Revalorisation
Revalorisation : Les discussions commencent mal
La première réunion sur la réforme des retraites et la revalorisation nécessaire des enseignants a eu lieu le 8 octobre entre le ministre, le haut commissaire aux retraites, M JP Delevoye, et les syndicats. Si le ministre se dit toujours favorable à une revalorisation c’est dans le cadre qu’Emmanuel Macron a fixé le 3 octobre. La revalorisation butte sur les exigences du « travailler plus ».
E. Macron lie la revalorisation à une hausse du temps de travail des enseignants
« Le passage au nouveau système (de retraite) pour le corps enseignant ne peut aller qu’avec la transformation de la carrière… dans toutes ses composantes ». Lançant la réforme des retraites à Rodez le 3 octobre, Emmanuel Macron a longuement évoqué le cas des enseignants. Après le discours sur les enseignants « lésés » par le futur système de retraite, le président de la République a détaillé ses intentions. Il a écarté l’idée d’une revalorisation immédiate des enseignants. Pour garder leur niveau de retraite, les enseignants devront accepter de travailler plus et de réduire leurs vacances. Cette évolution se fera sur plusieurs années. Mais où E Macron est-t-il allé chercher ces idées ?
Malaise enseignant
« En ton nom Christine »
Trois mille enseignants, parents, élus se sont rassemblés jeudi 3 octobre devant la direction académique de Seine-Saint-Denis à Bobigny. Ils étaient là pour témoigner leur émotion et exiger des mesures concrètes pour l’amélioration de leurs conditions d’exercice. Une foule compacte sur le petit parvis près des locaux académiques. Une foule en colère qui a scandé « Blanquer démission ». Sur la petite tribune installée pour l’occasion, des responsables de l’intersyndicale, du collectif de directeurs de Pantin mais aussi des parents élus ont pris la parole. Après une minute de silence à la mémoire de Christine Renon, Caroline Marchand co-secrétaire départementale du SNUipp-FSU 93 a lu quelques mots remis par le frère de la défunte…
Directeurs : Les syndicats s’opposent sur le statut
Jusque là les syndicats avaient fait front commun sur la réponse à apporter au suicide de C. Renon en demandant des améliorations matérielles immédiates pour les directeurs. L’annonce d’une proposition de loi sur le statut du directeur « chef d’établissement primaire » par la députée C. Rilhac, dont on connait la proximité avec le ministre, a fait éclater ce consensus. Le 7 octobre le Sgen-Cfdt rappelle sa position antérieure : le changement de statut des directeurs et la transformation des écoles en établissements publics dotés d’un chef d’établissement, position qui rejoint celle de C Rilhac.
Après Pantin : Quelles mesures pour les directeurs ?
Au lendemain de la manifestation du 3 octobre en mémoire de Christine Renon, le Snuipp 93, le Se-Unsa, A et i Unsa et le Snpi Fsu prennent position sur les mesures nécessaires. Alors que le ministre semble hésiter à imposer une réforme du statut des directeurs, ces organisations demandent des décharges de direction et des aides administratifs.
Directions d’école : JM Blanquer engage le débat avec les syndicats
A peine rentré et déjà à la peine. JM Blanquer a consacré beaucoup de temps, le 3 octobre, à tenter d’apaiser la colère résultant du suicide de C. Renon. Après des interventions maladroites dans les médias, où il n’a pu s’empêcher de remettre la responsabilité de la crise sur les journalistes, JM Blanquer a fait des annonces lors d’un comité technique ministériel. Pour résoudre la crise, il annonce un comité de suivi national et des groupes de travail dans les départements. Il s’engage à chercher le consensus avec les syndicats sur le statut des directeurs. Alors que la question du statut des directeurs oppose les syndicats, ceux ci ont réussi à s’unir dans leurs propositions. Les conditions d’un vrai consensus sont-elles réunies alors qu’à l’Assemblée s’engage une manoeuvre pour créer des chefs d’établissement du premier degré ?
