Recruter, former : des enjeux centraux
Pour rappel, le contexte actuel s’inscrit dans une réforme du concours de recrutement des enseignantes et des enseignants mise en place en 2022. « Entre 2013 et 2023, moins d’étudiants pour plus de personnels de l’éducation nationale parmi les lauréats des concours externes » relève la Depp (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance). Et si « la part des étudiants parmi les admis repart à la hausse pour l’ensemble des recrutements externes, [elle ne retrouve pas] néanmoins le niveau de 2021 d’avant la réforme, à l’exception du premier degré privé sous contrat ». La part des étudiants admis baisse dans le privé et le public, avec une tendance plus marquée dans le privé sous contrat. Depuis la rentrée 2017, « le nombre d’étudiants inscrits en Inspé en master Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) diminue » précise la Depp. Les admis aux concours sont plus âgés qu’il y a dix ans.
Des milliers de postes n’ont pas été pourvus aux concours : 3163 postes non pourvus en 2023 aux concours externes publics. La crise du recrutement et de l’attractivité des métiers reste un enjeu et défi majeur. La ministre Elisabeth Borne envisage une réforme de la formation.
23 800 candidats admis aux concours externes et internes
Selon le service statistique du ministère, 23 800 candidats ont été admis aux concours externes (19 000) et internes (4 800) de personnels enseignants. 20 100 candidats pour un concours de l’enseignement public (84 %), parmi eux 9 000 ont été admis à un concours de professeurs des écoles et 11 100 à un concours de professeurs des collèges et lycées. Par ailleurs, 3 700 candidats ont réussi un concours de l’enseignement privé sous contrat.
Neuf admis sur dix dans le premier degré sont des femmes
Dans le Premier degré de l’enseignement public, les femmes sont très largement majoritaires, aux concours externes et internes, et leur part s’accroit : 1 homme admis sur 10 admissions. Pour les concours du Second degré public, ce sont pour moitié des femmes pour le concours externe et un peu plus à l’interne (54% et 60%).
Une majorité admise par la voie du concours externe pour les concours du public
La majorité des admis le sont par la voie externe : 92 % des admis du premier degré et 77 % du second degré pour les concours publics et 84% dans le privé pour le Premier degré. Dans le second degré privé sous contrat, le taux baisse à moins de 50% (48%). Le second degré privé sous contrat recrute plus de contractuels par voie interne qui représentent 1 enseignant sur 5 depuis une dizaine d’années.
Près de la moitié des lauréats aux concours du publics issus des Inspé
Une majorité des lauréats des concours externes du public sont issus des Inspé : ils représentent 55 % des admis dans le premier degré et 61 % dans le second degré. 23 800 candidats ont été admis, dont 84 % pour des postes dans l’enseignement public.
« Les étudiants, principalement issus des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé), constituent l’essentiel des candidats des concours externes. La part des étudiants parmi les admis augmente sans retrouver le niveau de la session 2021 avant la réforme » écrivent les auteurs de la note.
Les lauréats des concours externes de l’enseignement privé sont minoritairement issus des Inspe selon la Depp : « Aux concours externes de l’enseignement privé sous contrat, la part des lauréats issus d’un Inspé est nettement inférieure à celle de l’enseignement public (20 % pour le primaire, 29 % pour le secondaire). »
Des lauréats plus jeunes dans le public, plus de reconversions dans le primaire et dans le privé
Près de la moitié des candidats (43 %) admis aux concours externes du Premier degré dans le public ont moins de 25 ans, contre 36 % dans le privé. Cette tendance se confirme également dans le secondaire, où 43 % des admis du public sont âgés de moins de 25 ans. Enfin, l’âge moyen des étudiants issus des Inspé est de 25 ans, soit 12 à 14 ans de moins que celui des candidats déjà en poste.
Aux Concours internes, environ 40% des candidats ont entre 40 et 49 ans. En dix ans, les admis aux concours enseignants sont en moyenne plus âgés, quels que soient le secteur et le niveau d’enseignement.
Des disparités selon les académies et entre le 1er et 2nd degré
« Les profils des lauréats varient d’une académie à l’autre. Aux concours externes de professeurs des écoles publiques, les cinq académies de France hexagonale qui affichent les plus fortes proportions d’étudiants Inspé parmi les admis (64 % ou plus) sont celles de Dijon, de Clermont-Ferrand, de Besançon, de Reims et d’Amiens. Dans les académies de Créteil et de Versailles, qui concentrent un quart des admis, le ratio s’établit à 37 % et 46 %. Le taux le plus bas est celui de l’académie de Mayotte (2 %). Dans ces académies, la part d’admis non étudiants est à l’inverse plus importante : huit sur dix à Mayotte, six sur dix à Créteil et un sur deux à Versailles. »
Pour les Capes externes, les profils sont également variables selon les disciplines. Plus de la moitié des lauréats (54%) sont issus de l’Inspe. « À l’agrégation externe, les élèves ENS représentent la moitié des admis pour les sciences industrielles de l’ingénieur » lit-on dans la note.
Des admis aux concours externes ayant déjà exercé
La Depp note une tendance depuis plus de dix ans sur une part grandissante d’admis aux concours externes ayant déjà exercé : « Depuis dix ans, les admis ayant déjà exercé sont proportionnellement plus nombreux que les étudiants admis aux concours externes. Le poids des candidats ayant déclaré déjà exercer des fonctions d’enseignement, d’éducation ou de surveillance s’accentue, davantage dans le secondaire (+ 6 points pour le public, + 7 points pour le privé sous contrat) que dans le premier degré (+ 2 points et + 1 point). La proportion de candidats ayant exercé une activité professionnelle hors éducation nationale se renforce pour l’ensemble des recrutements externes dans le premier degré ».
Dans le public, 16 % des recalés en 2022 et inscrits en 2023 ont réussi un concours externe.
Djéhanne Gani
