À l’Assemblée nationale s’est tenu lundi 26 février un débat sur « l’école publique face aux politiques de tri social ». Plusieurs élus, responsables syndicaux, étaient présents ainsi qu’Annabelle Allouche, sociologue spécialiste de la question des inégalités sociales et la ministre de l’Éducation nationale, Nicolle Belloubet.
Interrogée par Fatiha Keloua Hachi, députée socialiste sur ce que l’on doit « proposer pour faire réussir nos élèves, quel que soit leur milieu social », Annabelle Allouche a déclaré être dubitative quant à la pertinence des réponses apportées par le gouvernement. « L’apport de la sociologie de l’éducation concernant les groupes de niveau est clair : la totalité des enquêtes réalisées en France et dans les pays européens, notamment en Grande-Bretagne, indique que les groupes de niveau ne font qu’amplifier les inégalités », a-t-elle déclaré aux membres de la commission. « De mon point de vue de sociologue, les réformes actuelles sont surprenantes et soulignent malheureusement le faible impact que nous avons en tant qu’universitaires. C’est en partie la raison pour laquelle je suis contente d’être ici. La condition indispensable pour que les groupes de niveau fonctionnent est l’existence d’espaces d’échange entre les enseignants en vue de permettre à ceux-ci de faire évoluer les élèves d’un groupe à l’autre. Cette condition n’est jamais remplie à l’école publique, quel que soit le système éducatif. En Angleterre, il est de notoriété publique que les groupes de niveau ne fonctionnent pas et qu’ils n’ont pas d’autre effet que celui de renforcer les inégalités ou d’effectuer un tri social qui peut être politiquement désirable aux yeux de certains ».
Des moyens supplémentaires pour les groupes de niveau ?
Nicole Belloubet, qui a déclaré s’inscrire dans « la continuité de ce qui a été fait depuis 2017, mue par l’ambition de contribuer à la réduction de ces inégalités scolaires et sociales », a défendu le projet porté par son prédécesseur. Selon elle, ces groupes ne sauraient aboutir à du tri social, « tel n’est absolument pas mon souhait ». « Je travaille au plus près du terrain afin que ce dispositif permette un meilleur apprentissage, mais offre aussi une certaine flexibilité pour que les élèves puissent faire des allers et retours entre leur classe hétérogène et les différents groupes correspondant aux séquences d’apprentissage ».
Elle a par ailleurs nié la mise en place de ces groupes à DHG constante – ce qui semble pourtant être la réalité dans les établissements. « Je tiens à préciser que nous avons procédé à une évaluation de l’impact de ce dispositif et que nous avons bien l’intention de donner aux établissements les moyens nécessaires pour le déployer – je n’imagine pas procéder autrement. Nous sommes encore en phase d’ajustement concernant l’attribution de ces moyens et je sais que certaines difficultés existent ». Rappelons tout de même que la rentrée, c’est demain…
Lilia Ben Hamouda
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