L’EPS fait réussir les garçons au détriment des filles ! Le dossier qui suit tente modestement de faire le point sur la situation des filles en EPS, et d’apporter différents outils d’analyses pour essayer de faire évoluer les pratiques et la situation actuelle.
Constat : Résultats des filles et des garçons en EPS !
Filles et garçons au bac : Le rapport de la commission nationale d’évaluation
Cette année encore, le rapport annuel, qui étudie les résultats aux examens (cap – bep – bacs) en EPS, met l’accent sur les inégalités entre filles et garçons. « Dans l’attente d’une réorganisation significative de l’offre de formation prenant mieux en compte les attentes et les appétences des filles, la commission nationale invite les commissions académiques à mettre tout en œuvre pour réduire l’écart entre les filles et les garçons ».
C’est que pour tous les examens l’écart entre les sexes est de 1 point de moyenne au détriment des filles. Le javelot, le pentabond, le volley, le tennis de table, le basket et le handball sont particulièrement négatifs pour les filles. Or justement, les épreuves les plus répandues sont le badminton, le volley, le demi-fond et le tennis de table.
La commission préconise donc une nouvelle liste d’épreuves : « la commission nationale préconise que la liste nationale subisse un renouvellement et soit composée des cinq binômes suivants : demi fond et badminton, demi fond et tennis de table, tennis de table et sauvetage, basket-ball et gymnastique, basket-ball et sauvetage ».
Le rapport
http://eduscol.education.fr/D0010/ressref.htm
Dans la même lignée, l’académie de Créteil s’interroge sur les possibilités pour assurer les mêmes chances de réussite aux filles et aux garçons au Bac.
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/09/i[…]
Réflexions
La construction des inégalités de réussite en EPS au baccalauréat entre filles et garçons, thèse de Cécile Vigneron en ligne
L’objet de cette recherche est donc d’examiner les écarts de réussite en EPS au baccalauréat, contradictoires avec les bons résultats scolaires des filles décrits par ailleurs. Il s’agit notamment d’analyser les mécanismes scolaires qui conduisent les filles et les garçons à ne pas développer un même type de motricité ou qui limitent les filles dans l’exploitation de leurs réelles possibilités physiques ». La thèse de Cécile Vigneron s’attaque avec efficacité à un tabou de l’éducation nationale : l’absence de parité et, au-delà sa participation à la fabrication des genres.
S’appuyant sur une enquête auprès de plus de 1000 élèves, elle montre précisément comment les pratiques scolaires pénalisent les filles en EPS. » Par les choix de contenus enseignés en EPS, conçus à partir d’une analyse asexuée des techniques sportives, par les effets d’attente et les représentations spécifiques des enseignants à l’égard des élèves des deux sexes, l’école accentue les écarts de résultats entre garçons et filles initialement constitués par les effets de la socialisation familiale et de l’environnement culturel ». Par exemple, dans les apprentissages l’accent est mis toujours sur l’attaque, les apprentissages techniques sont relégués, les filles confinées sur le terrain dans des espaces périphériques, le rôle des défenseurs dévalorisé etc.
Ce qui amène C. Vigneron à poser la question d’une éducation sportive équitable. » L’EPS doit-elle se construire à partir des pratiques sportives, majoritairement masculines, marquées par la compétition et l’affrontement sous couvert de leur universalité en n’ignorant pas que derrière la mondialisation des pratiques sportives se dresse aussi une commercialisation des pratiques masculines ou doit-elle souscrire aux aspirations spécifiques des filles et édulcorer les pratiques culturelles pour préserver les filles de la compétition, de l’agressivité voire même s’en tenir à l’enseignement d’activités sportives typiquement féminines ? Une troisième voie est proposée ici qui s’intéresse réellement au sujet qui apprend, qui cherche à extraire des pratiques sociales de référence des éléments essentiels mais surtout diversifiés. Ne pas prendre en compte les différences génétiques et culturelles des filles au nom d’une égalité affirmée c’est en définitive appuyer et encourager une inégalité de fait. Construire une équité dans le cadre de la mixité c’est transformer les représentations et la motricité de tous, sans mettre en place un enseignement à deux vitesses. C’est aussi concevoir que des savoirs différents puissent être d’égale valeur même s’ils ne prennent pas la même expression ».
http://tel.archives-ouvertes.fr/halshs-00005202/fr/
Ecarts de notation : Quelques hypothèses !
