« Alors que l’exécutif vient de faire de l’activité physique une « grande cause nationale » à la veille des Jeux olympiques et paralympiques 2024, et que faire bouger les jeunes est devenue la priorité des ministères de l’Éducation et des Sports, il convient de s’arrêter un peu sur ce qu’implique cet enjeu pour l’École » écrit le SE-Unsa dans un communiqué de presse.
« À l’École, l’ambition de faire nation sportive s’est illustrée par la mise en place de deux dispositifs : les 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) dans le premier degré et les deux heures de sport en plus au collège. L’idée première est d’afficher la volonté de l’État d’agir sur l’École, et ce dès le plus jeune âge, pour donner à voir cette nation sportive toujours en mouvement. Quitte à brouiller le message en mettant au second plan la grande oubliée de l’opération : l’EPS.
Entendons bien que les deux ministères parlent systématiquement d’activité physique, voire de sport, mais jamais d’éducation physique et sportive. Or c’est bien cet enseignement obligatoire, porteur d’une dimension citoyenne, et celles et ceux qui le dispensent, les professeur·es des écoles et les professeur·es d’EPS, qui sont les garants de la transmission aux élèves du savoir être et du savoir vivre, et donc, par extension, du savoir bouger en sécurité ».
Le syndicat dénonce aussi les chiffres avancés par le ministère des Sports – 85 à 90 % des écoles auraient mis en place le dispositif des 30 minutes d’APQ. Selon le SE-Unsa, ils ne « reflètent absolument pas la réalité : infrastructures inaccessibles et/ou insalubres, cours de récréation peu ou pas adaptées à la pratique physique, manque de temps et de moyens alors que les professeur·es des écoles peinent déjà à assurer les 3 h d’EPS hebdomadaires, auxquelles les 30 minutes risquent à terme de se substituer ».
« Quant aux 2 h de sport au collège, dispositif qui consiste à libérer deux heures dans l’emploi du temps des élèves pour les inciter à aller pratiquer un sport en club, il ne concerne que 10 % des collèges de métropole et d’outre-mer, certainement situés à proximité de clubs sportifs, et ne s’adresse qu’à des élèves volontaires ayant déjà, pour la plupart, une appétence pour le sport qu’ils pratiquent régulièrement » déclare le syndicat.
« Si le ministère estime que les heures d’EPS sont insuffisantes dans le premier comme le second degré, qu’il mise donc sur le sport scolaire, autre grand oublié de l’affaire, animé par les enseignants et assurant une continuité de pratique et un lien fort avec l’éducatif. Donnons une chance à l’Usep, qui propose une offre qualitative et qui est très investie dans les 30 minutes d’APQ et la sensibilisation des enfants aux JOP, de se développer dans le premier degré, et offrons plus de visibilité à l’UNSS, seconde fédération sportive en France avec plus d’un million de licenciés et animée par des professeur·es d’EPS qui connaissent les besoins de leurs élèves et savent valoriser leurs efforts ».
Si le SE-Unsa ne conteste pas « la nécessité d’inciter les élèves à avoir une pratique physique régulière dès le plus jeune âge », il estime que « les dispositifs qui consistent à promouvoir le mouvement pour le mouvement, sans aucune dimension éducative, n’ont pas leur place à l’École ».