Par François Jarraud
On peut toujours se dire qu’il en est de l’Education Prioritaire comme du service public en général : s’il n’y en avait pas, ça serait pire. Mais ça ne dispense pas de chercher à comprendre ce qu’on pourrait faire pour que ça aille mieux.
Les moyens, quand ils existent, ne sont pas suffisamment employés vers le cœur de la difficulté scolaire : ce qui se passe dans la classe. A forcer sur les doses de projets, de remédiation, de dispositifs, de PPRE ou de soutien, on oublie que l’essentiel se joue dans le rapport ordinaire que l’élève de ZEP entretient avec la situation scolaire la plus banale, dans la classe, dans ce qu’il comprend qu’il fait là…
Avec une question qu’on ose rarement énoncer publiquement : quand on parle d’Education Prioritaire, pense-t-on « réussite de tous » ou « pacification sociale » ? Depuis quelques années, il semble malheureusement que la réponse soit de plus en plus claire : dans une société où le politique cherche à faire porter le poids du destin social sur le seul mérite des individus, où le président de la République peut oser dire aux journalistes que la désespérance sociale qui s’exprime dans ces quartiers n’est que la conséquence du laxisme face aux délinquants et au trafiquants qu’il fut renvoyer « chez eux », pas la peine de se demander pourquoi le ministère ne juge pas utile de nommer des pilotes nationaux de l’Education Prioritaire. L’inspection générale peut à loisir publier des rapports pertinents, les universitaires peuvent continuer à colloquer, la priorité affichée à la réussite de tous et au socle commun n’est qu’un slogan marketing pour les plateaux télé.
On sait désormais beaucoup sur ce qu’il faudrait faire si on décidait réellement que la Nation se fixe comme objectif prioritaire de travailler à la réussite scolaire des élèves qui ont le plus besoin de l’Ecole. Encore faut-il ne pas se contenter de l’afficher, mais de le décider. Les enseignants de ZEP l’attendent-ils encore ? Pas sûr…
Education prioritaire, le nouveau dossier mensuel du Café
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