Quelles pratiques numériques trouve-t-on au quotidien dans les classes en histoire-géographie ? Pour le savoir il suffit de parcourir la présentation réalisée par Denis Sestier qu’il promet de tenir à jour. Plus que des séquences futuristes et pointues, il présente ce qui se fait en vrai et de façon assez courante dans les classes. Du coup, sa présentation est un bel outil de mutualisation des pratiques pédagogiques dans son académie et au-delà. Bienvenue dans les salles de classe !
Longtemps présenté comme une solution miracle, le numérique éducatif fait particulièrement débat en ce moment avec la proposition de loi pour encadrer les usages du portable et aussi les conclusions de Pisa 2015 qui ne lui sont pas vraiment favorables. Que pensez-vous de ce débat ?
Il y a une réalité c’est que le numérique et le téléphone portable sont là, bien installés dans le quotidien des élèves. L’enjeu de leur maitrise est vraiment majeur. Ne pas s’en emparer serait une grossière erreur. Personnellement le numérique est intégré dans ma pratique notamment l’utilisation de tablettes et des téléphones portables des élèves.
Pourquoi avoir réalisé ces « 25 idées d’activités numériques » ?
C’est un fichier réalisé pour les Normand-e-days de cette année. J’ai voulu rendre compte de ce qui se passe au quotidien dans le numérique de ma discipline. Je partage les travaux d’une dizaine de collègues qui ne publient pas forcément d’eux-mêmes. Je ne présente pas de séquences spectaculaires mais des choses faites dans des classes normales sur des temps normaux et qui sont diffusées dans l’académie. Ce fichier sera un outil de mutualisation car je le mettrai à jour régulièrement.
Certaines séquences m’ont touché plus que d’autres. Par exemple celle où les élèves font parler un personnage historique. A quoi ça sert ?
Beaucoup de collègues font ça. C’est un travail qui demande aux élèves de se documenter. Mais aussi de se décentrer pour se mettre dans la peau d’un personnage. Là on a tout un travail sur l’empathie. Enfin ca fait travailler l’oral, une dimension un peu délaissée dans notre système éducatif. Un dernier aspect c’est que ça fait aussi évoluer la prise en charge des élèves. Pour s’enregistrer ils sont obligés de sortir de la classe, d’aller dans le couloir avec leur téléphone. On invente ainsi une nouvelle autonomie.
J’ai trouvé aussi l’idée de la carte collaborative où les élèves pointent les pays qu’ils affectionnent très riche. Pourquoi cette séquence ?
D’une part c’est de la géographie sensible. Ca permet de discuter sur la perception des pays et d’impliquer les élèves. Il y a même une dimension éducation civique quand ils expriment leur vision du monde. Mais la séquence permet aussi de travailler la mondialisation. La carte fait apparaitre petit à petit les flux de la mondialisation, du moins pour ce qui concerne les adolescents. Quand il discutent des choix de leurs camarades ils développent aussi leur sens critique sur une carte. Et là on est bien dans la géo !
Le jeu a aussi sa place. Pourquoi est-il important ?
J’ai défendu le jeu en classe bien avant que les jeux numériques envahissent la vie des ados. C’est un outil pédagogique qui permet d’intégrer le maximum d’élèves. Le jeu travaille aussi le statut de l’erreur : on peut faire et refaire. C’est le cas dans le jeu sur la ligne LGV ou avec Ecoville. Mais c’est aussi vrai pour Littoral, un jeu proposé sur le site de Ludus et qui n’est pas numérique.
Des démarches qui occupaient une bonne place il y a quelques années ont disparu semble t-il des classes. En premier lieu la simulation. Qu’en pensez vous ?
On la retrouve dans les jeux. Mais c’est vrai que les logiciels qui l’utilisaient dans un autre cadre ont disparu. C’est devenu une niche et non une pratique installée.
Pareil pour la recherche d’information, l’EMI…
C’est un domaine qu’on a essayé d’investir dans l’académie mais ce n’est pas simple. Il n’y a pas de proposition probante bien installée dans les pratiques dans l’académie.
Propos recueillis par François Jarraud