57% des élèves ont eu au moins une action d’EAC en 2023-24
La Cour des comptes a mené une enquête flash auprès des DRAC et rectorats, et des collectivités. En 2023, les dépenses pour l’EAC représenteraient 3,5 milliards d’euros dont 2,6 milliards de masse salariale des professeurs (EN) et entre 520 et650 millions pour les collectivités. L’EAC a touché plus de la moitié des élèves (57%), majoritairement les collégiens pour 84% (74% pour les lycéens avec 15 points d’écart au détriment de la voie professionnelle par rapport à la voie générale et 39% pour les écoliers).
« La Cour constate que l’organisation actuelle de l’éducation artistique et culturelle laisse encore trop d’élèves de côté dans les établissements scolaires. Outre une difficulté particulière à mesurer l’effectivité des actions et des dispositifs dans l’enseignement élémentaire, leur mise en œuvre au collège et au lycée apparaît non seulement incomplète, mais source d’inégalités, notamment pour les jeunes issus de milieux défavorisés. En définitive, le déploiement de l’éducation artistique et culturelle dépend avant tout de l’implication et de la culture personnelles des enseignants. »
Des inégalités sociales et territoriales fortes
La Cour des compte relève aussi dans l’accès et la mise en place de l’EAC des disparités et inégalités entre type d’établissements, le premier et Second degrés, entre établissements mais aussi entre les classes d’un même établissement. Le rapport souligne également la difficulté dans le Premier degré d’une difficile articulation entre temps scolaire et périscolaire. Ainsi, 39% des élèves du Premier degré ont bénéficié en 2023 d’une action d’EAC selon les données de la plateforme Adage, 54% pour les élèves de Terminale professionnelle, 84% en Seconde générale et au collège.
L’inégalité et l’hétérogénéité de l’offre selon les collectivités territoriales sont également pointées en raison du frein que peut représenter le coût des transports comme l’inégal accès à la culture selon les territoires et l’inégal investissement ou mobilisation des collectivités en termes de moyens humains, matériels mis à disposition.
Un parcours obligatoire mais aléatoire selon les établissements
L’éducation artistique et culturelle relève de la « politique prioritaire du gouvernement » depuis 2017. En 2016, la charte stipule que l’EAC « contribue à la formation et à l’émancipation de la personne et du citoyen, à travers le développement de sa sensibilité, de sa créativité et de son esprit critique » dans un objectif de lutte contre les inégalités sociales et culturelles, et d’ouverture de l’école. Si le parcours est obligatoire, il n’y a pas d’heures dédiées dans l’emploi du temps des élèves hormis les heures d’enseignements artistiques. Pour le reste, cela repose sur la volonté et investissement des professeurs. Il note la présence d’un référent culture dans le 2nd degré qui peut coordonner. Le rapport indique que des établissements mettent en place par exemple un projet par niveau et que les projets relèvent des professeurs, « dans l’ensemble peu formés pour mettre en place projets et partenariats, leur mise en œuvre reste en définitive largement tributaire de la culture personnelle des enseignants, si bien que le parcours d’éducation artistique et culturelle des élèves est aléatoire ».
Les objectifs sont multiples et les acteurs nombreux : collectivités, établissements scolaires, acteurs privés, associations, opérateurs.
Une gouvernance insuffisante dans le cadre scolaire
Pour les rapporteurs, l’absence d’organisation systématique de l’EAC ne permet pas et ne garantit pas que chaque élève y ait accès : « la difficulté d’atteindre tous les élèves tient moins à un manque de moyens qu’à l’organisation générale insuffisante de l’éducation artistique et culturelle ».
Pour les rapporteurs, une difficulté pour atteindre la généralisation de l’EAC tient à une absence de pilotage et de cohérence dans les parcours. La Cour des comptes recommande de mettre en place à la rentrée 2025 un suivi des projets d’EAC, de développer la formation des enseignants et de former les artistes, d’organiser des parcours d’EAC pilotés par le chef d’établissement ou la direction d’école, de donner à chaque élève une attestation individuelle annuelle de son parcours EAC.
Djéhanne Gani