Alors que l’Assemblée nationale débat le 5 février de « l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine-Saint-Denis » et met en avant l’absence de rattrapage en faveur du département le plus pauvre du pays, alors que le ministre crée un nouveau type d’établissement scolaire pour l’élite, la Seine Saint-Denis devrait être le seul département métropolitain où les CE1 ne seront pas dédoublés à la rentrée 2019. Une exception dénoncée par Rachel Schneider, secrétaire départementale du Snuipp Fsu.
De la « priorité au primaire » à la baisse du nombre de postes…
« Chez nous l’objectif c’est 50% de réussite en Ce1 ». La formule a été trouvée par une enseignante à l’issue du Comité Technique Spécial Départemental (CTSD ) du 1er février. En effet, la Seine Saint Denis devrait être le seul département métropolitain où les Ce1 ne seront pas dédoublés à la rentrée 2019. Un nouveau CTSD convoqué le 8 février devrait confirmer cette décision.
Comment expliquer cette exception dans le département qui a le plus besoin d’un soutien de l’Etat en métropole ? En effet on compte près de 200 écoles en Rep+ dans le département et 300 en Rep. La rentrée 2019 devait voir les dédoublements appliqués dans les Ce1 des 300 écoles de Rep.
« A la rentrée on n’aura que 282 postes supplémentaires », nous confie Rachel Schneider. Depuis le changement de gouvernement, la « priorité au primaire » se traduit dans le 93 par un baisse des créations de postes. En 2018, la Seine Saint Denis avait pu compter sur 466 nouveaux enseignants. Et les 3 années précédentes, 500 postes avaient été abondés chaque année. Avec 282 postes supplémentaires en 2019 on arrive à absorber la croissance démographique (1393 élèves en plus attendus soit une cinquantaine de postes) mais évidemment pas les dédoublements annoncés dans les 300 écoles Rep.
Le retour des maitres +
« C’est dans le département qui compte le plus grand nombre d’écoles Rep qu’il est le moins urgent de mettre en oeuvre les mesures de dédoublement », remarque le Snuipp 93.
Comment ajuster ces données et ces instructions ? Le Dasen a proposé au CTSD une solution inattendue. Sous prétexte de ne pas imposer aux enseignants la co-intervention, il propose de ne pas dédoubler les classes dans les écoles où les locaux imposeraient la co-intervention. Dans ces écoles, il affecterait un maitre supplémentaire pour toute l’école, à charge pour l’école de dessiner un projet pédagogique. Autrement dit, le Dasen recrée des postes de maitres +, un dispositif pourtant décrié par le ministre et éradiqué dans plusieurs départements.
L’école Rep parent pauvre de l’éducation prioritaire
Pour le Snuipp 93, « l’école Rep devient le parent pauvre de l’éducation prioritaire ». Les familles constateront qu’elles sont les laissées pour compte de la République.
Pour les députés qui débattent de l’action de l’état en Seine Saint-Denis, plusieurs mois après le rapport Borloo, et pour les citoyens en général, on a là un exemple de terrain en ce qui concerne la « priorité au primaire », l’égalité des territoires et la politique sociale du gouvernement. Le ministre est occupé à créer, dans son projet de loi, un nouveau modèle d’établissement international pour les enfants de l’élite. Il ne peut pas tout faire…
François Jarraud