.
Les activités extrascolaires devraient être étendues à tous les collèges à la rentrée 2008 ainsi qu’aux écoles volontaires.
Le développement du bac pro en 3 ans est défendu par le ministre qui y voit un moyen d’augmenter le nombre de bacheliers. Le ministre admet cependant que « dans certaine filières » on puisse garder le bac en 4 ans.
La carte scolaire sera totalement supprimée à la rentrée. Mais dans les établissements où il y aura trop de demandes, on donnera la priorité aux boursiers en premier lieu avant d’autres critères (rapprochement d’un frère ou d’une sœur). Ainsi cela lui semble conforme à l’équité. Dans les établissements qui perdront de 5 à 10% de leurs élèves, les moyens seront maintenus. Dans les 30 collèges qui perdront probablement plus de 10% de leur effectif, » j’augmenterai le nombre d’adultes, jusqu’à multiplier par deux le taux d’encadrement des élèves et j’inciterai ces équipes renforcées à s’appuyer sur un projet pédagogique innovant » affirme Darcos. Interrogé par le Café, il a mentionné par exemple les projets développés suite à l’appel de Gabriel Cohn-Bendit. C’est la première fois que le ministre témoigne publiquement de son soutien à cette initiative.
Enfin, le ministre veut rétablir l’autorité des professeurs. Pour cela il envisage de généraliser des procédures simplifiées de signalement au procureur de la république.
Ces mesures répondent-elles au diagnostic ? Puisque le système éducatif français souffre d’un fort groupe d’élèves de plus en plus faibles, il est clair qu’une forte politique sociale, et plus précisément une politique d’intégration, est indispensable. Mais cela dépasse le ministre. Sur le terrain de l’équité, la suppression de la carte scolaire devrait vider certains collèges et augmenter la ségrégation. On sait en effet, grâce à l’exemple anglais, que les familles défavorisées n’utilisent pas les possibilités dérogatoires.
Les dispositifs de soutien ne sont pas plus convaincants. Si le ministre sait que les redoublements sont de peu d’utilité, il ne propose rien d’autre. Il reste également dans la logique des heures de soutien, dont l’efficacité n’a jamais été totalement établie. Le plan Darcos semble modeste devant la qualité du diagnostic. Qui rendra l’école française plus efficace et plus équitable ?
Le discours
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Dossier de presse
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