Quels sont les effets du coronavirus sur le système nerveux ? D’où vient l’hépatite B ? Quel avenir pour le chromosome Y ? Le numéro mis à jour de la Science en question est accessible à tous et exploitable en cours. Proposée par l’union des professeurs de physiologie, biochimie et microbiologie (UPBM), la publication de 87 pages se montre très précise et sourcée. Jean-Paul Brunet, professeur agrégé honoraire de biochimie Génie biologique, perçoit « les avancées technologiques telles que la biologie synthétique, la génomique, la protéomique et la bio-informatique devenues des composantes essentielles de l’enseignement des biotechnologies ».
Que trouve-t-on dans le dernier numéro de « La science en question » ? À qui s’adresse-t-il ?
Le dernier numéro de la « science en question » est consacré une nouvelle fois au SARS-CoV-2 s’attardant à l’infection du système nerveux central par le virus. Le virus peut en effet se déplacer à l’intérieur des axones des neurones. Plusieurs variants sont capables d’infecter le bulbe olfactif (sans forcément entraîner une perte d’odorat) et de gagner le cortex cérébral. Ce type d’infection peut conduire à une persistance du virus dans le système nerveux central et pourrait provoquer certains symptômes persistants caractéristiques du Covid long.
Cet article assez simple est exploitable à la fois avec des élèves de terminale STL – Biotechnologies ou des étudiants de BTS (Biotechnologies, Analyses biologiques..) ou BUT. Il concerne une maladie dont on parle encore beaucoup actuellement !
En quoi la place des femmes est-elle mise en avant ?
Les femmes ont joué un rôle crucial dans le domaine des sciences à travers l’histoire, bien que leur contribution ait souvent été sous-estimée ou négligée.
Plusieurs articles de la « science en question » sont consacrés à des « femmes de science ». Certaines ont été « oubliées » et il est important de leur redonner leur place : c’est le cas dans la « Science en Question » de Rosalind Franklin, la vraie découvreuse de la double hélice de l’ADN (numéro 13) et de Marthe Gautier qui découvrit la trisomie 21 en 1958 (numéro 57). Dans les deux cas, ce sont des hommes qui s’étaient approprié leur découverte (Watson et Crick dans le premier cas et Raymond Turpin dans le deuxième.)
Comment ces articles précis peuvent-ils être exploités en classe ?
Il existe plusieurs façons d’exploiter les articles de la « Science en Question » en classe, en fonction du niveau des élèves ou des étudiants.
Pour les plus curieux, un petit jeu accompagne chaque article : il s’agit plutôt d’une petite devinette (une question avec trois propositions de réponses, la bonne réponse étant publiée et justifiée dans l’article du numéro suivant). Le numéro 63 présente les vingt prix Nobel attribués dans le domaine de la virologie avec leurs travaux : un jeu « Qui suis-je ?» consiste à retrouver (avec des indices) qui a obtenu chacun des prix Nobel.
Mais il y a beaucoup d’autres façons d’utiliser les articles étant donnée leur variété et leur diversité. Par exemple, on peut demander aux élèves de rechercher dans le fascicule des informations sur une maladie donnée ou sur son mode de transmission : on peut cibler les maladies virales (beaucoup d’articles y sont consacrés), les infections bactériennes ou parasitaires. Dans d’autres domaines, on peut demander aux élèves de résumer des articles (ou au contraire de les développer) : l’article sur la production de la viande in vitro (les élèves faisant eux-mêmes de la culture cellulaire au laboratoire) peut être l’occasion d’un débat sur l’avenir de la planète. Un article évoque le confinement et la quarantaine au Moyen Âge : c’est l’occasion de comparer la gestion des épidémies avec celle du Covid.
Un numéro spécial (N°66) est consacré à l’histoire des biotechnologies : il peut aussi être étudié en classe en demandant aux élèves de développer les biotechnologies par « couleurs » : biotechnologies « rouges » « bleues » « vertes » et « jaunes » avec des exemples d’applications.
Quel regard avez-vous sur l’évolution de l’enseignement des biotechnologies en France ces dernières années ?
L’enseignement des biotechnologies a connu une évolution significative au fil des années, reflétant les progrès rapides dans ce domaine dynamique : les biotechnologies sont devenues une composante importante des programmes éducatifs à différents niveaux, de l’éducation secondaire à l’enseignement supérieur. Les établissements scolaires ont inclus des cours spécifiques sur les biotechnologies ou les ont intégrées dans des matières telles que la biologie, la chimie ou même l’informatique. L’enseignement des biotechnologies s’est éloigné des méthodes d’enseignement traditionnelles axées sur la théorie pour adopter une approche plus pratique et expérimentale.
Les étudiants ont désormais accès à des laboratoires équipés pour réaliser des expériences directes, ce qui renforce leur compréhension des concepts et des techniques biotechnologiques. Les biotechnologies étant un domaine multidisciplinaire, leur enseignement intègre des concepts provenant de divers domaines tels que la biologie, la chimie, la physique et l’informatique. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la théorie, l’enseignement des biotechnologies met désormais davantage l’accent sur les applications pratiques et les implications éthiques et sociales de ces technologies. Les étudiants sont encouragés à explorer comment les biotechnologies peuvent être utilisées pour résoudre des problèmes du monde réel, tels que la santé et l’environnement.
Les avancées technologiques telles que la biologie synthétique, la génomique, la protéomique et la bio-informatique sont devenues des composantes essentielles de l’enseignement des biotechnologies.
Les outils et les plates-formes en ligne sont également de plus en plus utilisés pour faciliter l’apprentissage interactif et la collaboration entre les étudiants. : Les programmes d’enseignement des biotechnologies mettent de plus en plus l’accent sur la formation professionnelle et la préparation à la carrière. Les étudiants sont exposés aux compétences pratiques et aux exigences du monde du travail, ce qui les prépare à des carrières dans l’industrie biotechnologique, la recherche académique ou d’autres domaines connexes. En résumé, l’enseignement des biotechnologies a évolué pour devenir plus pratique, interdisciplinaire et axé sur les applications, reflétant ainsi les avancées rapides et les multiples facettes de ce domaine en constante évolution.
Propos recueillis par Julien Cabioch