Le descendeur social
» En France, chaque élection importante prend désormais l’allure d’un séisme et les milieux populaires font figure d’épicentre. Dans quelle mesure et surtout pourquoi? Ce livre est né de ces interrogations et des querelles d’interprétation qui ont logiquement suivi ces élections marquantes pour la démocratie française. Derrière ces votes « extrémistes », « populistes », « protestataires », est-ce un nouveau «vote de classe» qui surgit? Ces choix électoraux ont-ils leur source dans un antilibéralisme virulent, un social-nationalisme douteux, un racisme assumé? Expriment-ils du nihilisme ou de l’indifférence ? » L’ouvrage de Philippe Guibert et Alain Mergier est téléchargeable sur le site de la Fondation Jean Jaurès, proche du P.S.
Il est particulièrement d’actualité en période électorale. « Employés et ouvriers représentent environ un Français sur trois en âge de voter. Ils votent autant que les autres, quand l’élection est décisive. Et plus ils votent, plus le vote pour les extrêmes progresse.. Pourquoi, enfin ? Parce que leur vie quotidienne n’est pas seulement difficile, elle mine la confiance en soi comme la confiance dans les institutions. Pour les milieux populaires, les fondements de la société française sont dénaturés. Précarité, chômage, appauvrissement : ce n’est plus l’ascenseur social qui est en panne, c’est le descenseur social qui s’est mis en route, pour devenir une des règles de fonctionnement de la société. Comme la violence potentielle, qui se dissémine ».
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L’éducation à la citoyenneté écartelée par les défis des sociétés modernes
« La formation du citoyen est de plus en plus intégrée dans les missions de l’Ecole. Mais de quelle citoyenneté s’agit-il ? Quelle pertinence garde le concept de citoyenneté dans des sociétés modernes généralement analysées en termes de changement et de mondialisation, dans un contexte de remise en cause du modèle historique de l’Etat-nation et des formes de citoyenneté qui lui étaient associées ? » En ouvrant ce numéro 44 de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, Maroussia Raveaud pose une des contradictions qui posent problème à cet enseignement particulier qu’est l’éducation civique.
Ces contradictions sont magnifiquement mises en scène par les analyses qui composent le dossier, qui alternent points de vue nationaux et points de vue d’acteurs. En effet que pensent les élèves de l’éducation civique ? Stephen Gorard montre que les lèves ressentent un fort sentiment d’injustice à l’école ce qui l’amène à poser une question. « Comment un programme d’apprentissage de la citoyenneté comprenant les notions de justice et de démocratie pourrait-il efficacement être mis en place si les élèves eux-mêmes ne sont pas majoritairement convaincus que leurs professeurs sont généralement capables d’adopter untel comportement ?« . A l’autre bout, Géraldine Bozec et Sophie Duchesne mettent en évidence les contradictions des attitudes des enseignants. Ils mettent peu en avant la France plurielle et le multiculturalisme mais en même temps évoquent peu l’identité nationale.
Plusieurs exemples nationaux montrent comment l’éducation civique vient échouer sur les exigences sociales. Ainsi en Espagne l’instauration d’une éducation civique obligatoire d e10 à 16 ans se heurte à l’Eglise. « Paradoxalement », écrivent R. Jimenez Vicioso et J.C. Gonzalez. Faraco, « bien des raisons qui justifient une bonne éducation à la citoyenneté sont vécues dans les écoles comme des obstacles à son développement« . Certains drames survenus en classe ont augmenté les exigences en terme d’éducation civique. Mais les réponses apportées sont avant tout policières et en contradiction avec les valeurs défendues.
Ce numéro, qui comprend d’autres analyses nationales, ne révèle pas que des contradictions. Il souligne aussi les liens entre les attentes politiques et sociales et cet enseignement particulier. Des attentes qui peuvent heurter les valeurs de l’Ecole. Ce numéro est donc vivement recommandé non seulement à tous ceux qui enseignent l’éducation civique mais aussi à tous les acteurs de l’Ecole. http://www.ciep.fr/ries/ries44.htm
Les banlieues pèseront dans les urnes affirment deux chercheurs
« Le pourcentage de citoyens ayant accompli volontairement la démarche de s’inscrire en décembre 2005 est moins important qu’en décembre 2003 (50,42 % contre 60,22 %), a fortiori en ZUS (52,57 % contre 67,13 %). Mais il est, partout, nettement plus important qu’en décembre 2004 (+ 5,5 points de pourcentage en décembre 2005 par rapport à décembre 2004 hors ZUS et + 13 points en ZUS). C’est, ainsi, plus de la moitié des nouveaux inscrits de l’année 2005 qui s’est rendue à la mairie pour s’inscrire sur les listes dans le prolongement des émeutes, alors qu’aucun calendrier électoral ne l’y incitait ». L’étude de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, pour le Centre d’analyse stratégique, établit l’existence d’un réel sursaut civique dans les banlieues défavorisées (Zus). Plus que les jeunes adultes, ce sont les « grands frères » qui se seraient inscrits sur les listes électorales.
Leur étude révèle « l’exclusion électorale » dont souffrent ces quartiers. Un quart des électeurs ne seraient pas inscrits et plus d’un quart seraient « mal inscrits » c’est-à-dire hors de leur lieu de résidence. Une situation qui génère un fort taux d’abstentionnisme dans ces quartiers. Il faut dire aussi que parfois les communes font ce qu’elles peuvent pour freiner l’inscription de ces citoyens de seconde zone… L’étude