Pouvez-vous contextualiser ce projet ? D’où vient ce nom ?
Je voulais trouver un moyen de partager ma passion du cinéma, avec les élèves, le monde scolaire, le grand public. Les frères Lumière ont réalisé leur première projection publique à l’étranger à Alexandrie. Aujourd’hui, on ne parle plus des projections d’Alexandrie, on dit simplement « Les Bobines »… qui est un titre accrocheur, non ?
Peut-on en savoir plus ?
Cette manifestation se tient chaque année à l’automne, en partenariat avec l’Institut Français d’Alexandrie, avec le soutien de l’Université Senghor, et le parrainage de l’Institut du Monde Arabe. Sept films sont en compétition, soumis au jugement de trois jurys (composés chacun de sept membres) : élèves, étudiants de Senghor, et lycéens. Ces jurés bénéficient d’une journée préalable de formation pour réaliser au mieux leur mission.
Les élèves du lycée, dans la filière culturelle cinéma, ont des rôles actifs tout au long du festival. En tant qu’animateurs de l’atelier média-communication, ou participants aux masters class. Pour ces dernières nous invitons des réalisateurs. Depuis sa création, « Les Bobines Alexandrines » ont su rassembler des figures de renom, comme Laurent Cantet (décédé en avril 2024, lauréat de la Palme d’Or au Festival de Cannes 2008) pour notre première édition, Chad Chenouga (acteur, réalisateur et scénariste) nous a également fait le plaisir de revenir, ainsi que des réalisatrices comme Anna Novion, cinéaste de renom.
Quelles sont les spécificités de ce festival ?
Tous les films sont récents, et à l’affiche. Ils sont sous-titrés en arabe. Les élèves assurent toutes les traductions des divers moments d’échanges entre les professionnels et les visiteurs. Financièrement nous comptons essentiellement sur l’appui de l’Université Sanghor, de l’Institut, mais je tiens également à souligner le soutien inconditionnel du proviseur du lycée.
Nous donnons aussi leur chance aux artistes alexandrins. Ce sont notamment eux qui ont réalisé les affiches de très haute tenue de l’édition 2024. Le trophée 2025 sera réalisé par Thérèse Antoine Louis, sculptrice alexandrine.
La participation active des élèves leur permet de découvrir les coulisses du cinéma et de développer un regard critique sur les œuvres présentées et de développer des compétences organisationnelles, de prises d’initiatives et de responsabilités.
Quel type de public pourrions-nous y croiser ?
Toutes les classes du lycée sont conviées à assister à la projection de deux films. Les familles des élèves et le public alexandrin, viennent en nombre également. En 2024, environ 2300 personnes se sont déplacées pour assister aux évènements programmés. Le public est relativement jeune, trentenaires ou quadragénaires, qui profitent des « Bobines » pour découvrir le cinéma français.
Et cette année ?
En cette nouvelle édition 2024, Anna Novion était accompagnée de personnalités qui ont animé des échanges et discussions avec les élèves et le public alexandrin. Le festival intègre également les étudiants du département de langue et littérature française d’Alexandrie et ceux de l’Université Senghor. « Les Bobines Alexandrines », ce n’est pas seulement un festival de cinéma, c’est un moment de partage et de création où les jeunes d’Alexandrie peuvent côtoyer la culture cinématographique et s’approprier la pensée critique à travers le cinéma.
Pour l’an prochain, j’ai convaincu Carine Tardieu, réalisatrice du film L’attachement, sorti en salles en février 2025, de venir aux Bobines de l’automne prochain. Encore un beau projet en perspective.
Propos recueillis par Jean-François Liaudois et Marie Soulié
« Les Bobines alexandrines » sur le site du réseau mlfmonde
