Marion Melix : Les SVT version comédie musicale
Professeure de SVT au lycée Paul Langevin de Suresnes (92), Marion Melix, anime aussi un atelier de comédie musicale. Sa chaîne YouTube « Melix SVT » compte déjà plus de 5000 abonnés. Son atelier « développe un fort sentiment d’appartenance ». En classe, elle n’hésite pas à laisser ses terminales faire cours à ses 1ères « et même parfois à corriger des copies ensemble ». Impliquée également dans des séjours dans les Alpes et à Stockholm, Marion Melix prône un « apprentissage horizontal ». Une autre façon de dire qu’elle vit son métier à 100%.
Que trouve-t-on sur votre chaîne YouTube ? Qui réalise les vidéos ?
La chaîne « Melix SVT » comprend des capsules vidéo de 5 à 10 minutes. Ces vidéos récapitulent les principaux chapitres du programme de terminale S et sont accompagnées de schémas réalisés avec Powerpoint, Paint ou disponibles sur internet. Le tout est animé par le logiciel VideoScribe.
Récemment j’ai décidé de m’affranchir du côté « formel » de mes vidéos et d’explorer un nouveau format alliant chant, danse, montage, animation et SVT. Ces vidéos sont réalisées avec mes élèves et même des collègues, et mettent ainsi en avant les compétences des élèves, notamment en dessin, montage et chant. Vous trouverez à l’heure actuelle sur la chaîne trois vidéos musicales : « La chanson des lymphocytes », « La chanson des ECE » et « Chantent les cailloux ».
Quels usages faites-vous avec vos élèves des vidéos avec les schémas-clés ?
Je ne diffuse que rarement les vidéos en cours. Une vidéo de 5 minutes ne peut pas se substituer à un cours de 2h au cours duquel on essaie d’allier notions théoriques, exercices, etc. Par contre, j’incite fortement ma classe à aller les regarder avant chaque devoir surveillé.
De plus, j’essaie de faire en sorte que la démarche développée dans mon cours et celle des vidéos soient suffisamment proches afin de garder la même logique dans l’apprentissage des notions. Ainsi, les élèves peuvent se remémorer plus facilement la séance concernée par la vidéo de révision.
Que fait-on dans votre club comédie musicale ? Pourquoi ce club ? Pour qui ?
Le club de comédie musicale Paul Dance (nom donné en rapport avec notre lycée Paul Langevin) est né l’année dernière mais n’a connu de véritable succès que cette année. Nous préparons un spectacle écrit par les élèves et moi-même. Les élèves m’aident dans l’écriture du script, je m’occupe de trouver les chansons et d’écrire les paroles.
Ce spectacle de fin d’année suit une histoire agrémentée de numéros chantés et dansés. Cette année, il s’agissait d’élèves perturbateurs enfermés dans un internat qui voulaient en sortir. Quelques collègues ont participé au projet cette année en montant sur scène, deux autres m’ont assisté dans la logistique et la mise en scène. J’espère les voir plus nombreux l’an prochain !
Ce club est né de ma passion pour les comédies musicales, passion que j’ai découverte chez certains de mes élèves qui m’ont aidé à lancer le club. Il compte aujourd’hui une trentaine de membres, de la seconde à la terminale. Nous nous retrouvons tous les jeudis pour chanter, danser, jouer la comédie. C’est un moment de détente et de convivialité qui permet d’aller au-delà de la relation professeur/élève classique, de leur laisser exprimer leur créativité et pour certains d’apprendre à surmonter leur timidité. C’est un excellent moyen d’intégration, et ce club a permis de développer un sentiment d’appartenance fort.
En quoi la musique peut-elle aider les apprentissages au lycée ?
Vous l’aurez certainement vécu : si une musique est entraînante, elle vous reste dans la tête et permet de se remémorer les mots clefs sans difficulté ! C’est le cas pour mes terminales S cette année qui ont retenu les principales notions du cours d’immunologie grâce à la chanson des lymphocytes. Ca me fait sourire quand je les entends chanter entre eux « Mes interleukines crachées par milliers t’ont fait te multiplier ! ». Je sais à 100% qu’ils le retiendront longtemps…enfin au moins jusqu’au bac !
Pensez-vous que la musique et la danse sont assez valorisées au lycée ?