Francis Bergé fait ici une analyse des écarts de notation entre garçons et filles dans la Loire. Loin des explications classiques qui voudraient que les filles soient moins sportives, moins présentes dans les clubs et moins motivées. Il propose une analyse mettant en avant la nécessité de prendre en compte les différences génétiques et culturelles des populations filles et garçons, pour une plus grande équité. Deux hypothèses sont proposées : la différence des notes garçons/filles ne dépend pas des élèves mais des enseignants qui établissent ces notes ; l’écart des moyennes de notes des garçons et des filles dépend du degré de féminisation de l’équipe pédagogique.
http://www.inrp.fr/publications/edition-electronique/doc[…]
Dans la même ligné, voici un autre article de Francis Bergé : « les filles et les garçons, c’est différent ? »
ftp://ftp2.contrepied.net/contrepi/annexes/berge_mix_eval.pdf
Une EPS pour les garçons !
Au sein de cet article, Geneviève Cogérino présente une analyse surprenante au premier abord! En effet, il est évident de penser, que la réussite des élèves est différente selon la connotation masculine ou féminine d’une activité. A travers, ceci on peut logiquement présenter l’EPS comme masculine en raison de son lien étroit avec le sport, à travers ses valeurs d’affrontements, de défi, d’effort, de dépense énergétique. Et pourtant, nous proposons une multitude d’activités physiques avec des connotations différenciées, la gymnastique, le badminton, la danse, le football, la musculation, le volley-ball, la lutte, etc. Le paradoxe est alors frappant car les APS présentent une diversité de connotations et ainsi le traitement semble être favorisé et pourtant ce n’est pas le cas !
L’auteur présente alors différentes explications : la première montre que la grande majorité des situations proposées aux élèves, et ceci quelle que soit l’APS, met davantage l’accent sur un engagement « masculin » ; la deuxième montre que les interactions verbales et comportementales entre enseignants et élèves sont en faveur et/ou en direction des garçons ; enfin la dernière explication pointe le fait que les situations sont souvent très proches et ainsi « affiche » aux yeux de chacun les différences et le sentiment d’être moins compétent.
L’analyse se déporte du seul sujet pour mettre en avant que l’enseignant a également un rôle dans les inégalités de réussite des filles en EPS. Et Geneviève Cogérino de conclure « Pourquoi autant de différences entre l’EPS des filles et celle des garçons ? Mais : pourquoi si peu de différences dans l’enseignement de l’EPS occasionnent-elles autant de différences de réussite entre filles et garçons ? »
Bibliographie :
Cogérino G. « Quelle place pour les filles dans une EPS pour les garçons ? » Les cahiers pédagogiques n°441 (2006)
Cogérino G. (coord.) « Filles et garçons en EPS », Paris, Edition EPS (2005)
Les inégalités inter sexes en EPS : sont-elles perçues injustes chez les élèves de second degré ?
Vanessa Lentillon présente son étude, à travers la nécessité dans un premier temps de caractériser comment les élèves ressentent les inégalités objectives en EPS. L’objectif est alors de se centrer sur les différences inter sexes d’attitudes, d’injustices perçues en fonction de leurs schémas de soi lié au genre.
