Par François Jarraud
Suppressions de postes, budget à la baisse : ce sont encore ces mesures que le ministre doit faire accepter avec des résultats variables. Au point de souhaiter remettre à après les municipales la question des fermetures de classes…
Quand le ministre cache les fermetures de classe…
« 11 200 suppressions de postes annoncées pour l’Éducation nationale dans le budget 2008, évidemment ça se voit sur le territoire ! » Le Sgen Cfdt n’est pas le seul à dénoncer la décision du ministre de reporter à après les municipales l’annonce des fermetures de classe.
Alerté par les syndicats d’inspecteurs, le Café avait donné cette information le 29 novembre. Pour éviter que les fermetures de classes ou d’écoles ne soient connues avant les élections municipales, le ministère de l’Éducation nationale a donné consigne aux inspecteurs d’académie de retarder l’annonce de la carte scolaire pour la rentrée 2008.
Le Sgen-CFDT dénonce un scandale. Pour le Se-Unsa, « cette mesure est totalement inédite. Jusqu’à présent, la non-superposition du calendrier électoral avec celui de la carte scolaire se faisait par un avancement des opérations administratives. On conciliait ainsi un principe républicain avec l’intérêt des élèves et des personnels. Aujourd’hui, le politicien a pris le pas sur le républicain ». Le Snuipp parle d’instrumentalisation.
Les élections auront lieu en mars. Cette manœuvre a aussi des conséquences sur l’Ecole : en retardant le mouvement elle met les personnels dans une situation difficile.
Communiqué Snuipp
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5165
Communiqué Sgen Cfdt
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1526.html
Communiqué Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=071210
Dansle Café du 29/11
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2007/11/29112007Accueil.aspx
L’Assemblée adopte le budget de l’éducation nationale
L’Assemblée nationale a adopté le 15 novembre le budget de l’éducation nationale, c’est-à-dire,par exemple,la suppression de 11 200 postes d’enseignants. Le budget ne prévoit pas le remplacement des emplois aidés, à l’exception des auxiliaires de vie scolaire assistant les enfants handicapés.
Le débat a été particulièrement riche. On en retiendra par exemple cette intervention de Sandrine Mazetier (PS). « Votre copie se caractérise par un double renoncement. Vous renoncez d’abord à atteindre les objectifs de Lisbonne visant à faire de l’Europe le lieu de l’économie de la connaissance la plus dynamique d’ici à 2010. L’essentiel des suppressions de postes est concentré sur le second degré… Or ce sont les bacheliers de 2010. Vous ne respectez pas non plus la loi d’orientation sur l’école de 2005 et l’objectif de porter 50 % d’une classe d’âge au niveau de la licence. Vous condamnez la France à rester durablement en marge de la croissance. Votre budget est donc, à court et moyen terme, inefficace sur le plan économique. En second lieu, vous renoncez à attaquer les inégalités de destin scolaire à la racine. La scolarisation à deux ans est en chute libre. Elle est passée de 35 % en 2000-2001 à 24 % en 2005-2006 et le budget 2008 n’inverse en rien la tendance, alors que le groupe d’étude sur la maternelle, que vous avez créé, préconise d’assurer en priorité la scolarisation des enfants de moins de trois ans dans les secteurs défavorisés ».
Les débats
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cra/2007-2008/053.asp
Dans le Café, sur le budget
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2007/11/14112007Accueil.aspx
Le Sénat et la gestion de l’éducation nationale
Le rapport des sénateurs Richert, Férat et Gonthier-Maurin sur le budget de l’éducation nationale, apporte des informations intéressantes. Ainsi sur les profs en surnombre qui sont un des arguments utilisés pour réduire le budget. Les données ministérielles en décomptent 2 662 (dont 500 en lettres, 300 en Eps), un pourcentage infime pour un corps d’un demi-million de fonctionnaires. La variabilité de ce nombre d’une année à l’autre est éloquente. Une page malicieuse est consacrée aux remplacements où les données officielles semblent improbables aux sénateurs…
Rapport
http://www.senat.fr/rap/a07-092-5/a07-092-5.html
Décentralisation : L’Ile-de-France et l’Etat vont signer un accord pilote de transfert d’informations
» Pour que la collectivité puisse assumer ses nouvelles charges, le transfert de compétences ne doit pas seulement s’accompagner de transferts de moyens financiers mais aussi s’accompagner de transferts de données » écrit Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France. « Comment demander aux Régions de co-piloter le système éducatif sans leur assurer un accès à des données fines de l’Education Nationale ? »
L’accord proposé par la région est donc totalement nouveau et marque l’affirmation de la volonté de pilotage des régions. La région et les 3 académies du secteur s’échangeront mutuellement les informations nécessaires à la vie des lycées.