Absolument pas ! Je ne trouve pas normal qu’il n’y ait pas plus d’options chorale, musique ou cours de danse par rapport aux lycées européens et américains qui comptent pour la plupart tous un « Glee club », un « music band », etc. Ce n’est pas du tout une priorité dans l’éducation en France. C’est bien dommage, il y a tellement de choses à partager en musique… J’ai eu l’occasion de réaliser un échange culturel au lycée de Stockholm avec mes classes de 1ère S deux années d’affilées : là-bas, la musique est au cœur de l’enseignement, et les élèves sont mêmes sélectionnés pour rentrer dans les cours de chorale.
Quels types de sorties réalisez-vous avec vos lycéens sur le terrain ? Pour quels objectifs en SVT ? En langues ?
Depuis deux ans nous organisons en SVT un voyage géologique dans les Alpes au mois de septembre sur 4 jours. C’est l’occasion pour les élèves de découvrir l’intégralité du programme de terminale sur les chaînes de montagnes sur le terrain, et d’éviter ainsi au maximum les mauvaises représentations que peut amener la géologie, qui est une discipline assez complexe à appréhender, en particulier au lycée. Dessiner une croûte océanique au tableau en leur disant qu’elle fait 10km d’épaisseur, et s’attendre à ce qu’ils se la représentent, c’est ambitieux…Autant aller marcher dessus directement ! D’ailleurs, la chanson « Chantent les cailloux » est né d’un projet que j’ai lancé suite à ce voyage : « Racontez nous le voyage dans les Alpes de la façon de votre choix : vidéo, diaporama, jeu, etc. ». A nouveau, une belle façon de retenir les principales étapes de la formation des Alpes en musique. Merci aux élèves qui ont eu cet éclair de génie !
Par ailleurs, en tant qu’enseignante en DNL SVT, j’ai pu participer à un échange linguistique avec Stockholm depuis deux ans, organisé par le professeur d’anglais et moi-même. Un moment extrêmement riche en rencontres, qui a permis aux élèves de gagner en autonomie en anglais. Cette année, nous avons visité le département de génétique de l’université Uppsala, où un chercheur français a sensibilisé les élèves à la recherche en leur parlant de son métier, son parcours, et en leur faisant faire un tour complet du laboratoire.
Comment voyez-vous l’enseignement dans les années futures ?
Je pense qu’il faut se sortir de la tête l’image du professeur « passeur de savoir ». Aujourd’hui, la connaissance est disponible à tous sur internet, facilement et rapidement, et nos élèves y ont accès en continu. Ils sont même beaucoup plus cultivés que nous sur certains sujets, il ne faut pas avoir honte de le dire ! A mon sens, le professeur devrait plus se positionner comme une « personne ressource » aidant à faire le tri dans les informations disponibles, à aider les élèves à acquérir un regard critique sur ce qu’ils lisent. Mais cela nécessite une formation adaptée aussi pour nous…qui nous manque malheureusement.
Dans mes classes, je demande souvent aux terminales de venir faire cours en première, ou aux premières de venir faire cours aux secondes, de m’assister en TP, et même parfois de corriger des copies ensemble. Non seulement cela crée des liens entre les élèves d’âges différents, mais ça les responsabilise. L’apprentissage se fait de façon « horizontale » : d’élève à élève directement, et non plus uniquement de façon verticale : du professeur aux élèves. J’aime beaucoup cette manière de fonctionner et je la recommande vivement aux autres professeurs. De plus, ça forme les élèves concernés à « l’après-bac » en leur apprenant à s’exprimer devant un auditoire, à répondre aux questions de façon réfléchie, avec la pression de ne pas transmettre de mauvaises informations aux classes plus jeunes…
Il ne faut pas avoir peur d’apprendre des élèves également : ce sont mes premières qui m’ont formé au montage, et je leur en suis reconnaissante, car je peux maintenant leur faire plein de vidéos souvenirs de l’année.
Quelle sera la prochaine vidéo ?
Côté musique, j’ai travaillé un rap de SVT avec un de mes élèves de terminale, mais nous n’avons pas encore eu le temps de l’enregistrer en studio du fait de la préparation du spectacle de comédie musicale de fin d’année. J’espère que cette vidéo verra le jour !
