« Nous, profs de France, rappelons que le premier devoir de celles et ceux qui prétendent gouverner la France est de protéger la jeunesse de notre République » écrit un collectif d’enseignant·es qui signe cette tribune pour le Café pédagogique. Un collectif qui demande aux gouvernants de ne pas diviser cette jeunesse et de ne pas introduire « des scissions qui ne font pas sens dans l’esprit des enfants de la République ». « N’instilliez pas des idées et des débats nauséabonds dans les cours d’école et les salles de classe. Promettez-leur au contraire un destin en commun fondé sur les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité ».
La posture de rejet des « étrangers » semble efficace électoralement. Pourtant, elle est non seulement simpliste, mais surtout fausse car totalement éloignée de la réalité de terrain. Modifier les conditions d’octroi de la nationalité française fait partie de ces idées qui sont hors-sol car elles font fi de ce qu’est la France d’aujourd’hui et de ce que notre République a prôné et consolidé au fil des siècles.
En tant que profs de France, nous côtoyons au quotidien la jeunesse qui incarne l’avenir de notre pays. La nation comme « plébiscite de tous les jours » nous l’observons dans les efforts fournis par les enfants de France pour progresser, se corriger, obtenir un diplôme et acquérir une place dans notre société. Actuellement affairés à faire passer les examens nationaux, nous occupons un poste d’observation particulièrement intéressant pour attester du visage réel de la France, celle d’aujourd’hui et celle de demain. Force est de constater qu’elle ne ressemble pas à celle dépeinte par les candidats aux législatives qui soutiennent la suppression du droit du sol.
Trop englués dans des considérations ethniques et racistes, ces candidats nourrissent le « séparatisme » qu’ils prétendent combattre. Proposer l’abandon du droit du sol cible de façon injuste les « étrangers » et elle arrime les enfants de France à leur passé plutôt que de les embarquer dans un futur commun.
La République française permet jusqu’à présent aux enfants nés sur le sol français dont les parents sont étrangers d’acquérir la nationalité à partir de 16 ans (13 ans sur demande anticipée). Pour être Françaises et Français, les enfants de la République doivent démontrer leur volonté d’y trouver leur place et c’est ce qu’ils font dès l’école. C’est ce message d’intégration si précieux envoyé à la jeunesse de notre République qu’il est fondamental de préserver.
Nous, profs de France, rappelons que le premier devoir de celles et ceux qui prétendent gouverner la France est de protéger la jeunesse de notre République. Ne la divisez pas, n’introduisez pas des scissions qui ne font pas sens dans l’esprit des enfants de la République. N’instilliez pas des idées et des débats nauséabonds dans les cours d’école et les salles de classe. Promettez-leur au contraire un destin en commun fondé sur les valeurs de la République : Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité. Ne trahissez pas l’esprit de la République française, faites honneur et respectez l’histoire de France en ne vous asseyant pas sur ses fondements les plus précieux dont le droit du sol est un élément crucial.
Nous, profs de France, croyons en l’idée que la République française est fondée sur une communauté de destin. Les enfants de la République nous les connaissons, y compris leurs travers, leurs égarements, leurs questionnements parfois obscurcis par des idées éloignées des valeurs républicaines. Nous ne sommes pas dupes ni inconscients du fait que le comportement des jeunes n’est pas irréprochable. Nous nous nous démenons d’ailleurs pour les conduire vers un avenir commun dans le respect des valeurs de la République. Et nous rappelons que la France est leur référence puisqu’ils la vivent depuis leur naissance.
Nous, profs de France, défendons la promesse républicaine qui est d’offrir aux enfants de la République, quelle que soit leur origine sociale ou géographique, les mêmes conditions d’études et les meilleures conditions de vie possibles. C’est ce que permet l’École de la République au même titre que l’ensemble de nos services publics, de même que l’octroi de prestations sociales et d’une protection sociale de qualité qui fait la fierté de la France. Le projet de suppression du droit du sol sape tous nos efforts à nous, membres du service public investis en métropole et dans les outremers, dans les centres-villes et leurs périphéries tout autant que dans les zones rurales, pour construire ensemble la France de demain sur les fondements de nos valeurs républicaines.
Nous, profs de France, exigeons le respect de la République française. Nous refusons d’avoir à différencier les élèves en fonction de la nationalité de leurs parents ou grands-parents et réclamons à nos gouvernants : ne touchez pas aux enfants de la République !
Collectif d’enseignant·es aux quatre coins de la République
Premiers signataires
Ronan Crézé, Honfleur (14)
Margot Franczak-Chhlang, Bruay-la-Buissière (62)
Antoine Plancke, Saint-Laurent-du-Maroni (973)
Lesly Delsaut, Saint-Étienne (42)
Karim Boulouiz, Hérouville-Saint-Clair (14)
Rémi Loppinet, Lumbres (62)
Charlyne Félicité, Nantua (01)
Thomas Debarge, Paris (75)
Pascal Binet, Moûtiers (73)
Mona Zegai, Aubergenville (78)
Anne Saint Remy, Paris (75)
Julien Wind, Strasbourg (67)
Thibault Grumbach, Montauban (82)
Murielle, Le Roux, Brest (29)
Xavier Mouret, Colomiers (31)
Céline Barriaux, Lillebonne (76)