» Ce qui est en jeu dans les changements proposés par le conseil « supérieur » des programmes c’est en fait une conception des apprentissages scolaires qui « technologise » le processus d’enseignement en demandant aux enseignants d’être d’abord soucieux de « résultats ». La conséquence est qu’on « primarise » l’école maternelle et qu’on y développe des formes de travail qu’il conviendrait en réalité de faire évoluer autrement aussi à l’école élémentaire. Notamment il s’agit de travailler en fonction de la suite d’apprentissages davantage formalisés », explique Marc Bablet sur son blog. Il analyse la Note du CSP et montre en quoi elle se retourne contre les apprentissages et contre les enseignants.
» Tous ces éléments n’ont qu’un objet : tenter de justifier la modification des programmes de 2015 dans le sens voulu par le ministre c’est-à-dire exclusivement en fonction de sa conception des fondamentaux. Les recommandations qui suivent sur le langage ne portent pas sur le langage mais sur la langue comme il est habituel dans une conception technologique des apprentissages scolaires. Les recommandations concernant le nombre vont aussi faire de l’école maternelle une école de l’exercice et de la répétition. Les propositions pour les sciences commencent par une proposition typiquement blanquerienne : le retour aux leçons de choses qui ont un rassurant goût d’ancien pour les grands parents mais bien sûr on les appelle ici « leçons d’observation » parce qu’il faut « en même temps » faire du neuf ».
Il termine sur les évaluations qui pilotent cette réforme. » Mais le plus significatif de ce texte est qu’il termine chacun des sujets traités (langue, maths et sciences) par des formulations d’objectifs opérationnels qui doivent permettre de déboucher sur des évaluations de fin de cycle. Gageons qu’elle permettront de voir non tant ce que les enfants auront vraiment acquis que ce à quoi les enseignants, invités à agir de cette manière, leur auront enseigné, ou plutôt ce à quoi ils les auront entraînés du fait de cette conception de l’évaluation comme validation. Car d’ici à ce que les mêmes évaluations servent aussi à évaluer les enseignants eux-mêmes, il n’y a qu’un pas que ce ministre rêve sûrement de franchir. »