Philippe Meirieu : Ce que l’Ecole peut encore pour la démocratie
« Il faut parier que l’éducation peut encore quelque chose pour nous aider à avancer vers la démocratie ». C’est bien à un parcours que nous invite le dernier livre de Philippe Meirieu. Dans ce livre, qui est probablement le plus personnel, Philippe Meirieu n’assène pas de leçons de pédagogie. Il partage son propre parcours, jalonné de rencontres avec les grands pédagogues actuels ou anciens. Il évoque ses doutes. Mais l’ouvrage porte aussi ses convictions, toujours interrogées, et son espoir de voir l’Ecole aider à faire naitre un monde moins inégalitaire et moins dominé. Philippe Meirieu évoque ce parcours dans cet entretien donné au Café pédagogique.
Christian Maroy : L’école à l’épreuve du pilotage par les résultats
Alors que le ministère pousse, par exemple avec le Grenelle de l’Education et la nouvelle évaluation des établissements, l’Education nationale vers une forme de pilotage par les résultats, Christian Maroy, professeur à l’université de Montréal, décrypte 20 années d’application de la Gestion par les résultats (GAR) au Québec. Appuyé sur de nombreux entretiens avec des responsables du système éducatif et des enseignants, sur l’exploitation des textes et statistiques disponibles, Christian Maroy livre une oeuvre clé. Mise en place d’indicateurs de résultats, harmonisation de la notation, contrôles communs, contrats locaux d’établissements, communautés de pratique et visites de classe : tout concourt à rendre le travail enseignant plus visible et plus contrôlable. Tout amène à réduire l’enseignement en indicateurs chiffrés… Au final, le niveau des élèves n’a pas progressé. Mais l’Ecole est passée entre les mains des managers.
Yann Forestier : L’école en perspective
Peut-on synthétiser l’histoire de l’Ecole depuis la IIIème République et les plus récentes recherches en sociologie de l’éducation ? Yann Forestier, professeur d’histoire géographie et chargé de cours à Rennes 2, le fait avec « L’école en perspective » (L’Harmattan). De cette synthèse particulièrement limpide se dégage une vision de l’Ecole , de ses enjeux et de ses conflits. Rarement on aura eu accès de façon aussi claire et rapide à ce qui se joue aujourd’hui dans l’évolution de l’Ecole. Yann Forestier revient sur quelques uns des sujets traités dans l’ouvrage.
Quel avenir pour l’Ecole ?
Alors que l’Ecole sort tout juste d’une crise où elle a failli disparaitre, avec « Back to the Future of Education », l’OCDE nourrit la réflexion sur l’avenir des systèmes éducatifs. L’organisation propose 4 scénarios qui vont du maintien des écoles à leur disparition en passant par leur décentralisation totale ou une meilleure intégration dans la communauté locale. Ces scénarios, qui tous affectent le métier enseignant, rejoignent d’autres réflexions comme celle portée récemment par la Revue de Sèvres. On aurait tort de n’y voir que vues de l’esprit. Si personne ne connait l’avenir de l’éducation, si la crise sanitaire a démontré le caractère irremplaçable de l’Ecole, cette réflexion prend forme avec , par exemple, l’annonce du « nouveau métier enseignant » par JM Blanquer. L’heure du changement n’est plus éloignée ?
Sébastien Goudeau : Comment l’école reproduit-elle les inégalités ?
S’il est un défi pour les enseignants cette année, avec celui de durer, c’est de diminuer les écarts scolaires entre les élèves qui sont aussi des écarts sociaux. Or, malgré la prise de conscience des inégalités sociales à l’école et la mobilisation de nombreux enseignants, l’Ecole continue à reproduire les inégalités sociales. Comment comprendre cela ? Sébastien Goudeau, maître de conférences à l’Université Paris Descartes, aborde cette question sous un angle original, celui de la psychologie sociale. Un angle qui l’amène à remettre en question les explications données traditionnellement à la construction des inégalités et à proposer aux enseignants des situations pédagogiques à même de diminuer les écarts.
Choukri Ben Ayed : La grande pauvreté et l’école : Sortir de la fatalité
« Aujourd’hui ce ne sont pas les idées, les énergies ou les savoir-faire qui manquent pour faire face aux ravages de la grande pauvreté dans le champ éducatif. Ce dont nous avons besoin c’est d’une volonté collective d’en faire une priorité de l’action publique ». La publication de l’ouvrage dirigé par Choukri Ben Ayed est une bonne nouvelle. C’est un de ces livres que l’on attend et que l’on recommande. Il est aussi précieux par la façon dont il croise les savoirs scientifiques et les expériences d’acteurs de terrain. Si la grande pauvreté pèse lourdement sur l’Ecole (1.6 M d’élèves pauvres contre 1.2M en 2012), l’ouvrage montre des enseignants, des chefs d’établissement, des acteurs locaux qui ne baissent pas les bras et qui agissent. C’est cela le message de » La grande pauvreté et l’école : Sortir de la fatalité » (Berger Levrault) : on peut, on doit faire reculer les inégalités sociales à l’Ecole. C’est possible. Choukri Ben Ayed, qui dirige cet ouvrage collectif, explique comment.
Jérome Krop : Histoire des élèves en France
« Les élèves sont les grands absents de l’histoire du système éducatif ». Jérome Krop, Stéphane Lembré, Jean-François Condette et Véronique Castagnet-Lars publient deux volumes sur une terra incognita de l’éducation : les élèves. Deux volumes pour découvrir les logiques institutionnelles dans l’accueil des élèves et de leurs inégalités depuis le 17ème siècle, la sociabilité juvénile, le disciplinaire au quotidien, les engagements lycéens et finalement le rôle des élèves dans la construction de l’Ecole. Alors sujet ou objet dans l’histoire de l’Ecole ? Jérome Krop, maitre de conférence à l’Inspé de Lille, qui co-dirige le tome 2, fait le point sur une histoire qui reste à écrire.
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