Tribune : Yannick Trigance : L’après Pantin
Le suicide d’une directrice d’école de Pantin en Seine-Saint-Denis est dramatique. Il a légitimement suscité une vive émotion parmi ses collègues, et au-delà, au sein de toute la communauté éducative. Le temps du recueillement passé, celui du questionnement peut exister. Comment en est-on arrivé là ?
Enseignement : Diminuer les risques
L’European Agency for Safety and Health at Work se soucie de la qualité de l’environnement au travail. Avec l’internationale des syndicats de l’enseignement , elle publie des guides pour l’enseignement primaire et secondaire pour diminuer les risques pour les enseignants et tout le personnel. Sont notamment traités les risques pyscho sociaux qui sont devenus une préoccupation majeure à l’éducation nationale.
Chamalières : Dans quel contexte s’est suicidé Laurent Gatier ?
Professeur de commercialisation avec 27 années de carrière, Laurent Gatier s’est suicidé le 9 septembre. Selon son fils , son geste aurait à voir avec l’établissement . Il aurait laissé une lettre dénonçant le harcèlement au travail dont il aurait été victime. Son fils appelle à l’organisation d’une marche blanche à Clermont Ferrand le 12 octobre. Les syndicats Fsu et Unsa ont obtenu une réunion du CHSCT académique et le déclenchement d’une enquête dans l’établissement. Leur communiqué dénonce les « injonctions contradictoire ou inadaptées » et « les méthodes managériales » dont souffrent les enseignants. Le recteur a deson coté demandé une enquête de l’inspection générale.
Marseille : Un professeur suspendu pour solidarité envers un élève
Selon La Marseillaise, Mathieu Do Duc, un professeur d’anglais depuis plus de 30 ans au lycée professionnel Brochier de Marseille, est suspendu dans son lycée pour « trouble à l’ordre public ». Il avait exercé son droit de retrait pour protester contre l’expulsion d’un élève étranger. Un mouvement de grève a eu lieu dans l’établissement en soutien au professeur et à l’élève.
Directions d’école : Le CHSCT du 93 engage une enquête
Combien de temps pour améliorer les conditions de travail des directeurs ? Alors que les syndicats s’étaient mis d’accord sur des gestes immédiats, le ministre louvoie. La réunion du CHSCT départemental qui s’est tenue en Seine Saint Denis aboutit à pas grand chose si ce n’est au refus de responsabilité du rectorat dans la crise qui a mené au suicide de C Renon.
Les profs sont -ils à bout ?
« Toute la salle des profs s’accorde à dire que ce début d’année ressemble à un mi second trimestre ». Ce témoignage d’un enseignant sur Twitter en rejoint beaucoup d’autres. Il colle aussi avec les nombreux incidents depuis la rentrée : 3 suicides d’enseignants, des agressions filmées, des démissions rendues publiques. Les enseignants semblent au bout du rouleau, fatigués et pessimistes. Qu’en est-il réellement et comment l’expliquer ?
Hausse des contentieux à l’Education nationale
Le service juridique du ministère publie les données relatives aux plaintes portées contre l’institution scolaire. Avec 2701 recours en 2018 on enregistre une hausse de 8% des contentieux. Ils sont en hausse dans 19 académies avec parfois des hausses très fortes : Besançon +72%, Limoges +53%, Aix Marseille +39%, Guyane +38%, Rouen et Rennes +32% par exemple. 1216 demandes proviennent des enseignants, 329 des autres personnels de l’éducation nationale. Mais ce sont surtout les recours des usagers qui augmentent avec 935 recours en 2018.
