« Je dirais au ministre qu’on est plus sur un divorce que sur un mariage ». La petite phrase de Jean-Rémi Girard, président du Snalc, en réponse au « petit pli à la robe de la mariée » évoqué le matin même par JM Blanquer, donne le ton de la journée de mobilisation réussie du 17 juin même si les épreuves du bac ont eu lieu partout. En fin de journée l’intersyndicale du 2d degré appelle les enseignants à décider en assemblée générale la poursuite ou non du mouvement.
Une grève nationale
» Cette grève est incompréhensible. Qu’elle soit le jour du bac n’est pas acceptable ». Sur France Inter, le 17 au matin, JM BLanquer dénonce « la prise d’otage du système » du fait de l’appel à la grève lancé par l’intersyndicale (Snes Fsu, Snuep Fsu, Snetap Fsu, Cgt, Cgt agricole, Sud éducation, Sud territoires, Snalc, Sundep, Cgc) pour le 17 juin, premier jour du grève. JM Blanquer ne comprend pas un mouvement alors que, selon lui « on a fait plusieurs mois de concertation ». Pour lui les syndicats feraient la fine bouche. « On dit « Il y a un petit pli a la robe de la mariée », explique t-il. Il se plaint d’une « agressivité décalée » de certains syndicats. Il annonce que les épreuves vont se passer normalement.
Pourtant ce qui ressort des dépêches c’est que la grève a une dimension nationale, avec des nombres de grévistes très variables d’un établissement à l’autre. A Toulouse, une AG des professeurs réunit un millier de personnes. A Pantin 70 enseignants sont réunis le matin devant le lycée Aubrac. Au lycée Bourdelle de Montauban, la surveillance est assurée par des étudiants, des inspecteurs et des personnels de direction, assure le Snes local. A Paris la manifestation réunit plus d’un millier de professeurs. Un groupe d’enseignants du collectif « Bloquons Blanquer » manifeste devant la victoire de Samothrace dans le musée du Louvre. Parfois ça se passe mal comme au lycée agricole de Montauban où la police évacue des grévistes manu militari.
Quel taux de grévistes ?
Le ministère annonce finalement 5% de grévistes dans le second degré et 0.5% dans le premier. Des chiffres démontés par M Piquemal dans Libération. « Les proviseurs ont convoqué les professeurs les moins susceptibles de faire grève… Les professeurs en lutte depuis des mois n’avaient pas d’obligation de service ce lundi. Or comment faire grève quand on ne travaille pas ? ».
Le taux réel de grévistes est évalué à 25 à 50%. « Il s’est passé des choses à peu près partout », remarque Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, interrogée par le Café pédagogique. « Le mouvement n’est pas le souci de quelques collèges. L’inquiétude est partagée », note-elle. Interrogé par le Café pédagogique, Jean-Rémi Girard, président du Snalc, estime que la majorité des enseignants est hostile à la réforme du lycée.
Un mécontentement plus vaste que la réforme du lycée
A Paris, dans la manifestation on distribue de faux sujets de philosophie du bac. « Communiquer est-ce dialoguer ? » ou « Peut-on économiser sur l’essentiel ? »… Interrogé par le Café pédagogique, Pierre Jean-Luc, professeur de SES à Vendoeuvre (54) est venu manifester à Paris contre le « plan social » qui frappe les ES du fait de la réforme du lycée. « Dans mon lycée on est trois . Quand je partirai en retraite l’année prochaine il n’y aura plus que deux professeurs de SES ». Pour lui la réforme « agrège les mécontentements liés au salaire, à la réforme de la fonction publique ». Le ministre « a tout fait pour en arriver là », à cette grève un jour de bac.
« Il va falloir que le ministre sorte de sa tour d’ivoire », nous dit F Rolet. « S’il ne fait rien on a des mouvements qui demandent la reconduction des actions ». Elle évoque la transformation du métier du fait du futur bac 2021 qui va transformer les enseignants en évaluateurs. « Le troisième trimestre sera utilisé que pour des évaluations », note-elle pour la 1ère et la terminale. « On voit tous les travers de la réforme dans les difficultés pour les élève à obtenir la spécialité demandée ». Du coup, pour elle, « le mouvement est durable. On ne peut pas continuer comme cela ».
François Jarraud