Par Julien Cabioch
Les éco-délégués sont au cœur du projet d’éducation au développement durable au collège Anne Franck de Sauzé-Vaussais (79). Sous l’impulsion de leur enseignante de SVT, Adélaïde Baud, 24 collégiens ont mis en place des composteurs au self, organisent des trocs de plantes, réalisent des mini-reportages et coordonnent la sensibilisation au sein de l’établissement. Un livret de l’éco-délégué est mis en place et visible sur Padlet. Rencontre avec Adélaïde Baud qui implique aussi ses élèves lors de la semaine du handicap.
Quel est votre projet « éducation au développement durable » mené au collège ?
Notre projet vise à mettre en réseau le collège et l’extérieur : ouvrir le collège vers l’extérieur en invitant les familles, les habitants de la commune ou en participant à des manifestations extérieures. Nous voulons aussi développer l’appétence des élèves en terme d’avenir et d’autonomie en faisant connaître des domaines professionnels, en travaillant en démarche de projet et par groupe. Enfin il y a l’objectif de se familiariser avec les technologies d’information, d’internet et de communication pour diffuser les informations.
Les actions sont assez diverses et varient selon les sensibilités et constats des élèves et/ou selon les projets déjà initiés au collège. Elles sont mises en place soit dans le cadre des enseignements disciplinaires ou bien par les éco-délégués. Elles s’articulent autour des thèmes suivants :
– Déchets et gaspillage alimentaire : ce thème a été travaillé l’année dernière, dont on peut voir les exemples d’actions, les freins et les leviers possibles,
– Handicap et solidarité : voir ci-dessous,
– Jardin, biodiversité et solidarité : les élèves de 6° gèrent le jardin du collège depuis plusieurs années, où les familles peuvent venir donner leurs conseils et leur temps, comme l’an passé (voir ici).
Cette année, les éco-délégués ont proposé d’aménager d’autres espaces verts du collège alors que des 4èmes et des 6èmes, sur des temps d’options, aménageront le jardin ou créeront des œuvres et des espaces autour du recyclart. Le troc de plantes mis en place les autres années sera reconduit, ce qui favorise l’échange, notamment avec le foyer logement de Sauzé.
Combien d’élèves sont impliqués ? Quels niveaux ? Comment s’organise le travail ?
Les 6èmes, 5èmes et 4èmes volontaires sont impliqués en tant qu’éco-délégué du collège comme suit : 11 élèves de 6ème (dont 3 élèves ont pu participer à la formation des éco-délégués), 12 élèves de 5ème, 2 élèves de 4ème.
Depuis septembre 2014, le collège a mis en place une option qui permet à un groupe de 5ème de travailler 1h par semaine en démarche de projet pour concevoir et mettre en œuvre des actions au sein du collège ou à l’extérieur.
Pour les élèves des autres niveaux, le temps d’échanges se fait lors de réunions et leurs missions sont davantage axées autour de la communication au sein du collège et du partage des idées. Ceux qui le souhaitent peuvent préparer des actions lors des événements (troc de plantes, sensibilisation au gaspillage); la préparation se fait davantage en autonomie avec un temps de concertation sur des temps informels.
Un des axes est la lutte contre le gaspillage alimentaire. Comment les élèves arrivent-ils à modifier les pratiques et les comportements ? Que font-ils concrètement ?
L’année dernière, les élèves de l’option ont été assez impressionnés de voir la quantité de pain jeté à la poubelle. Ils ont donc souhaité mettre en place leur « semaine anti-gaspi ». En amont, il a fallu trouver le nom de l’action, définir les actions à réaliser, préparer les affiches de communication et informer les classes. Durant l’action, les élèves se sont relayés au self pour être auprès des élèves et leur expliquer quoi mettre dans la poubelle de déchets compostables. Ils ont pesé la poubelle avant de l’emmener au compost du jardin du collège et fait un résumé de leurs observations, avec un article sur le SPIP. En parallèle, des petits jeux étaient mis en place au collège durant cette semaine (jeu de tri des déchets, mots croisés, concours de logo-dessins). En aval, nous avons évalué l’action, ce qui a débouché sur la mise en place d’une réunion avec différents acteurs et permis de cibler certains objectifs.
Aujourd’hui, nous avons au self une poubelle de déchets compostables qui est ensuite traitée par la communauté de communes pour transformer ces déchets en compost. Le tri des déchets n’est pas toujours satisfaisant mais nous espérons qu’il deviendra une habitude avec le temps et il est plus facilement accepté par les élèves qui se sentent maintenant davantage concernés.
Cette année, les élèves continuent les actions dans ce sens en axant sur la sensibilisation auprès des autres élèves, aidés par la vie scolaire. Un travail partenarial entre la maison des jeunes et le conseil départemental sera aussi mis en place pour prévoir des temps d’échanges et de débats entre les élèves sur les habitudes alimentaires et les circuits alimentaires. Des élèves ont proposé aussi de faire des mini-reportages (coulisse des cuisines) et des captures de son lors d’enquêtes. Nous souhaitons travailler sur nos choix d’aliments et le goût. Aussi, en parallèle, un travail devrait être mis en place cette année en cuisine sur la présentation des plats par exemple.