Les résultats montrent que les inégalités concernant la notation sont plus accentuées en EPS alors que les injustices inter sexe perçues au niveau du comportement de l’enseignant sont rares.
http://ep.inrp.fr/EP/colloques/colloque_repenser_justice/com[…]
L’EPS des filles
Voici le compte rendu d’une table ronde ayant eut lieu en 2005 dans l’académie de Créteil. De nombreux participants, d’une grande qualité, interviennent (Davisse, Volondat, Leblanc…) sur la différence de notation entre les filles et les garçons au Baccalauréat. Un document très intéressant !
http://eps.ac-creteil.fr/spip.php?article221
Les filles, les garçons, la mixité
Cathy Patinet nous propose un cadre théorique à travers 6 points :
Pourquoi interroger l’enseignement de l’EPS en prenant en compte le sexe des élèves ?
Que disent les programmes de la discipline EPS concernant la mixité ?
Difficultés et enjeux d’un enseignement en mixité
Sexe, genre, féminité, virilité. En quoi garçons et filles sont ils différents ?
Que disent les innovations et recherches sur l’EPS et la mixité ?
Quels indicateurs pour prendre conscience du problème ?
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/mixite/default.htm
Réfléchir à la mixité en EPS un défi professionnel à relever
Dans la continuité de la réflexion précédente, Cathy Patinet (groupe académique de réflexion sur les filles, les garçons, la mixité de l’académie d’Amiens) questionne le pourquoi d’une réflexion sur la mixité, et pourquoi peut on parler d’un défi professionnel à relever ?
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/groupes_acad/spip.php[…]
« Elles papotent, ils gigotent » Annick Davisse
L’incontournable article d’Annick Davisse, à découvrir ou à redécouvrir !
En effet, l’auteur met en avant la nécessité de prendre en compte les différences, et ainsi faire le deuil de l’égalitarisme pour tendre vers l’équité !
http://www.cndp.fr/RevueVEI/davisse116.htm
Intervention de Annick Davisse
Voici une intervention d’Annick Davisse intitulé « prise en compte de la diversité des publics dans un groupe mixte d’EPS : quels apprentissages possibles ? »
http://ww3.ac-poitiers.fr/eps/peda/assact/adavis.htm
Des propositions
Perspectives pour un changement ? Des exemples en sports collectifs
Cécile Vigneron présente une réflexion visant à percevoir quels sont les contenus proposés aux élèves lors des sports collectifs. Elle tente ainsi de vérifier se ces éléments prenaient en compte de manière équivalente les ressources des élèves des deux sexes ou s’ils s’appuyaient plutôt sur une analyse des conduites rencontrées chez les garçons. Ainsi, les situations proposées confinent les filles dans des rôles subalternes.
L’objectif est alors de proposer des contenus en sports collectifs qui transforment la motricité des filles, ainsi plusieurs pistes sont évoquées, notamment à travers la réappropriation des grandes fonctions motrices, le travail du duel, la maîtrise des gestes techniques ambitieux, le travail de la défense, du dribble…
Un document, pertinent et indispensable pour prendre en compte la place des filles en EPS à travers les sports collectifs !
ftp://ftp2.contrepied.net/contrepi/annexes/vigneron_propos[…]
Vers des pratiques innovantes
Le groupe académique de l’académie d’Amiens, nous propose une série articles proposant des traitements didactiques
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/groupes_acad/spip.php[…]
Rendre nos pratiques plus justes avec les filles de LP
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/groupes_acad/spip.php?article33
Equité et Acrosport
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/groupes_acad/spip.php[…]
Les filles de LP et le futsall
http://pedagogie.ac-amiens.fr/eps/groupes_acad/spip.php[…]
La mixité en Danse au collège
Comment allons nous vivre ensemble cette activité dans nos singularités, nos différences ?
Françoise Poulteau, nous propose différents axes de réflexion et des propositions, autour de la prise en compte de la mixité au collège en Danse.
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/EPS/spip/spip.php[…]
Mixité, coéducation en activités d’opposition
La mixité un enjeu social dans le vivre ensemble, et un enjeu d’équité dans la prise en compte différenciée des ressources. Oui, mais dans les activités d’opposition ?
http://webetab.ac-bordeaux.fr/Pedagogie/EPS/spip/spip.php[…]
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