Entretien par Julien Cabioch
Un bijou pour les jours de déprime
La musique, une place à part en Education (Revue de Sèvres)
Professeure de SVT au lycée Paul Langevin de Suresnes (92), Marion Melix, anime aussi un atelier de comédie musicale. Sa chaîne YouTube « Melix SVT » compte déjà plus de 5000 abonnés. Son atelier « développe un fort sentiment d’appartenance ». En classe, elle n’hésite pas à laisser ses terminales faire cours à ses 1ères « et même parfois à corriger des copies ensemble ». Impliquée également dans des séjours dans les Alpes et à Stockholm, Marion Melix prône un « apprentissage horizontal ». Une autre façon de dire qu’elle vit son métier à 100%.
Que trouve-t-on sur votre chaîne YouTube ? Qui réalise les vidéos ?
La chaîne « Melix SVT » comprend des capsules vidéo de 5 à 10 minutes. Ces vidéos récapitulent les principaux chapitres du programme de terminale S et sont accompagnées de schémas réalisés avec Powerpoint, Paint ou disponibles sur internet. Le tout est animé par le logiciel VideoScribe.
Récemment j’ai décidé de m’affranchir du côté « formel » de mes vidéos et d’explorer un nouveau format alliant chant, danse, montage, animation et SVT. Ces vidéos sont réalisées avec mes élèves et même des collègues, et mettent ainsi en avant les compétences des élèves, notamment en dessin, montage et chant. Vous trouverez à l’heure actuelle sur la chaîne trois vidéos musicales : « La chanson des lymphocytes », « La chanson des ECE » et « Chantent les cailloux ».
Quels usages faites-vous avec vos élèves des vidéos avec les schémas-clés ?
Je ne diffuse que rarement les vidéos en cours. Une vidéo de 5 minutes ne peut pas se substituer à un cours de 2h au cours duquel on essaie d’allier notions théoriques, exercices, etc. Par contre, j’incite fortement ma classe à aller les regarder avant chaque devoir surveillé.
De plus, j’essaie de faire en sorte que la démarche développée dans mon cours et celle des vidéos soient suffisamment proches afin de garder la même logique dans l’apprentissage des notions. Ainsi, les élèves peuvent se remémorer plus facilement la séance concernée par la vidéo de révision.
Que fait-on dans votre club comédie musicale ? Pourquoi ce club ? Pour qui ?
Le club de comédie musicale Paul Dance (nom donné en rapport avec notre lycée Paul Langevin) est né l’année dernière mais n’a connu de véritable succès que cette année. Nous préparons un spectacle écrit par les élèves et moi-même. Les élèves m’aident dans l’écriture du script, je m’occupe de trouver les chansons et d’écrire les paroles.
Ce spectacle de fin d’année suit une histoire agrémentée de numéros chantés et dansés. Cette année, il s’agissait d’élèves perturbateurs enfermés dans un internat qui voulaient en sortir. Quelques collègues ont participé au projet cette année en montant sur scène, deux autres m’ont assisté dans la logistique et la mise en scène. J’espère les voir plus nombreux l’an prochain !
Ce club est né de ma passion pour les comédies musicales, passion que j’ai découverte chez certains de mes élèves qui m’ont aidé à lancer le club. Il compte aujourd’hui une trentaine de membres, de la seconde à la terminale. Nous nous retrouvons tous les jeudis pour chanter, danser, jouer la comédie. C’est un moment de détente et de convivialité qui permet d’aller au-delà de la relation professeur/élève classique, de leur laisser exprimer leur créativité et pour certains d’apprendre à surmonter leur timidité. C’est un excellent moyen d’intégration, et ce club a permis de développer un sentiment d’appartenance fort.
En quoi la musique peut-elle aider les apprentissages au lycée ?
Vous l’aurez certainement vécu : si une musique est entraînante, elle vous reste dans la tête et permet de se remémorer les mots clefs sans difficulté ! C’est le cas pour mes terminales S cette année qui ont retenu les principales notions du cours d’immunologie grâce à la chanson des lymphocytes. Ca me fait sourire quand je les entends chanter entre eux « Mes interleukines crachées par milliers t’ont fait te multiplier ! ». Je sais à 100% qu’ils le retiendront longtemps…enfin au moins jusqu’au bac !
Pensez-vous que la musique et la danse sont assez valorisées au lycée ?