Vous impliquez vos élèves également lors de la semaine du handicap. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
L’objectif est de faire changer notre regard sur le handicap : quel est le regard des gens (et de soi-même) sur le handicap , comment vit-on avec, quelles difficultés peut-on rencontrer en terme de mobilité ?
L’année dernière, ce projet s’est fait dans un cadre disciplinaire impliquant le français et l’EPS. Les élèves ont été amenés à rencontrer plusieurs fois Angélique et Olivier de l’Association Française Ataxie de Friedrich pour partager différents temps : échanges sur le quotidien et les adaptations des structures, sur le regard des personnes ; sortie dans Sauzé pour voir les aménagements mis en place et les freins, visible ici ; journée handisport avec une partie de basket en fauteuils animée par le Comité Départemental Handisport des Deux-Sèvres. Ensuite, ils ont réalisé des dessins humoristiques autour du handicap.
Cette année, les actions se poursuivent. L’action des éco-délégués sera de faire une sensibilisation sur le thème du handicap et une communication autour des événements mis en place (enquête et capture de son).
Vous tenez informés vos élèves en ligne grâce à Padlet. Que trouve-t-on sur votre interface ? Qu’est-ce que le livret des éco-délégués ?
Cet espace de partage est pour le moment unidirectionnel : les élèves n’ont pas la possibilité de mettre des documents, mais ils peuvent me les joindre en fichier par email. On y retrouve la liste des éco-délégués et les modalités de mise en place, le livret de formation, le calendrier qui est mis à jour en fonction des projets des élèves, un modèle de fiche action que les élèves peuvent télécharger, des fiches actions actualisées, des ressources pour des actions et toutes leurs idées d’actions.
Ce padlet sera amené à évoluer en fonction de nos besoins : en faire un lieu interactif pour échanger des idées ? En faire un lieu de ressource de documents ?
Concernant le livret éco-délégués, avec les collègues du comité de pilotage, nous avons souhaité que les élèves gardent une trace de la journée de formation. Ce livret est aussi un réservoir d’idées pour des actions à mener. Il reprend les différents ateliers suivis et était à compléter.
Les éco-délégués de votre collège ont suivi une journée de formation. Quel était le contenu de cette journée ? Quels retours avez-vous de ces élèves ?
Avec les collègues du comité de pilotage du bassin, nous avons voulu un temps de formation commun qui permettait d’une part de mutualiser nos énergies et nos idées et d’autre part de permettre un premier temps de rencontre entre les élèves puisqu’ils seront amenés à se retrouver lors de la semaine internationale du développement durable.
La formation a été organisée en 4 temps au cours desquels ils pouvaient compléter leur livret d’éco-délégués pour garder une trace de la journée. D’abord « L’EEDD, ça veut dire quoi ? » : il s’agit d’une activité de photo-langage pour amener les élèves à réfléchir, se questionner sur la place de l’homme et de l’environnement, discuter sur des inégalités et des solutions. Cela a permis de dégager les 3 piliers du développement durable et des grands thèmes.
Puis « Trucs et astuces d’une animation réussie » : les élèves ont participé à une animation nature (reconnaissance d’un arbre à partir des sens). L’objectif était de prendre plaisir à faire (ici, par le jeu), et de ressentir (implication des sens) pour pouvoir transmettre à son tour.
Ensuite « Des outils pour communiquer » : répartis en 2 groupes, les élèves se sont initiés aux techniques de micro-trottoir et de web-radio. L’objectif était double : prendre plaisir à faire pour susciter l’envie de recommencer et découvrir quelques points clés pour mener une enquête. Le site http://www.e3d-21.org / propose d’ailleurs de nombreuses ressources intéressantes.
« Être éco-délégués » : l’AROEVEN est intervenue sur ce dernier atelier. Un premier temps de motivation par le jeu du portrait chinois et la motivation de chacun à être éco-délégué. Cette activité a permis de mettre en relief les différentes motivations puis les missions des éco-délégués. Ensuite, ils ont été initiés à la méthodologie de démarche de projet (objectif de l’action, intervenants, besoins) à partir des grandes thématiques d’action que les élèves ont donné. Les élèves ont donc commencé à rédiger des fiches-actions.
Enfin, le retour des élèves a été très positif à différents points de vue. Beaucoup de plaisir des élèves lors de cette journée, avec une préférence nette pour les ateliers où ils sont acteurs : animation nature et techniques d’enquête, avec beaucoup de motivation pour partager avec les autres élèves du collège et de nombreuses idées d’actions à mettre en place.
Propos recueillis par Julien Cabioch
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