Par François Jarraud
C’était en 1970, deux ans après mai 68. Un décret créait le corps des Conseillers principaux d’éducation, en lieu et place des surveillants généraux. Car, déjà, les CPE se trouvaient au cœur des changements qui touchaient les établissements secondaires et les jeunes français. 37 ans plus tard, les CPE restent une particularité du système éducatif français. Et le Cereq les interroge sur leur singulier métier.
Drôle de métier en effet puisqu’il est éducatif sans être disciplinaire, qu’il vise l’ordre et l’épanouissement du jeune, qu’il s’inscrit dans les responsabilités de la direction tout en se tenant à part. L’étude du Céreq souligne ces singularités. « Le métier de conseiller principal d’éducation est en redéfinition permanente » écrit le Cereq. « Ses fonctions se sont fortement renouvelées sous l’effet des transformations sociales et scolaires. La façon de le mettre en œuvre varie selon l’établissement et la qualité du cadre partenarial. Au quotidien, les CPE sont souvent conduits à accomplir dans l’urgence des tâches qui ne relèvent pas de leur champ de compétences mais d’un travail que les autres professionnels de la communauté éducative ne peuvent ou ne veulent assumer ». Ce que montre l’étude du Cereq c’est la grande variabilité du métier selon les établissements. Instrumentalisé, réduit à un rôle bureaucratique dans tel établissement de centre ville, le CPE devient un animateur de la politique pédagogique de l’établissement quand celui-ci rencontre des problèmes. Il est alors le premier appui, le plus constant et parfois le seul collaborateur du professeur principal. Il est aussi parfois le seul appui pour des élèves dépassés par leurs difficultés personnelles ou scolaires.
C’est dire que les CPE sont les chevilles ouvrières de la démocratisation du système éducatif. Même si cette importance n’est pas forcément reconnue. Ainsi le nombre de postes mis au concours a été divisé par deux en 2006. Il n’est déjà plus que le tiers de celui de 2003. Voudrait-on le faire disparaître ? Seule une mutation profonde du système éducatif français pourrait faire évoluer en profondeur la fonction en la noyant dans une gestion commune des fonctions éducatives par les enseignants. C’est un terrain où il y a peu de chance que la Commission sur le métier d’enseignant s’engage. Les Cpe continueront donc à soutenir un système éducatif qui n’a pas réussi l’unité des fonctions éducatives.
L’étude (en pdf)
http://www.cereq.fr/pdf/b242.pdf
La rubrique Vie scolaire du Café
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