Etranger
Enseignement français à l’étranger : Un plan décevant
Les ministres de l’éducation nationale et des affaires étrangères ont décliné le 3 octobre le plan de développement de l’enseignement français à l’étranger. L’enseignement français à l’étranger c’est 350 000 élèves, dans 500 établissements dans 135 pays. La grande majorité des établissements sont privés, parfois liés à de grandes entreprises, parfois associatifs, parfois les deux.. Un rapport de la Cour des comptes de 2016 avait mis en évidence une triple crise. Crise financière d’abord avec la baisse des subventions publiques et notamment l’annulation de 33 millions en 2017. Cette baisse intervient alors que les effectifs élèves augmentent et que le réseau doit se réorienter géographiquement et donc investir. Il y a aussi une crise des personnels avec la baisse des détachés de l’Education nationale. Enfin la Cour soulignait une crise de la prospective. En 2018, un rapport sénatorial soulignait les suppressions de postes liés à la baisse des subventions et demandait la sanctuarisation de la subvention publique. En 2019 un rapport conjoint des inspections générales de l’Education nationale et des affaires étrangères demandait de rétablir le versement de 31 millions et d’affecter un millier d’enseignants. Le plan présenté le 3 octobre apporte des décisions modestes. L’homologation des établissements sera simplifiée pour favoriser l’adaptation du réseau. L’Education nationale s’engage à détacher 1000 enseignants d’ici 2030 et à former les enseignants locaux grâce à m@gister. Enfin l’Etat versera 25 millions à l’AEFE en 2020.
Lycée
Les chefs d’établissement du privé inquiets des retombées de la réforme du lycée
« La réforme est faite pour économiser des moyens ». Vivien Joby, président du Snceel, le principal syndicat de chefs d’établissement du privé sous contrat, membre du comité de suivi, aime bien les réformes des lycées. Il en partage la philosophie. Mais pas au point de dissimuler les problèmes qu’elles posent. Le principal étant l’avenir des enseignants confrontés à une baisse de la dotation horaire. Mais le Snceel s’inquiète aussi de la mise en concurrence des établissements et pour beaucoup de la réduction de leur offre par rapport à l’ancien lycée.
Bac : Les épreuves du contrôle continu organisées localement
Comment faire passer le bac sans organiser de vraies sessions d’examen ? C’est toute la question posée par le projet de note de la Dgesco sur l’organisation des épreuves de controle continu au bac (E3C) général et technologique. La note renvoie la réponse à cette question au choix des proviseurs. Le Snes Fsu dénonce « la standardisation obligatoire des progressions pédagogiques » et les contradictions dans la logique même de ces épreuves.
Lycée : La grande inconnue du contrôle continu
« A ce jour, la plus grande incertitude règne ! Qui sait comment vont se passer les épreuves ? Certainement pas les personnels, qui comme les parents d’élèves, sont laissés dans l’expectative la plus complète ». Le Snes Fsu publie les résultats d’une consultation réalisée auprès d’un millier d’enseignants sur la première semaine d’octobre. Pour le syndicat, il y a trop d’impréparation du contrôle continu (E3C) pour que les premières épreuves aient lieu début 2020.
Sébastien Planchenault (APMEP) : Veut-on dégoûter les élèves de faire des maths ?
« L’année des maths » c’est l’enterrement des maths : une fête avant la mort ». La formule de Sébastien Planchenault, le nouveau président de l’Apmep, l’association des professeurs de maths, est forte. Elle souligne l’écart entre la célébration des maths au niveau ministériel et ce que vivent les enseignants sur le terrain. Sébastien Planchenault revient sur les réformes des lycées et les difficultés rencontrées par les professeurs au lycée et au collège.
Bac : Des élèves écrasés par la réforme ?
A quelques mois des jeux olympiques, l’administration de l’éducation nationale semble ignorer le cas des lycéens sportifs de haut niveau. C’est ce que dénoncent des enseignants des sections sportives d’Albertville, Moutiers, Villard de Lens et Passy. « Les élèves skieurs/snowboarders des Pôles France-Espoirs ont une scolarité aménagée (première et terminale en 3 ans au lieu de 2 ans) qui leur permet de mener à bien leur double projet sportif et scolaire. La promotion inscrite depuis 2018 dans les filières S et ES (et donc non concernée par la réforme) passera son Bac en juin 2021, ce qui tombe la même année que le premier nouveau Bac réformé », écrivent-ils.
Professionnel : Controle pédagogique des formations par apprentissage
Une circulaire publiée au BO du 3 octobre apporte des précisions sur l’ensemble du dispositif d’évaluation pour les formations en apprentissage conduisant aux diplômes de l’éducation nationale, ainsi que sur les attributions des corps d’inspection en matière d’apprentissage.
