» Est-il normal que les évaluations nationales de Cp et Ce1 soient hébergées à l’étranger sur un serveur d’une entreprise du GAFAM célèbre par sa capacité à exploiter les données ? » demandait le Café pédagogique le 24 septembre après la découverte que ces données sont hébergées chez Amazon. Le ministère nous répond que » les évaluations nationales offrent toutes les garanties de protection des données personnelles des élèves ». Nous avons aussi interrogé le ministère sur la qualité scientifique d’évaluations qui sont passées dans des conditions très différentes d’une école à l’autre.
« Seul le professeur de la classe et la DEPP disposent des résultats individuels nominatifs des élèves », affirme le ministère dans sa réponse à nos questions. « Dès le début de l’opération, les élèves se voient attribuer un numéro d’ordre sans lien avec leurs noms, prénoms, classes et écoles, assurant ainsi l’absence des données à caractère personnel sur des serveurs externes. Seule la DEPP (division des études du ministère NDLR) peut associer ce numéro d’ordre à l’identité de l’élève ».
« Afin de protéger les données personnelles des élèves et de garantir leur présence uniquement sur ses serveurs, la DEPP a développé un service intermédiaire, permettant de présenter aux seuls enseignants, lors de la phase de saisie, la liste des élèves de leurs classes. Lorsque l’enseignant valide sa saisie, ce service garantit que les données transmises ne contiennent aucune donnée à caractère personnel. Seul le numéro d’ordre et le résultat de la saisie des réponses des élèves aux exercices sont envoyés sur la plateforme du prestataire OAT. Après traitement des résultats anonymes sur la plateforme d’OAT et sur spécification de la DEPP, le service intermédiaire est à nouveau sollicité pour permettre d’associer, de façon éphémère, au seul moment de la consultation par le professeur, le résultats de l’évaluation aux identités de ses élèves. Ceci permet au professeur de communiquer ces résultats aux familles ». Le ministère ajoute que « les bases de données sont encryptées, ainsi que tout transfert de données ».
Quant au choix d’Amazon, le ministère renvoie à un prestataire. « Pour héberger sa plateforme de saisie et de restitution des résultats, la DEPP a recours depuis 2016 à un prestataire : la société OAT… Cette société possède toutes les compétences pour développer et administrer une plateforme qui, à partir des spécifications de la DEPP, permet de gérer des évaluations massives sous forme numérique, impliquant de très nombreuses connexions simultanées. Cette entreprise loue des serveurs d’Amazon Web Services pour héberger la plateforme d’évaluation et permettre la connexion simultanée d’un très grand nombre d’utilisateurs. Les données nominatives sont uniquement stockées sur un serveur de la DEPP. Aucune donnée nominative n’est stockée chez OAT ou Amazon Web Services ».
Par conséquent pour le ministère, « les évaluations nationales offrent donc toutes les garanties de protection des données personnelles des élèves. »
Mais ces évaluations, passés avec des durées extrêmement différentes selon les écoles et probablement des saisies également variables, gardent-elles un caractère scientifique ? La réponse du ministère est beaucoup plus brève. « Il ne faut pas confondre le temps consacré à la passation des évaluations en classe et la durée effective de travail de chaque élève. Les instructions de passation fournies aux enseignants ont d’ailleurs bien précisé ce point. Le temps de passation comprend le temps consacré à la communication des consignes aux élèves, qui peut donc dépendre de la manière dont l’enseignant s’organise et le temps de travail effectif de l’élève. Ce temps de travail effectif correspond à la durée prévue pour réaliser chaque exercice. C’est à cela que correspondent les temps de 20 minutes pour chacun des trois séances de CP par exemple. Ce protocole de passation a été testé auprès d’un échantillon de 12.000 élèves et de leurs enseignants et adaptés en tenant compte de leurs remarques, notamment sur le temps de passation. Les instructions de passation permettent à l’enseignant de respecter ce temps effectif, qui est le seul scientifiquement significatif. » C’est bien là qu’est le problème…
François Jarraud