Absolument pas ! Je ne trouve pas normal qu’il n’y ait pas plus d’options chorale, musique ou cours de danse par rapport aux lycées européens et américains qui comptent pour la plupart tous un « Glee club », un « music band », etc. Ce n’est pas du tout une priorité dans l’éducation en France. C’est bien dommage, il y a tellement de choses à partager en musique… J’ai eu l’occasion de réaliser un échange culturel au lycée de Stockholm avec mes classes de 1ère S deux années d’affilées : là-bas, la musique est au cœur de l’enseignement, et les élèves sont mêmes sélectionnés pour rentrer dans les cours de chorale.
Quels types de sorties réalisez-vous avec vos lycéens sur le terrain ? Pour quels objectifs en SVT ? En langues ?
Depuis deux ans nous organisons en SVT un voyage géologique dans les Alpes au mois de septembre sur 4 jours. C’est l’occasion pour les élèves de découvrir l’intégralité du programme de terminale sur les chaînes de montagnes sur le terrain, et d’éviter ainsi au maximum les mauvaises représentations que peut amener la géologie, qui est une discipline assez complexe à appréhender, en particulier au lycée. Dessiner une croûte océanique au tableau en leur disant qu’elle fait 10km d’épaisseur, et s’attendre à ce qu’ils se la représentent, c’est ambitieux…Autant aller marcher dessus directement ! D’ailleurs, la chanson « Chantent les cailloux » est né d’un projet que j’ai lancé suite à ce voyage : « Racontez nous le voyage dans les Alpes de la façon de votre choix : vidéo, diaporama, jeu, etc. ». A nouveau, une belle façon de retenir les principales étapes de la formation des Alpes en musique. Merci aux élèves qui ont eu cet éclair de génie !
Par ailleurs, en tant qu’enseignante en DNL SVT, j’ai pu participer à un échange linguistique avec Stockholm depuis deux ans, organisé par le professeur d’anglais et moi-même. Un moment extrêmement riche en rencontres, qui a permis aux élèves de gagner en autonomie en anglais. Cette année, nous avons visité le département de génétique de l’université Uppsala, où un chercheur français a sensibilisé les élèves à la recherche en leur parlant de son métier, son parcours, et en leur faisant faire un tour complet du laboratoire.
Comment voyez-vous l’enseignement dans les années futures ?
Je pense qu’il faut se sortir de la tête l’image du professeur « passeur de savoir ». Aujourd’hui, la connaissance est disponible à tous sur internet, facilement et rapidement, et nos élèves y ont accès en continu. Ils sont même beaucoup plus cultivés que nous sur certains sujets, il ne faut pas avoir honte de le dire ! A mon sens, le professeur devrait plus se positionner comme une « personne ressource » aidant à faire le tri dans les informations disponibles, à aider les élèves à acquérir un regard critique sur ce qu’ils lisent. Mais cela nécessite une formation adaptée aussi pour nous…qui nous manque malheureusement.
Dans mes classes, je demande souvent aux terminales de venir faire cours en première, ou aux premières de venir faire cours aux secondes, de m’assister en TP, et même parfois de corriger des copies ensemble. Non seulement cela crée des liens entre les élèves d’âges différents, mais ça les responsabilise. L’apprentissage se fait de façon « horizontale » : d’élève à élève directement, et non plus uniquement de façon verticale : du professeur aux élèves. J’aime beaucoup cette manière de fonctionner et je la recommande vivement aux autres professeurs. De plus, ça forme les élèves concernés à « l’après-bac » en leur apprenant à s’exprimer devant un auditoire, à répondre aux questions de façon réfléchie, avec la pression de ne pas transmettre de mauvaises informations aux classes plus jeunes…
Il ne faut pas avoir peur d’apprendre des élèves également : ce sont mes premières qui m’ont formé au montage, et je leur en suis reconnaissante, car je peux maintenant leur faire plein de vidéos souvenirs de l’année.
Quelle sera la prochaine vidéo ?
Côté musique, j’ai travaillé un rap de SVT avec un de mes élèves de terminale, mais nous n’avons pas encore eu le temps de l’enregistrer en studio du fait de la préparation du spectacle de comédie musicale de fin d’année. J’espère que cette vidéo verra le jour !
Entretien par Julien Cabioch
Un bijou pour les jours de déprime
La musique, une place à part en Education (Revue de Sèvres)