Alors que le Premier ministre faisait sa déclaration de politique générale, des manifestants ont battu le pavé mardi 1er octobre 2024. Lors de cette journée de mobilisation nationale intersyndicale et interprofessionnelle, ils ont réclamé partout en France des moyens nécessaires pour un service public de qualité, pour l’augmentation de salaires et l’abandon de la réforme des retraites de 2023. Pour l’école, les revendications portaient sur l’abrogation des réformes, notamment celle du choc des savoirs. Dans les cortèges, toutes et tous expriment une colère face aux attaques des gouvernements successifs du président Macron. Alors que la rue réclamait des moyens nécessaires, le discours à l’assemblée se concentrait sur la sobriété préfigurant un budget 2025 austère…
Le besoin de moyens
Pour le Secrétaire général de la FSU Benoit Teste, la journée du 1er octobre « est la première étape d’une mobilisation importante, à la veille d’un débat sur le budget, pour lequel on nous annonce des coupes sombres qui vont mettre en difficulté les agents et les usagers ». Dans le cortège parisien, l’intersyndicale du 93 rappelle l’exigence du plan d’urgence. Pour elle, « chaque année, l’État économise 846 millions d’euros sur le financement de l’éducation en Seine-Saint-Denis, au regard de l’investissement moyen par département. Les entailles envisagées sur le budget de l’éducation laissent craindre le pire dans notre département. »
A Lyon, les lycées de la banlieue Est déplorent dans leur communiqué de presse que « les inégalités d’accès aux droits créées par l’éloignement des services publics, voire leur destruction dans certains cas, aggravent considérablement toutes les inégalités sociales, délaissant ainsi toute une partie de la population. C’est un constat commun que nous faisons dans nos établissements relevant de l’éducation prioritaire. »
A Marseille, Nicolas Bernard Hayrault dénonce le « manque de perspective dans le budget et craint que le nouveau gouvernement n’entende pas ». Pour lui, « le budget doit prendre en compte les attentes des personnels du Ministère de l’Éducation nationale. De nombreux AED, AESH manquent dans les Bouches-du Rhône ». Dans un cortège dense, les grévistes expriment la demande de revalorisation des salaires de 10% comme d’un budget à la hauteur des enjeux.
Le besoin de moyens est exprimé de manière unanime pour les conditions d’apprentissage des élèves comme de travail et de vie des personnels. Les syndicats enseignants rappellent le besoin de moyens pour les élèves en situation de handicap, les AESH avec le maintien d’un statut précaire et sous-payé. Le contexte de pénurie de moyens matériels et humains avec la rigueur budgétaire ne devrait alors que s’aggraver. Les organisations syndicales revendiquent des créations de postes dans les établissements pour améliorer les conditions de travail et d’exercice des missions de service public.
Faire pression, faire comprendre le non au tri, non aux inégalités
Les manifestants soulignent leur opposition aux réformes du Choc des savoirs même si sa mise en place diffère selon les établissements et que la plupart ont refusé les groupes de niveaux. Anne-Marie, professeure de mathématiques dans un collège de Forcalquier manifeste et est en grève. Elle veut faire « pression au nouveau gouvernement sur le sujet de retraites, des salaires et la réforme de choc des savoirs. » La professeure dit sa « fierté de ne pas avoir trié les élèves de 6e et 5e » et « ne pas avoir oublié les réformes précédentes ». Si la mobilisation n’est pas immense, elle tient à préciser qu’il y a dans son établissement 80% de grévistes et seulement 100 élèves présents.
De l’assemblée à la rue, ce sont bien deux visions qui s’opposent… Au-delà des visions, l’École arrivée à point de bascule peut-elle se priver de moyens supplémentaires ? Les mots austérité, sobriété ne suffiront pas au budget de l’École.
Djéhanne Gani, Alain Barlatier