Convention
http://elus.iledefrance.fr/docs/base/CP_07-1040.pdf
CSE : 20 organisations dénoncent l’absence de dialogue
Vingt organisations siégeant au CSE (FCPE, Ligue de l’Enseignement, UNEL, UNEF, Sgen-Cfdt, FEP-Cfdt, CFDT, Unsa-Education, Se-Unsa, SIEN, AI, SNPDEN, FSU, SNES, SNUipp, SNUEP, SNEP, SNESUP, SGPN-Cgt, CGT), dénoncent l’absence de concertation avec X. Darcos. Elles ont quitté la séance. Le Snes dénonce par exemple l’absence de concertation sur le temps scolaire. » Le SNES s’étonne d’apprendre ainsi, alors qu’un dialogue semblait s’amorcer sur l’organisation du baccalauréat, que la décision de reculer d’une semaine les épreuves écrites soit déjà prise sans attendre les résultats de l’expérimentation prévue dans 13 départements pour juin 2008. Pourtant les conséquences pratiques (temps de correction, organisation des oraux obligatoires et de rattrapage, possibilité de concilier matériellement pour les enseignants la correction des copies de bac ou les interrogations orales avec maintien de leurs cours dans les autres niveaux…) mériteraient pour le moins une concertation. Il en va de même pour le recul d’environ deux semaines du calendrier des conseils de classe de seconde ».
Communiqué
http://www.snuipp.fr/spip.php?article5171
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/snesactu/spip.php?article2817
Darcos veut renforcer les liens avec l’entreprise
» L’ère de la méfiance réciproque est révolue. Les préjugés et les préventions réciproques sont véritablement désarmés et le dialogue entre l’école et l’entreprise est bel et bien engagé ». Cloturant les Assises de la relation école – entreprise, X. Darcos anticipe peut-être un peu sur les résultats de son plan.
Car c’est un véritable plan qu’il a présenté aux congressistes. Pour faire connaître les entreprises, le ministère va initier en 2008 des « parcours de découverte des métiers » dès la 5ème. « Je veux également » annonce Darcos, « développer mais aussi mieux encadrer les stages que les élèves effectuent en entreprise. Pour cela, ils devront s’inscrire dans un projet pédagogique cohérent construit en partenariat entre les enseignants et le monde économique » a ajouté le ministre. Les élèves de 4ème et 1ère pourront bénéficier de visites d’entreprises. Chaque établissement secondaire devra signer un partenariat avec une entreprise.
Comment interpréter cette exaltation des relations école –entreprises ? On y verra d’abord, on le sent bien, une forme d’aggiornamento libéral susceptible de nettoyer les traces de marxisme qui pourraient rester dans l’Ecole… et de complaire aux lobbys qui visent sa « reconquête idéologique ». Il y a sans doute aussi la volonté d’améliorer la formation à l’orientation des élèves. Il n’est pas inutile que les jeunes aient une idée même peu précise de tel ou tel secteur où ils souhaitent aller.
Mais ces stages et conventions ont aussi pour but d’ancrer l’établissement dans le terreau de sa communauté locale. On sait que l’ecole française,par rapport à l’école anglo-saxonne, a une plus grande méfiance envers la communauté Elle se pense d’abord comme un ilot qui doit rester protégé de son environnement. C’est dire que le thème de la découverte professionnelle est en rapport avec celui de l’autonomie des établissements, un autre credo ministériel.
La démarche est-elle susceptible de réussir ? Xavier Darcos ne sous estime pas les résistances. » Pour assurer la pérennité de ces relations nouvelles, une convention va d’ailleurs être signée entre l’Education nationale, les fédérations de parents d’élèves et les organisations interprofessionnelles, professionnelles et économiques. Destinée à favoriser la découverte des métiers et des professions dans le cadre du collège, elle pourra être rejointe ultérieurement par d’autres signataires ». Une allusion assez claire à des enseignants jusquelà absents.
Discours de X Darcos
http://www.education.gouv.fr/cid20479/cloture-des-assises-de-la-relation-ecole-entreprise.html
L’article 89 est maintenu
Mardi 27 novembre, l’Assemblée nationale n’a pas adopté la proposition de loi qui visait à abroger l’article 89 de la loi du 13 août 2004. Cet article impose le financement des écoliers inscrits dans une école privée hors de la commune de résidence.
