« J’ai eu des professeurs qui m’ont donné le goût et l’envie de chercher de nouvelles façons de faire ». Jeune TZR dans l’académie de Grenoble, Gaëlle Michaud s’est appuyée sur la comédie musicale pour mobiliser des élèves de 4ème et les faire travailler en autonomie. Une expérience qui s’appuie largement sur les outils numériques et qui a amené les élèves à « ajuster » leur rapport au travail scolaire.
Travailler l’écrit et l’oral
« J’ai moins demandé de travail à la maison et j’en ai davantage obtenu ». Ce paradoxe signe la réussite du projet mené par Gaëlle Michaud dans deux classes de 4ème de deux collèges quasi ruraux, à Taninges et Saint-Jeoire (74).
Le projet un peu fou de G Michaud c’est faire enregistrer en vidéo des chansons et bien sur en anglais, par les élèves en s’appuyant sur la comédie musicale Hamilton. Les élèves ont travaillé en groupe en s’appuyant sur des plans de travail. Ils ont d’abord recueilli de l’information à partir de sources écrites et orales. Ils ont du chercher des informations complémentaires, le tout en utilisant les tablettes du collège. Tout au long du projet ils ont navigué entre leurs sources, leurs créations et le padlet ouvert par G Michaud, accueillant aide, documents et consignes. Le suivi régulier des groupes en classe et à distance s’appuie sur un tchat fermé réservé à la classe.
Cette phase de documentation terminée, les élèves commencent à travailler la phonologie, l’intonation de la chanson qu’ils retiennent. « C’était le plus complexe pour eux », explique G Michaud. « Car les trois quarts des morceaux étaient du rap , parfois en anglais urbain ». Ils enregistrent a capela puis réalisent la vidéo et collent le son.
Un enseignement plus efficace ?
G Michaud voulait vérifier avec ce projet deux hypothèses. Ce type de travail est il plus motivant pour les élèves ? Est il aussi le plus efficace ?
« La manière d’aborder le travail à travers le numérique et des activités ludiques a eu un effet d’entrainement », estime G Michaud. Ca c’est très vite vu puisque le projet est allé beaucoup plus vite que prévu. « Les élèves ont tous fait quelque chose de sérieux malgré les difficultés. Ils ont donné 100% de ce qu’ils pouvaient. « Ils m’ont dit que ça les remotivait pour finir l’année ».
Sur l’efficacité , G Michaud est plus précise. « Il y a des choses que je changerais maintenant. Au début j’ai eu l’impression qu’on pataugeais avec notamment la prise en main des outils numériques et le temps que les élèves comprennent ce qu’on attend d’eux. Mais très vite ils ont terminé le plan de travail de chaque cours. Certains ont continué à la maison. Maintenant cela marcherait-il sur un temps scolaire plus long ? J e ne sais pas ».
Le projet a aussi un impact sur le professeur. « Je voulais changer mon rôle en classe. Et je voulais que ce changement vienne d’eux », dit G Michaud. Si dans un cours classique le professeur dirige tout, dans ce projet les élèves sont autonome dans le cadre de leur plan de travail.
« J’ai fait ce que j’ai pu pour qu’ils aient moins besoin de moi. J’a surtout été un guide, une aide ». G Michaud estime avoir eu de meilleurs résultats en laissant les élèves chercher l’information, la stocker, la travailler.
« Ca a changé ma manière de voir les élèves. Durant ces semaines j’étais en retrait. Je les ai observé davantage. On était dans la classe mais dans un contexte social différent. Je les ai vu travailler avec des camarades différents. J’ai davantage vu leurs difficultés et leurs besoins. C’était enrichissant ! »
Propos recueillis par François Jarraud