« On est sur une poudrière. Tous les ingrédients sont réunis. Il ne suffira pas d’un peu de pommade distribuée par le ministre. Il faudra des actes ». Pour Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, le premier syndicat du second degré, l’apaisement proclamé par JM Blanquer n’est qu’une posture qui ne saurait régler les problèmes réels (salaire, conditions de travail) des enseignants. Le Snes appelle les professeurs à se réunir en AG et envisage des actions en septembre.
On reçoit plus de coups que de caresses
« Il y a un décalage entre le discours à l’eau de rose du ministre et la réalité. Il est perçu par les collègues. Ce décalage va les énerver », prévient F Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, le 29 août en recevant la presse. Pour elle « les motifs de contestation sont là. Ils n’ont pas bougé d’un iota ». Le premier syndicat du second degré entend bien ne pas entrer dans la communication ministérielle.
Déjà les propos ministériels sur les 300€ de revalorisation des enseignants sont vivement contestés. « Jean Michel Blanquer vend le résultat des accords PPCR qui sont le fait du gouvernement précédent ». Le Snes rappelle le gel du point fonction publique, la hausse de la CSG, les 5 jours de formation obligatoire pris sur les congés. « On a plus reçu de coups que de caresses ».
Salaire et budget
Parlons de ce qui fait problème à cette rentrée. D’abord les salaires : « on n’attendra pas 2025 », prévient F Rolet, allusion au fait que le ministère lie une éventuelle revalorisation à la réforme des retraites.
Il y a ensuite le budget 2020. JM Blanquer annonce une « année blanche ». Mais il faudra des postes pour appliquer les mesures annoncées par Macron (24 élèves maximum de GS à Ce1 au primaire). « S’il y a des créations de postes dans le 1er degré il y aura donc des suppressions de postes dans le second ». Les mesures Macron devraient consommer 10 000 postes en 3 ans.
La fin du travail en équipe au lycée ?
Mais ce qui préoccupe le Snes à cette rentrée c’est la réforme du lycée. « Faire les emplois du temps est devenu très complexe » et de nombreux enseignants ne l’ont toujours pas. La réforme a appauvri les formations car dans de nombreux lycées les options sont sacrifiées. Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe, souligne les difficultés à organiser la vie des classes. « Il y aura un problème pour les enseignants pour travailler en équipe » car chaque classe aura beaucoup plus d’enseignants les élèves étant répartis sur des spécialités différentes. Autre problème : le casse tête du controle continu avec une évaluation permanente. Il faudra d’ailleurs produire des notes en plus pour les 10% de la note du bac.
Dans quelques jours le problème des retraites va s’inviter dans les établissements. Les simulations réalisées par le Snes montrent une nette chute des pensions avec la réforme.
AG convoquées à la rentrée
Tout cela justifie que le Snes se mette en action dès la rentrée. « On appelle les enseignants à organiser des assemblées générales dès la rentrée ». Le syndicat n’ira pas plus loin pourle moment . Mais des actions sur le climat et la retraite sont prévues en septembre. Comment le Snes s’y associera t-il reste à définir.
François Jarraud