Une rentrée des professeurs sous le signe du choc du pouvoir
Cette rentrée est une rentrée sous le choc du pouvoir pour les personnels de l’Éducation nationale. C’est un choc du pouvoir pour celles et ceux qui vont devoir appliquer une réforme du collège qui va souvent à l’encontre de leurs valeurs et du sens de l’Histoire. La réforme du choc des savoirs, c’est le choc d’un pouvoir qui impose des réformes, sans aucune concertation avec les professionnels, les familles ou encore les organisations syndicales. Cette rentrée est un choc du pouvoir pour des personnels de plus en plus en quête de sens et en soif de reconnaissance.
Une énième réforme mise en œuvre sans concertation ni adhésion du terrain
Des réformes, des annonces, des polémiques, qu’attendre de cette 8e rentrée d’un gouvernement Macron ? Cette rentrée ouvre une année scolaire qui va mettre en œuvre une énième réforme non concertée, non discutée, non souhaitée par les équipes éducatives. La réforme du choc des savoirs est une réforme rejetée sur le terrain mais aussi critiquée par les chercheurs, que le gouvernement demande de mettre en œuvre à ses personnels.
Est-il nécessaire de souligner, sans s’attirer le reproche de raviver « la guerre scolaire » que les écoles privées sous contrat, pourtant financées à ¾ par l’État n’appliqueront pas la réforme. Ainsi, c’est encore une injustice au détriment de l’école publique, qui accueille tous les enfants de la République, sans sélection et davantage d’enfants issus de familles défavorisées.
Cette réforme est une attaque supplémentaire contre l’École publique, même si là aussi les mises en œuvre s’annoncent à géométrie variable sur le terrain.
A quand une réforme démocratique, à quand un changement de méthode et de vision ?
Un souhait : que l’École soit celle de nous toutes et tous, citoyens et personnels engagé.es en première ligne, et pour qu’elle le soit, il serait temps que les penseurs de la politique éducative, que le Ministère opère une révolution copernicienne. Il serait temps que la méthode de gouvernance et de prise de décision change. Car la verticalité du pouvoir, d’une décision unilatérale génère perte de sens, mal-être et souffrance professionnelle. Le choc d’attractivité dont le métier de professeur.e ou plus largement des métiers de l’éducation doit prendre en compte cette dimension du sens du travail, considérer réellement les compétences professionnelles de ses acteurs qui ne doivent pas être réduits à des exécutants (à qui l’on dicte une méthode labellisée, impose des réformes pédagogique). Mais pour cela, encore faudrait-il réunir deux conditions : une formation initiale et continue soutenue et une revalorisation des salaires. Aujourd’hui en France, les formations sont insuffisantes – et les placer sur des temps hors-scolaire ne les rendront pas plus attractives – et les salaires -inférieurs à la moyenne des pays européens- avec l’inflation provoquent un déclassement social des professeur.es.
Sans améliorer ces deux points, nul doute que l’École reste sous le choc d’un pouvoir, déconnecté des réalités et de ses besoins, urgents comme nécessaires.
A suivre…
Djéhanne Gani