Lundi 16 octobre, l’ensemble des écoles, collèges et lycées a rendu hommage à Dominique Bernard, trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty. Dans les établissements du second degré, les professeurs ont eu deux heures pour se retrouver, pour réfléchir collectivement à l’organisation de la minute de silence. Dans le premier degré, c’est sur la pause méridienne que les enseignants ont dû s’organiser. Tous et toutes ont accompagné leurs élèves à respecter ce moment solennel.
À plusieurs centaines de kilomètre de là, dans un lycée de Saint-Brieuc, la journée a commencé par la prise de parole du proviseur. Un IPR d’histoire-géographie était aussi présent. « On nous a demandé d’avoir une oreille attentive aux élèves sensibles et inquiets », nous raconte Pierre, professeur de mathématiques. « Beaucoup de collègues se posaient des questions sur comment répondre aux interrogations des lycéens. Et puis sommes-nous aptes ? ». L’équipe a aussi longuement échangé quant à la sécurisation du lycée. « Mais comment ? Nous avons des entrées un peu partout et près d’un kilomètre de périmètre ». La baisse des moyens a aussi été au centre des discussions. « Comment faire fonctionner l’école avec toujours moins ? ».
Du temps pour penser les mots
Dans ce collège d’Île-de-France, ils n’étaient pas nombreux en salle des professeurs à 8 heures. Pour autant, c’est collectivement qu’ils ont décidé de la façon d’aborder l’attentat de vendredi et la minute de silence. « On a écrit collectivement un texte à lire aux élèves lors de leur première heure de cours », nous raconte Elsa, professeure. « On voulait avoir une parole commune. Mais chacun était libre d’adapter ». Dans cet autre collège, à Grenoble cette fois, la démarche était sensiblement la même. « On ressentait le besoin de se retrouver, de partager, de se recueillir entre personnels avant de retrouver les enfants, les élèves » nous raconte Guillaume, professeur de FLE. « Il y avait cette nécessité de penser les mots justes que nous souhaitions communiquer aux élèves. Rendre hommage à Samuel Paty et à Dominique Bernard en expliquant avec simplicité la gravité des faits. Des hommes ont été attaqués, des personnels ont été attaqués, l’école a été attaquée… Mais nous voulions aussi, au travers de nos mots, rappeler aux enfants que l’école est là et sera toujours là pour les protéger, pour les aider à grandir ensemble, pour les aider à être libres… Être libre dans le recueillement également, en permettant à chacun d’y associer les victimes d’autres conflits, d’autres souffrances au travers du monde ».
À l’école primaire, les enseignants et enseignantes ont dû accueillir leurs élèves dès 8 heures. Certains encore déboussolés ont eu besoin de se retrouver avant comme dans cette école rep+ de l’Eure. « On s’est réuni une heure avant la classe, pour se retrouver, discuter, se préparer ensemble avant de recevoir les élèves », nous raconte Nathalie, directrice. « Notre école est classée Rep+ et accueille des enfants d’origines diverses. On voulait réfléchir ensemble à la façon de réagir si un gamin est réfractaire à l’hommage ». À l’ouverture des portes, chaque enseignant s’est retrouvé seul face aux questions de ses élèves. Mais l’après-midi, à 13h30, après un temps de préparation à la minute de silence dans chaque classe du CP au CM2, dans le calme, toutes les classes se sont retrouvées dans le hall de l’école. Nathalie a dit quelques mots pour marquer la solennité de l’instant. Puis, une longue minute s’est écoulée, les enseignants rendant un dernier hommage à leur collègue Dominique Bernard.
Lilia Ben Hamouda