Document A.N.
http://www.assemblee-nationale.fr/13/ta/ta0056.asp
L’inflation scolaire au Salon de l’éducation
Depuis la publication du livre de Marie Duru-Bellat, l’inflation scolaire est une question à la mode. Dans un débat organisé par la Ligue de l’enseignement au salon de l’éducation, Philippe Frémeaux, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques et Yannick Bodin, sénateur, donnaient leur point de vue à ce sujet.
Lire le reportage de F. Solliec
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/23112007Tou[…]
Surle Café, le dossier sur l’inflation scolaire
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/11032[…]
La démographie scolaire
Dans son Portrait social, l’Insee fait le point sur l’évolution de la population scolaire : hausse des effectifs au primaire,déclin au secondaire, scolarisation des enfants handicapés, croissance de l’apprentissage dans le supérieur.
Etude en pdf
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/FPORSOC07c.PDF
Le rapport de performance de l’éducation américaine
Pour ceux qui voudraient anticiper et découvrir ce qu’est le « pilotage par les résultats » annoncé par le gouvernement, scolaire. La lecture du « Performance ans Accountability Report » 2007 du Department of Education s’impose.
Il énumère sur 4 pages l’état des objectifs à atteindre dans le système éducatif américain. On veut être sûr que chaque enfant sache lire en CE2.Pour cela on mesure le pourcentage d’enfants défavorisés au moins au CE1 ayant un niveau satisfaisant dans les tests. On veut développer la lutte contre la drogue. On mesure la réduction d’usage de la drogue, etc. Sur trois années,le tableau indique le niveau atteint.
Evidemment les tableaux évoquent des progrès extraordinaires d’année en année, même si,par ailleurs,des voix dénoncent la faible fiabilité des chiffres. Mais globalement si le système américain a progressé c’est aussi que le gouvernement fédéral n’a pas lésiné sur les subventions. Ainsi il dépense près de 5 milliards de dollars sur les programmes d’aide à l’apprentissage à la lecture. Un peu comme si les évaluations, à elles seule, ne suffisaient pas…
Rapport (pdf)
http://www.ed.gov/about/reports/annual/2007report/report.pdf
Un rapport critique
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2007/[…]
Réformer l’éducation : l’avis de Claude Seibel
Sur quels facteurs agir pour changer l’Ecole ? Claude Seibel, inspecteur général honoraire, ex-patron de la Dep (Division des études du ministère), publie dans le numéro de novembre de Futuribles l’avis d’un haut fonctionnaire qui suit ces questions depuis longtemps. Il identifie 7 facteurs clés de changement dont certains renvoient directement aux choix pédagogiques des enseignants.
« Promouvoir la pédagogie de la réussite », écrit C. Seibel, constitue sans doute l’élément clef de la « réussite de tous les élèves ». Il s’agit de baser la progression de l’élève sur ce qu’il réussit puis d’élargir progressivement… En fat c’est une révolution culturelle » reconnaît-il. Autre révolution, « relancer la pédagogie par projet… c’est le seul moyen de passionner (les élèves), de les aider à dépasser ce qu’ils vivent comme un lycée ou un collège sandwich ».
La maîtrise des tic constitue un autre facteur, avec la mobilité, la réforme des mutations, l’accompagnement pédagogique.
Le sommaire
http://documents.irevues.inist.fr/handle/2042/9690
Rassemblement pour l’éducation
« Des milliers d’acteurs locaux composent la chaîne éducative : parents, enseignants, mouvements d’éducation populaires, chercheurs, sociologues, médecins, associations, artistes, conseils de la jeunesse, pédopsychiatres, sportifs, animateurs… Et pourtant, dans notre pays, l’éducation est reléguée au second rang des préoccupations du gouvernement… C’est autour de notre appel que nous vous proposons de nous rassembler afin de lancer ensemble et très concrètement la construction d’un projet éducatif national ambitieux, pertinent et d’utilité sociale pour tous les enfants ». Zohra Bitan (Ma6tévachanger) et Patricia Perdrizet lancent cet appel pour un Rassemblement des acteurs de l’éducation en janvier. Venu de la banlieue, cet appel constructif suscite déjà l’intérêt de nombreux acteurs de l’éducation. Rendez-vous est pris.
Le site du Rassemblement
http://www.rassemblementpourleducation.fr/