Revue de recherches en didactique du français, « Repères » consacre son dernier numéro aux évaluations institutionnelles, de plus en plus nombreuses et contraignantes. Le dossier en éclaire particulièrement les biais et perversions.
Kathy Similowski s’interroge par exemple sur la disparition de l’écriture de texte dans les évaluations nationales à rebours des recommandations de l’institution qui déplore le temps insuffisant consacré à la production écrite à l’école. Caroline Atallah et Marie-Armelle Camussi montrent combien les concours de recrutement eux-mêmes ont de fâcheuses conséquences sur la culture et les pratiques professionnelles des futur·es ensignant·es. Fort éloignée de l’esprit de recherche et de manipulation que préconise la didactique de la langue, la question de grammaire y privilégie l’autorité et l’étiquetage. Cela « présuppose un savoir exhaustif des caractéristiques d’une notion, un rapport normatif à la langue plus que de réflexion sur la langue ou de savoir-faire, un modèle d’enseignement transmissif qui risque de façonner l’enseignement à tous les niveaux, de l’enseignant du supérieur à l’élève du secondaire. » Dès lors doit être repensée la formation initiale des enseignant·es, triste « bachotage » des notions grammaticales à connaitre au concours : « L’enjeu est que les enseignants soient suffisamment en maitrise de la discipline pour développer, à leur tour, chez leurs élèves l’esprit de curiosité et la jubilation que peuvent prodiguer l’étude et la manipulation de la langue. À l’heure où l’on manque d’enseignants de français, miser sur la qualité de la formation au service de la maitrise et du plaisir d’enseigner est une des pistes, et pas la moindre, de la revalorisation du métier. »
Repères en ligne : « À quoi servent les évaluations institutionnelles ? »