« Tu viens nous aider ? » Elle est touchante la nouvelle campagne publicitaire lancée le 7 janvier par le ministère avec le nouveau site « L’école change avec vous ». « Vous » ce sont les candidats potentiels aux concours de recrutement. Mais les problèmes de recrutement sont-ils tous solvables dans une jolie campagne publicitaire ?
« T’arrives quand ? » Difficile de répondre « jamais ! » à la frimousse d’une petite fille qui vous regarde avec d’aussi beaux yeux ! La campagne publicitaire lancée par le ministère le 7 janvier frappe au coeur. Outre le site, la campagne, dont le montant n’a pas été communiqué, va se décliner en des spots diffusés sur 24 chaînes de télévision, dont les 6 chaines herziennes, du 7 au 27 janvier.
C’est que le ministère doit faire face aux départs en retraite et atteindre les 54 000 créations de postes promises en 2012 par le candidat Hollande. Pour cela il doit recruter près de 25 000 postes chaque année jusqu’en 2017. Ainsi en 2015, pour atteindre 9 421 nouveaux postes, l’Education nationale met 24 735 emplois aux concours. Il annonce 11 726 postes mis aux concours en 2015 dans le premier degré contre 8 342 en 2014. Le second degré bénéficiera de 13 009 postes contre 12 800 en 2014.
L’argumentation des sports publicitaires renvoient à deux arguments traditionnellement attachés au métier enseignant : le dévouement et la vocation. C’est cela que nous disent ces visages d’écoliers dont les yeux s’allument sous le regard du maitre. Les spots nous renvoient à une représentation du métier qui n’est pas factice mais qui est éloignée de la réalité d’un métier qui ne se réduit pas non plus au primaire. Avec malice, le Snuipp propose une contre vidéo qui imagine une offre d’emploi d el’éducation nationale : « Recherche personnel qualifié bac +5, disponible, polyvalent et de bonne composition, vous acceptez de ne pas compter vos heures et de toucher une indemnité de 3 a 6 fois moins importante que celle de votre collègue parce que c’est la vie »…
Face à l’image vantée par la publicité il y a les autres réalités du métier : un salaire net en baisse régulière et inférieur aux rémunérations des salariés du privé ou du public au même niveau de qualification, la crise interne de management, les relations qui se tendent avec les parents.
Le ministère a annoncé une reprise des recrutements particulièrement en maths qui a fait l’objet de polémique. Pour la commission française pour l’enseignement des mathématiques « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE » laissent peu de chances d’espérer un réel retournement de tendances. Plutot qu’affronter ces réalités, la campagne publicitaire nous fait rêver…
F Jarraud
Le spot publicitaire (avec la ministre dans le making off)