On pensait avoir vécu un des réformes à un train d’enfer durant la première année du quinquennat. Pourtant il apparait que la seconde année sera vraiment celle des réformes ou au moins des tentatives de grand changement. C’est vrai pour l’éducation et probablement pour les autres secteurs.
Imposer le changement sans s’en donner l’air. Il semble que cela ait été le fil suivi par JM Blanquer tout au long de sa première année rue de Grenelle. Modèle du genre, la réforme des rythmes. Le ministre semble laisser le terrain décider et obtient la suppression de la semaine de 4 jours et demi. Une contre réforme sans doute néfaste pour les élèves mais qui est bien accueillie chez les adultes, aussi bien enseignants que collectivités territoriales.
Même opération pour le collège. En assouplissant les règles le ministre obtient le retour au statu quo ante et là aussi ce n’est pas pour déplaire aux enseignants. Même sur des réformes plus délicates, comme celle du bac, JM Blanquer sait ménager ses troupes. Alors que le président veut un bac avec 4 épreuves, finalement son ministre impose un bac avec encore plus d’épreuves qu’avant pour maintenir une certaine dimension nationale à l’examen. Même opération sur le portable : le président s’est engagé sur sa suppression à l’école et au collège. Le ministre fait une loi d’interdiction qui assouplit davantage l’utilisation du portable…
Après ce premier tour de piste, il semble qu’on entre dans une nouvelle étape, l’accélération de la réforme portée par le gouvernement.
Face aux tensions que suscite sa politique, le gouvernement a décidé d’une fuite en avant. Bien loin de remiser une partie des réformes il semble déterminé à les appliquer intégralement et rapidement.
Dans l’éducation, le ministre a ouvert le chantier de la réforme de la territorialisation. Il le fait à sa façon. Pas de décret, pas d’arrêté, des faits décidés par le ministère et qui changent la donne. C’est ainsi que l’académie de Caen reste sans recteur et que celui de Rouen se retrouve à la tête de deux académies en précurseur de la disparition des petites académies. C’est maintenant les Espe normandes qui apprennent par hasard leur prochain regroupement. Et d’autres académies à qui on fait savoir qu’elles vont connaitre le même sort.
Sur le plan social, le gouvernement adopte mi juin une ligne très dure. Il impose le gel salarial. Il annonce la fin du paritarisme et l’embauche de contractuels en place de fonctionnaires.
C’est évidemment une pilule difficile à faire avaler. Mais déjà JM Blanquer s’y emploie avec habileté. Il annonce une réforme des concours susceptible de faire l’unanimité mais qui s’accompagnera de la disparition des fonctionnaires stagiaires et de modifications profondes du système de recrutement. Pas de revalorisation mais JM Blanquer fait miroiter la promesse de la prime de 3000€ en Rep+. Un joli geste mais qui pourrait bien s’accompagner de conditions comme l’embauche des enseignants par les chefs d’établissement.
La prochaine année scolaire devrait voir des changements de structure dans l’éducation nationale qui auront des répercussions immédiates dans la vie des enseignants. Le gouvernement est bien déterminé à remettre en cause le statut de la fonction publique et à réduire son poids budgétaire. Il ne s’en cache pas.
Cette orientation, JM BLanquer est en train de la traduire en actes et de la grimer pour la rendre acceptable. Et là il est très fort.
François Jarraud
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