Comment concevoir et mener des situations éducatives qui prennent en compte le développement de l’enfant ? Peut-on, doit-on, accompagner les besoins du jeune enfant ou bien créer le besoin à l’école maternelle ? Comment faire apprendre et se développer tous les jeunes enfants dans une école maternelle respectueuse des étapes de leur développement ? Comment créer les meilleures conditions pour apprendre ? Ces questions sont au coeur des conférences et ateliers proposés par le GFEN le 30 janvier 2016 à l’occasion de ses 8èmes Rencontres Maternelle. Jacques Bernardin, Elisabeth Mourot, Christine Passerieux travaillent des questions qui touchent directement les enseignants de maternelle alors que s’installe un changement de perspective avec les nouveaux programmes.
Pour une lecture exigeante plus que bienveillante des nouveaux programmes
Jacques Bernardin, président du GFEN, revient en introduction de la journée sur la mise en place des nouveaux programmes qui se démarquent de ceux de 2008 (primarisation, excès de fiches, question de l’évaluation), programmes qui accentuaient le risque d’échec précoce selon le rapport IGEN de 2011.
Les nouveaux programmes opèrent des ruptures que Jacques Bernardin énonce : on réinstalle la GS dans le cycle unique de la maternelle, au niveau des principes la diversité des talents et des aptitudes est affirmée, et on pose le principe fondamental que tous les enfants sont capables d’apprendre et de progresser. C’est l’École qui s’adapte aux jeunes enfants, et on formule la reconnaissance de la diversité des élèves déjà porteurs de connaissances. L’évaluation se doit d’être positive sur ce qui va mettre en valeur le cheminement de l’enfant et ses progrès et enfin contre le forçage des apprentissages on considère la primauté de l’expérience.
Dans les textes on lit une insistance sur la coopération qui favorise les interactions entre les enfants, l’enseignant vise lui l’intégration dans une communauté d’apprentissage. Est affirmée l’importance de l’explicitation des enjeux, l’enseignant rend visible les exigences de la situation scolaire, fait acquérir des habitudes de travail . Pour une sollicitation accrue de la réflexion.
La place du langage pour s’exprimer, communiquer est réaffirmée mais aussi celle du langage pour apprendre à comprendre, réfléchir (fonction cognitive) et l’importance de la production d’écrits. Les nouveaux programmes réhabilitent aussi les activités physiques et artistiques, exposent les limites de la suite numérique pour construire le nombre comme substitut d’une quantité…
Ces nouveaux programmes ont fait débat, ont été réaménagés à la fois dans un souci de concentration des textes mais avec parfois des modifications d’équilibre. Il s’agit dans cette journée de revenir sur ce qui au-delà des « problèmes de virgule » pose des problèmes d’orientation, repris ici dans les ateliers.
Quelques questionnements en guise d’amuse-bouche
La bienveillance à l’égard des élèves… une évidence mais attention à ne pas tomber dans la compassion. En mathématiques en maternelle… fait-on des maths ou des pré-maths ? Quelles conquêtes viser, quelle approche ? Du côté des activités sportives : on bouge, mais apprend-t-on ? Et les arts visuels… le dessin est-il possible ? Souhaitable en maternelle ?
En conclusion
En conclusion à la journée, C. Passerieux cible les misions de l’école maternelle, contre une approche naturalisante des besoins des enfants, elle réaffirme que celle-ci doit créer des besoins, et que cette construction d’une nouvelle posture (le devenir élève) peut être très longue. « Les programmes prennent à bras le corps ces questions, toute prescription n’a de valeur, de force, d’impact que dans la manière dont elle est ébranlée par ceux qui doivent s’en emparer. » Comme l’enseignant qui doit enrôler ses élèves dans la tâche Christine Passerieux mobilise chacun des participants à la journée avec le parti-pris que chacun joue, à la place où il est, un rôle fondamental. Un seul mantra : « Enseigner demeure un métier, il faut le réaffirmer très fort. »
Lucie Gillet
Le programme
http://www.gfen.asso.fr/fr/8e_renc_maternelle_2016
Les Rencontres 2015
Et la suite…
GFEN : Elisabeth Mourot : Construire le désir d’apprendre
« L’école maternelle se doit d’acculturer les enfants à une autre relation aux objets du monde. Se détacher du particulier et commencer à construire du générique en expliquant, comparant, raisonnant ». Elisabeth Mourot (Paris 8 Escol) décrypte les implicites de l’école maternelle…
GFEN : C. Passerieux : Bienveillance ou not bienveillance ?
« Plutôt que de parler en terme de bienveillance, réfléchissons aux conditions qui permettent une réelle égalité d’accès aux connaissances ». Christine Passerieux anime un atelier aux Rencontres Maternelle du GFEN. Elle analyse le succès du terme « bienveillant » dans l’éducation nationale…
GFEN : Ateliers dessin et jeu
Et si pour jouer et gagner il fallait être altruiste ? C4est un des sujets évoqués dans l’atelier « je joue donc je pense » organisé lors des rencontres maternelle du GFEN le 30 janvier. UN autre atelier s’intéresse au dessin, une activité formatrice en maternelle.
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