« Le variant anglais introduit une nouvelle donne. On regarde ça au quotidien et c’est cela qui pourrait faire évaluer notre doctrine. Pour le moment ce n’est pas le cas ». Interrogé longuement sur RTL le 10 janvier, le ministre a fait surtout cherché à rassurer sur le risque sanitaire. Cela permet de faire passer son immobilisme alors qu’à l’évidence on ne voit pas pourquoi la très forte seconde vague présente chez nos voisins épargnerait le pays. Le ministre confirme qu’il n’y aurait pas de retour à la normale en lycée le 20 janvier et maintient les épreuves du bac en mars. Tout continue comme avant.
Autopromotion et chiffres miracles
« Quand on regarde ce qu’on a fait, c’étaient les bonnes solutions… Le milieu scolaire n’est pas plus contaminé que la société… Souvent on constate que la contamination des acteurs scolaires est liée à une activité en dehors de l’école… On a trouvé la méthodologie qui nous a permis de contenir la contamination inférieure au reste de la société. Sachons avoir de l’autosatisfaction collective ». JM Blanquer ne manque pas une occasion de faire de l’autopromotion et il l’a encore longuement fait le 10 janvier sur RTL.
A l’appui de ces propos les « bons chiffres » de son ministère sur l’épidémie dans les écoles et établissements. Il annonce 1958 élèves contaminés dans la semaine allant du 1er au 7 janvier. Le problème c’est que le ministère de la Santé, sur Géodes , annonce 7746 jeunes de 10 à 19 ans contaminés et 2677 de 0 à 9 ans sur cette même semaine soit plus de 4 fois plus. Avec une belle tendance à la hausse sur le site Geodes de la Santé alors que le ministère de l’éducation nationale montre une baisse par rapport à fin décembre.
Immobilisme
Mais plus que la reprise actuelle de l’épidémie c’est sa possible explosion avec la diffusion du variant anglais qui devrait faire réagir le ministre. Le virus est presque deux fois plus contagieux que sa version précédente. Il touche les jeunes autant que les adultes. Et il est déjà présent du nord au sud du territoire et de l’est à l’ouest. Tout cela devrait sonner l’alarme rue de Grenelle. Mais là aussi JM Blanquer se veut rassurant. Interrogé sur le cluster de Bagneux (92) (2 écoles et un collège), le ministre annonce « de premiers éléments rassurants » quand on lui demande pourquoi il n’a pas fermé préventivement ces établissements. Alors que l’Europe ferme partout ses écoles, la France prend donc le risque de les maintenir ouvertes, le ministre y mettant sa « fierté ».
Surtout le ministre semble penser que la prévention est uniquement la fermeture. Celle-ci pourrait bien s’imposer en France comme chez nos voisins très rapidement. Dans cette perspective le ministre aurait du déjà donné des instructions pour la préparer. On devrait avoir dans les écoles et les établissements des consignes sur ce qu’il faut préparer pour les élèves et sur les programmes. Des stocks d’ordinateurs et de clés de connexion Internet devraient être prêts pour les jeunes qui en ont besoin. Tous ces sujets ne sont même pas évoqués par le ministre. L’immobilisme continue.
La vaccination des enseignants reportée
Ainsi sur les épreuves du bac qui doivent se tenir au milieu de mars, JM Blanquer dit « qu’il est important de les passer en mars » à cause de Parcoursup. Au regard de ce qui se passe autour de nous les enseignants attendent des annonces sur un plan B qui ne viennent pas. Et c’est le 10 janvier sur RTL que JM Blanquer confirme que la réouverture en présentiel des lycées le 20 janvier « on devra revenir sur cela ». C’était pourtant clair depuis avant la rentrée.
JM Blanquer rend également plus floue la date de la vaccination des enseignants. Jusque là il avait évoqué mars, avril. Maintenant celle ci « aura lieu au 1er semestre » , ce qui peut repousser à fin juin. Rappelons que dans plusieurs pays les enseignants sont prioritaires (juste après le personnel de santé).
Une candidature bien préparée
Bien qu’affirmant vouloir rester ministre jusqu’en 2022, JM Blanquer est « tête de file » de LREM pour les régionales et il prépare sa candidature. Mais il se présente « contre personne », dit-il. Et surtout pas contre V Pécresse, la présidente LR du conseil régional d’Ile de France. « C’est important de construire des majorités d’idées » , dit le ministre. Surtout avec la droite. Là c’est parfaitement clair 6 mois avant l’événement.
François Jarraud