Education prioritaire
La géographie inégalitaire de l’école en France
Le lieu de résidence influe t-il sur les résultats scolaires ? Alors que le ministère prépare une réforme de l’éducation prioritaire visant la délabellisation sociale et à introduire les inégalités territoriales, la Depp (division des études du ministère) publie une Note sur la typologie des communes au regard des résultats scolaires.
Roubaix : Les difficultés dues aux enseignants?
Drole de rapport que le rapport interministériel sur « l’efficacité des politiques publiques mises en oeuvre à Roubaix ». Etrange rapport parce que, rédigé par les inspections générales de l’éducation nationale, de l’administration, des affaires sociales et de l’agriculture, il s’agit davantage d’une juxtaposition d’études que d’une synthèse. Curieux aussi par ses conclusions en ce qui concerne l’éducation qui toutes pointent les enseignants.
Privé
L’enseignement catholique entre financement des maternelles et éducation prioritaire
« L’entre soi n’est ni la solution ni notre vocation ». Pour sa conférence de presse de rentrée, le nouveau secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, a longuement insisté sur la volonté de l’enseignement catholique de rejoindre l’éducation prioritaire. Mais la principale nouveauté de cette rentrée c’est la prise en charge des maternelles privés par les communes grâce à la loi Blanquer. Sans chiffrer le montant attendu, l’enseignement catholique veut un financement identique à celui des écoles publiques.
Privé : Nouveau texte sur les congés et autorisations d’absence
Une nouvelle note de service publié eau BO du 3 octobre revient sur les congés, les disponibilités et les autorisations d’absence des enseignants du privé.
Numérique
Bruno Devauchelle : Où en est-on du BYOD ?
C’est au début des années 2000 que les téléphones mobiles vont commencer à élargir leurs fonctionnalités pour intégrer les fonctions offertes par les PDA (assistant personnels numériques) et ainsi accéder aux mêmes services par téléphone (3g 4g etc.) et par wifi. L’apparition de l’iPhone sur le marché en 2007 donne le signal de départ d’un mouvement qui va très rapidement transformer le paysage numérique global. La concurrence s’est très vite déployée et Apple a fini par passer derrière ses concurrents après avoir été dominant. Mais ce qui importe ici c’est la généralisation d’un objet technique aux fonctionnalités désormais relativement stabilisées et surtout son accueil positif par la totalité de la population, comme en attestent les enquêtes multiples disponibles. Dès 2013 le monde de l’entreprise et des organisations s’interroge sur la transformation des comportements des salariés dans leur usage de cet appareil dont ils disposent chacun à titre professionnel et le plus souvent personnel dans leur activité professionnelle. L’affaire « BlackBerry » et son histoire (plus ancienne) dans le monde des téléphones mobiles illustre bien les questions qui se posent. Alors que se multiplient les usages des matériels personnels, les entreprises s’interrogent sur l’hypothèse de demander aux employés d’amener et d’utiliser leurs propres appareils, c’est la naissance du Bring Your Own Device (BYOD, en français AVEC).
Bruno Devauchelle : Numérique : Quels besoins d’assistance ?
Dans la salle de classe, dans l’établissement scolaire, on parle souvent de maintenance et de formation et souvent sous le prisme du manque. Du côté des techniciens informatiques (de l’établissement, de la collectivité ou de l’académie) et des formateurs, on discute le périmètre et la forme de chacun de ces deux termes, sans toujours être convaincus du manque. Des deux côtés, les tensions s’expriment. Du côté des enseignants s’exprime une sorte d’incompréhension et de frustration au vu des difficultés rencontrées au quotidien. Du côté des formateurs et des informaticiens, une autre exaspération s’exprime, celle de voir nombre d’enseignants ne pas maîtriser suffisamment les moyens numériques et de demander constamment de l’aide et parfois de façon désagréable. Ils ressentent d’autant plus mal les demandes des enseignants qu’elles sont presque toujours en forme de reproche ou de réclamation. D’un côté comme de l’autre, il y a de l’incompréhension et un sentiment désagréable de ne jamais y arriver.