Aurélie Badard est enseignante de Physique-Chimie. Contributrice régulière du Café pédagogique, elle a souhaité rendre hommage à son professeur de seconde, Michel Peiron, parti trop tôt, à l’origine de son amour de la discipline et de son entrée dans l’enseignement. Un hommage qui ne sera pas sans rappeler à beaucoup de lecteurs et lectrices ce professeur qui a changé leur destin. Un hommage qui rappelle aussi aux équipes pédagogiques qu’elles sont sans nul doute ce professeur pour au moins un élève…
Il y a des jours où mes doigts se déplacent frénétiquement sur mon clavier pour dire mon désarroi, mon incompréhension, ma colère … Le passage à l’écrit me permet, un peu comme un exutoire, de sortir de ce sentiment d’impuissance qui paralyse. Alors, quand les mots arrivent à exprimer mon désarroi, c’est un soulagement salvateur qui remplit le vide et ma conscience professionnelle, trop souvent malmenée, s’en trouve un peu rassérénée.
Aujourd’hui, je vais mettre mon indignation de côté pour vous dire mon chagrin et vous conter une petite histoire.
Il y a plusieurs dizaines d’années, j’étais en classe de 2de. Jeune fille au niveau plutôt très moyen, à la confiance en elle bien abimée, j’essayais de trouver tant bien que mal ma place. Cette année-là, j’ai eu la chance d’avoir un professeur de physique-chimie à part.
Cet enseignant souriant, à l’accent chantant, nous proposait un voyage : le voyage vers la découverte de sa discipline, mais aussi vers la découverte de nous-mêmes.
Il nous avait prévenus de suite que le voyage ne serait pas aisé, car la physique-chimie était une matière ardue, mais là où il avait la volonté, il y avait toujours le chemin. Il était là, à nos côtés, guide attentif, prêt à intervenir en cas de besoin.
J’ai appris avec lui l’importance primordiale de l’équilibre entre bienveillance et exigence.
En classe de terminale, j’ai retrouvé avec grand plaisir cet enseignant qui nous a expliqué patiemment qu’ensemble, cette année-là tout particulièrement, nous avions un but à atteindre. Il serait le premier de cordée, nous devions lui faire confiance et nous allions tester ensemble notre pugnacité …
Alors, j’ai appris, parfois dans la douleur, la nécessité de la répétition, j’ai appris les longues heures penchée sur un exercice imbuvable, j’ai appris le plaisir d’arriver à surpasser ses difficultés et à entrevoir enfin le sommet …
J’ai aussi appris que finalement, contre toute attente, j’avais de réelles capacités et que je pourrais m’en sortir, si je m’en donnais véritablement la peine.
Mais, ce que j’ai appris avant tout c’est que j’aimerais être pour les autres ce que ce grand Monsieur avait été pour moi et j’espère parfois avoir été à la hauteur de mon modèle.
Cet enseignant s’appelait, Michel Peiron. Il est décédé la semaine dernière alors je voulais lui rendre hommage, simplement lui dire MERCI de ma part et de la part de toutes les personnes qui ont eu la chance de le croiser sur le chemin …
Aurélie BADARD
Professeure de Physique Chimie