Papa veut que tu fasses du tennis. Maman de la musique. Tata du scoutisme. Mais tout cela profite-il à tes résultats scolaires ? C’est la question que pose Philippe Coulangeon (sciences po – CNRS) dans une nouvelle étude présentée au Liepp Sciences Po (Denis Fougère, Agnès Van Zanten). Basée sur un panel de 35 000 collégiens, il montre que ces activités ont un impact réel, sous certaines conditions, davantage pour certaines activités que d’autres. Tient-on là un des moteurs de la reproduction sociale et des inégalités à l’Ecole ?
L’exemple du premier degré
L’impact des activités extra-scolaires sur la réussite scolaire a déjà fait l’objet de plusieurs études. Pour l’école élémentaire, on pense à Sophie O’Prey qui a montré, en 2004, qu’au cours préparatoire 93% des enfants suivent au moins une activité (en général du sport). Son étude incluait des activités comme l’écoute de la télévision. Elle montrait bien des impacts différents selon la nature des activités mais concluait que ceux-ci étaient liés au milieu social d’origine. D’autres études internationales , citées par P Coulangeon, donnent des résultats contradictoires. Et les activités « extra-scolaires », qui vont du sport au scoutisme en passant par des activités culturelles, sont en fait souvent intégrées dans les établissements à l’étranger , ce qui n’est pas le cas en France.
Un travail neuf
C’est donc un travail neuf qu’apporte P Coulangeon. Il s’appuie pour son étude sur un panel de 35 000 collégiens entrés en 2007 en 6ème et suivis jusqu’en 2011. Le panel donne des informations sur le milieu familial, le nombre d’activités suivies et les résultats aux tests de français, de maths et à des tests de compétences cognitives et non cognitives ainsi qu’au brevet. A l’aide de régressions, P Coulangeon cherche à évaluer l’impact de ces activités sur les résultats scolaires et à voir dans quelle mesure elles participent à la reproduction sociale.
Un impact positif sur les résultats scolaires
Pour P Coulangeon, la participation à des activités extra scolaires a bien un impact positif sur les résultats scolaires. Celui-ci est même net aussi bien en français qu’en maths. Mais il observe aussi un effet de seuil : passé 4 activités il devient négatif. Au delà les activités empiètent probablement trop sur le travail scolaire.
Toutes les activités se valent-elles ? Selon P Coulangeon, les différences ne sont pas très significatives. Mais les activités culturelles semblent avoir un effet un peu plus fort que le sport. Se détachent en positif les clubs , souvent bien installés dans les collèges, et en négatif les centres de loisir et les organisations de jeunesse, comme le scoutisme.
Activités extra scolaires et reproduction sociale
Les activités jouent-elles un role clé dans la transmission du capital culturel des parents ? En français et e maths le fait de participer à des activités ne modifie pas significativement l’impact du statut social sur les résultats scolaires. Mais les activités extra scolaires restent un outil pour transmettre le capital culturel des parents. La participation à ces activités est plus liée au capital culturel que social.
Selon P Coulangeon, les enfants n’accumulent pas des compétences scolaires utiles en participant a ces activités. Mais ils acquièrent des compétences non cognitives. Et la participation a bien un impact positif. Aussi P Coulangeon propose de mieux intégrer ces activités à la vie scolaire afin de réduire les inégalités de réussite scolaire.
Mais l’exemple du premier degré montre que l’intégration physique dans un édifice scolaire ne signifie pas pour autant que les activités soient en phase avec les apprentissages scolaires, explique A Van Zanten, en se référant aux travaux de Julien Netter. Par contre ces activités participent à la préparation de l’identité de classe. Le choix de certaines activités socialement marquées préparent les enfants à intégrer des groupes de pairs exclusifs, ce qui est une préparation aux grandes écoles. Ces activités sont aussi des marqueurs sociaux maintenant intégrés dans les CV qu’exige Parcoursup.
En ce sens , participer à certaines activités extra scolaires est bien un investissement rentable à long terme des familles privilégiées. Les activités participent à la reproduction sociale.
François Jarraud