» Dans notre système scolaire actuel, les mathématiques servent à trier et à classer les élèves. Or, on sait aujourd’hui que ce tri fondé sur les maths est inégalitaire et pénalise plusieurs catégories d’élèves, notamment les jeunes les moins favorisés socialement et les filles. Comment ces inégalités se sont-elles installées ? Quelles formes prennent-elles ? » Sociologue (UCO), Clémence Perronnet enquête sur la prise du pouvoir par les maths et sur le sort qui a été fait aux filles. » Pour comprendre la situation actuelle des femmes en sciences, on peut utiliser la métaphore du « tuyau percé ». On utilise cette image pour décrire le fait que plus on avance dans les études et les filières scientifiques, moins il y a de filles. Les parcours, ou « tuyaux », sont sujets à des « fuites » à divers niveaux, et certain·es étudiant·es n’arrivent jamais à la dernière étape : une carrière en sciences. Ce phénomène s’observe dès la classe de 2nde et les premiers moments du parcours d’orientation. En 2018, 55 % des filles mais 75 % des garçons ont choisi un enseignement d’exploration scientifique. En classe de 1e, encore un peu moins de filles (31 %) que de garçons (39 %) choisissent le bac S et la spécialité maths (20 % contre 23 %). » Pour expliquer cette situation, C. Perronnet critique vertement la thèse du « manque d’assurance » des filles. » Plusieurs travaux ont montré que les femmes font l’objet d’un véritable processus d’exclusion des sciences. Dès leur plus jeune âge et tout au long leur éducation, on apprend aux filles qu’elles ne sont « pas faites » pour les maths et que tout ce qui relève du scientifique est résolument masculin. Cet apprentissage se fait tant à l’école que via les loisirs liés à culture scientifique ».
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