« Homme libre, toujours tu chériras la mer », proclamait Baudelaire : donc aussi le BIMer ? Pour préparer ce diplôme national de découverte du monde maritime, une plateforme, « bimer.education », accompagne les élèves et les équipes pédagogiques. La plateforme, nous explique Marc Le Gall, enseignant au lycée Vauban à Brest et formateur DRANE dans l’académie de Rennes, se veut participative : développée à partir du noyau libre de PIX, nourrie des activités et ressources proposées par toute une communauté d’enseignants voire d’élèves, elle propose un entraînement adaptatif, des parcours spécifiques, des cours sous la forme de Ressources Educatives Libres, c’est-à-dire que chacun·e peut consulter, copier, récupérer, modifier, enrichir. Présenté à la Journée Du Libre Educatif le 29 mars 2024 à Créteil, le projet lance une belle invitation : faire enfin de l’éducation, comme de la mer, un commun ?
Le BIMer est un diplôme encore méconnu : pourriez-vous nous le présenter ?
Le BIMer est un diplôme Éducation nationale d’acculturation maritime. Fortement inspiré du brevet d’initiation à l’aéronautique (BIA), il est développé à l’initiative du Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence – Industries de la mer – Bretagne, dans le but de promouvoir les métiers de la mer. Dès sa conception en 2019, il est imaginé autour de solutions numériques pour favoriser l’accès à tous.
Que vient valider ce diplôme ?
Le BIMer valide une formation ambitieuse comprenant 6 thématiques : description/construction de navires ; flottabilité/stabilité/sécurité ; mer et météo ; navigation/réglementation/sécurité ; espaces maritimes/milieu marin et enjeux ; anglais maritime.
Comment passe-t-on ce diplôme ?
La durée minimale de formation est de 40 heures à laquelle peut s’ajouter un temps consacré à des expérimentations ou du temps d’observation en milieu professionnel. Le BIMer est délivré à l’issue d’un examen constitué d’une seule épreuve sous forme de questionnaire à choix unique (QCU) entièrement organisée sous forme dématérialisée.
Pour préparer les élèves à ce diplôme, vous avez déployé la plateforme BIMer.education : de quoi s’agit-il ?
Étant donné la diversité des publics intéressés par ce diplôme, des élèves de 3e aux étudiants de classes post-bac, dans des zones maritimes ou pas, nous avons développé une plate-forme qui propose des activités adaptatives avec un suivi des élèves, dans le but d’accompagner les enseignants qui le souhaitent et ainsi favoriser le développement du BIMer dans tous les établissements scolaires de France métropolitaine et d’outre-mer.
Sur cette plateforme, à quels genres de questions peut-on se préparer ?
Les pistes sont variées pour travailler les différentes compétences et connaissances attendues : calculer sa position sur une carte marine, classifier et identifier un navire, repérer les espaces d’un navire et leurs fonctions, connaitre les règles de sécurité, les principes de flottabilité et de stabilité, utiliser des données météorologiques, éclairer les enjeux économiques ou géopolitiques, calculer les zones d’accumulation plastique dans les océans…
Comment les questions sont-elles élaborées ?
Les activités « brutes » ont été proposées, en partie, par l’équipe d’enseignants (une quinzaine) qui a travaillé à l’élaboration des cours. Ensuite la mise en ligne nécessite un travail d’ingénierie pédagogique assez conséquent afin d’adapter l’activité aux contraintes de la plate-forme PIX/BIMer.
Nous avons également développé une solution pour que chacun puisse proposer des activités : https:add.bimer.education.
Le but est de solliciter les professionnels de la mer, les enseignants des lycées maritimes, les enseignants BIMer, afin qu’ils proposent des illustrations et des activités à partir de situations réelles et motivantes. Et pourquoi pas impliquer également des élèves à la conception d’activités dans un domaine où il auraient acquis une certaine expertise ?
Quels usages de cette plateforme vous semblent envisageables ?
C’est une plate-forme d’autoformation adaptative qui permet à une multitude de profils d’élèves de découvrir chacun à son rythme, le monde maritime et ses métiers. Pour cela chaque élève inscrit dispose d’un compteur de BIMer qui s’incrémente au fil de ses activités, de l’ensemble des cours sur les 24 chapitres proposés sous la forme de Ressources Educative Libres, de l’ensemble des examens du BIMer en ligne sous la forme de QCM, d’un tableau de bord avec sa progression sur les 24 domaines à découvrir, de la possibilité de suivre un parcours ciblé défini par l’enseignant (Découverte des métiers de la pêche, 3e prépa métier …)
L’élève peut ainsi, à partir de bimer.education, préparer le BIMer en autonomie chez lui, à distance ou en classe avec un enseignant.
Pour les enseignants c’est aussi la garantie de pouvoir mettre en place des activités BIMer avec les élèves sans être forcément expert dans tous les domaines du programme BIMer.
Vous présentez cette plateforme à la Journée du Libre éducatif le 29 mars à Créteil : en quoi vous semble-t-elle incarner à sa façon la culture du libre et des communs éducatifs ?
D’abord, BIMer.education est développé autour de noyau libre de PIX.
De plus, tout utilisateur de la plate-forme à la possibilité de suggérer une modification de l’activité qu’il vient de réaliser, l’amélioration du dispositif au fil du temps devient ainsi contributive. Une gouvernance informelle en quelque sorte.
Enfin, les cours proposés, qui couvrent l’ensemble des 24 chapitres du programme, sont en ligne à la disposition des élèves et enseignants sous la forme de Ressource Educatives Libres, c’est-à-dire que chacun peut les consulter, les copier et les modifier, les compléter …
Quelles vous paraissent les perspectives de développement d’un tel projet ?
Un développement à l’international, avec une prochaine expérimentation en atlantique nord-ouest, à l’embouchure du Saint-Laurent ;-))
Propos recueillis Jean-Michel Le Baut
La plateforme bimer.education/
L’application add.bimer.education
Présentation du BIMer sur Eduscol
La Journée Du Libre Educatif 2024
La JDLE 2023 dans le Café pédagogique