Face à une économie volontiers frondeuse, celle des SES, l’économie gestion affiche sa dimension sociale et a réussite individuelle de ses élèves. C’est le message donné par Philippe Bonnot, président de l’association des professeurs d’éco gestion. Une centaine de professeurs était réunie les 4 et 5 février à Paris à l’occasion du congrès annuel de l’APEG, placé sous le thème de la responsabilité, y compris la responsabilité sociale des enseignants.
Beaucoup de chemins peuvent mener à enseigner l’économie gestion et Philippe Bonnot, président de l’Apeg, aime à la rappeler. Pour lui c’est un parcours par l’enseignement agricole qui l’a amené à passer le concours et à devenir professeur d’économie gestion dans un lycée de Rumilly (74). Il dirige une association qui revendique 2500 adhérents sur les 28 000 enseignants d’économie-gestion. Un enseignement qui se retrouve souvent face aux sciences économiques et sociales.
Aujourd’hui c’est quoi l’identité de l’économie – gestion face aux SES ?
Nous faisons un enseignement de l’économie au sens large et toujours en situation avec une organisation, que ce soit une entreprise, une association ou une administration. Et on y intègre du droit et du management.
L’image qui est parfois véhiculée c’est qu’il y aurait un enseignement de l’économie de gauche, les SES, très critiqué par le patronat, et un autre classé à droite, l’éco-gestion. Qu’en pensez -vous ?
La différence n’est pas du tout là. Nous sommes une association apolitique et parler de l’entreprise n’est pas un gros mot. La plupart des entreprises sont des PME et non des groupes mondiaux. C’est la réalité économique de notre pays. On ne se revendique pas d’une pensée politique ou syndicale mais de porter l’utilité de notre filière pour les élèves.
Comme toutes les filières technologiques, la filière STMG est en déclin. N’êtes vous pas pris en sandwich entre le générale et le professionnel ?
Le déclin tient beaucoup à la méconnaissance de la filière lors de l’orientation en collège. On est dans un système élitiste où les élèves ont l’impression que la réussite c’est la filière générale. Par rapport au bac professionnel, nos élèves ont l’avantage de pouvoir aller en IUT ou en classe préparatoire économique avec un bon taux de réussite en école de commerce (83%).
C’est quoi le profil d’un élève de STMG aujourd’hui ?
Ce sont des élèves qui voulaient faire un bac général mais qui n’ont pas pu. Ils ont donc des dispositions pour l’enseignement général mais manquent de confiance en eux. Ils sont moins scolaires, parfois cabossés par l’école. Une partie de notre travail c’est de les remotiver d’être un peu leurs coachs.
La filière a toujours son rôle social ?
Oui bien sur. Elle permet la poursuite d’études et la mixité sociale. Les élèves continuent en BTS , en IUT ou en prépa. La filière contribue à la réduction du décrochage scolaire.
En seconde l’éco gestion et les SES se trouvent en concurrence. Que faire ?
Il faut d’abord souligner qu’il est positif qu’un enseignement d’exploration économique soit obligatoire en seconde . On apprécie la liberté pédagogique qui existe dans cet enseignement d’exploration même si elle est limitée par le fait qu’on ne puisse pas généralement dédoubler la classe.
Aujourd’hui 80% des élèves vont en enseignement d’exploration SES et 20% en PFEG. On regrette que le terme PFEG nous dessert par rapport aux SES. On aurait préféré s’appeler PFES. On aimerait aller au-delà du corporatisme et que el deux enseignements fusionnent. Les deux programmes ont tellement de points communs.
Etes vous satisfait de l’offre de BTS ?
C’est une offre qui se rénove et s’adapte en permanence. Après une première vague de rénovation, en assistant manager par exemple, se profile une nouvelle vague en MUC et NRC. Ces BTS intègrent beaucoup de bacs professionnels et les font réussir. Nos élèves de STMG ont vocation à aller aussi en IUT.
Etes vous satisfait des programmes ?
Certains programmes ont été trop allégés au lycée. Les enseignants qui étaient spécialisés ont du enseigner un peu de tout. Malgré cela les programmes restent lourds en 1ère et terminale car on a perdu des heures. Ca nous pose de gros problèmes. Mais notre priorité ce n’est pas de nous plaindre des programmes. Notre priorité c’est la réussite de nos élèves et de monter que l’économie gestion peut être une filière d’excellence. Elle permet à beaucoup de jeunes de s’insérer dans la société , de devenir de bons citoyens. C’est ce qui nous rend fiers.
Propos recueillis par François Jarraud