À lire, écouter ou regarder les articles et journaux télévisés de ces dernières semaines, on a l’impression que l’achat des fournitures pour la rentrée est devenu une épreuve redoutable pour les parents d’élèves ! À tel point qu’on ne compte plus les initiatives pour éviter aux parents débordés ce qui semble vécu comme une galère à éviter ! Et pourtant ! Je me souviens qu’enfant, la sortie annuelle d’achat de mes fournitures avec ma mère était une fête partagée! Temps de plaisir !
Plaisir de chercher le matériel neuf dont j’aurais besoin, choix donné par maman sur un article… plus beau mais plus cher ! Plaisir du retour à la maison, quand je prenais à chaque fois beaucoup de temps pour ranger avec soin cahiers et crayons neufs !
Et si l’achat des fournitures était perçu autrement, comme un temps de complicité avec son papa ou sa maman, un temps de mise en projection pour l’année… un temps où l’enfant perçoit l’importance de l’école pour lui et ses parents, à travers le partage du projet commun de bien préparer la rentrée et de bien gérer son matériel!
Temps d’apprentissage de la règle: « Tu pourras choisir la trousse qui te fait plaisir, quant au reste, c’est moi qui te proposerai les articles que je peux t’acheter ! »
Temps d’acquisition de la responsabilité à travers le calcul d’un budget et des courses de rentrée progressivement autonomes : finir par aller seul acheter ses fournitures avec le budget alloué par ses parents (au collège)!
Cessons donc de diaboliser ces instants qui restent dans les mémoires enfantines comme des moments de plaisir dont on se souvient une fois adulte !
Affirmons au contraire l’importance de ces temps de projection avec les parents !
Ces propos ne doivent pas faire oublier que certaines familles ont bien du mal à réunir les fonds pour répondre aux exigences des listes fournies par les écoles !
« M’enfin, ils ont les aides de rentrée pour ça ! » affirment souvent de bonne fois quelques collègues bien éloignés de ces réalités.
Hé bien non, il faut savoir que certaines familles, parmi les plus démunies, ne disposeraient pas des allocations de rentrée !
Même si notre école respecte scrupuleusement les directives du B.O encadrant les listes de fournitures demandées par les établissements scolaires, nous avons chaque année quelques familles qui n’ont pas les moyens de répondre aux demandes !
Alors certes, les écoles compensent en complétant le sac incomplet ! Mais comment l’enfant concerné vit-il ces instants ? Stigmatisation dès le premier jour de celui qui n’a pas comme les autres le minimum demandé par l’école ? Les familles concernées n’osent pas venir parler de leurs difficultés à l’école !
Personnellement, nous compensons par des actions de solidarité en direction des associations d’aide familiale, en fournissant chaque année des surplus scolaires qui seront reconditionnés et distribués par leurs soins!
Mais cette solution, n’évite pas ces élèves qui n’arrivent pas comme les autres !
Sylvain Obholtz