En cette fin de trimestre l’Ecole semble bégayer. Le temps des manifestations est revenu. Avec lui à nouveau les désillusions. Les écoles du 93, les établissements prioritaires, qui devraient être les enfants chéris de la République sont dans la rue pour demander des conditions de travail simplement normales. Le métier est en crise comme le montre celle du recrutement. Ce n’est sans doute pas un hasard si la situation se dégrade le plus là où les nouveaux enseignants débutent. Comment rendre le métier attirant quand on met les débutants là où c’est le plus difficile ? Comment faire venir des jeunes dans un département où on leur promet qu’ils pourront partir quand ils seront quinquas…
Bien sûr il y a les chantiers, les possibilités de renouveau. Les programmes, l’évaluation, le redoublement, le numérique… Si les chantiers sont si longs c’est peut-être parce qu’on veut changer, partout tout le monde et au même pas. Qui peut croire que ce soit possible ?
Évidemment ce Café mensuel vous raconte cela. Mais il vous offre surtout un voyage dans l’École réelle. Non pas que les enseignants se désintéressent de ces débats. Ils sont même carrément inquiets.
Mais pendant ce temps là ils inventent, ils bricolent, ils s’ingénient à créer et faire avancer les élèves. Alors dans ce numéro vous verrez comment on fait des maths sur smartphone, et puis des SVT. Vous croiserez un MOOC pour les profs d’histoire-géo. Des tablettes un peu partout. De la bonne réflexion pédagogique en EPS ou en lettres. Et j’en oublie !
Imaginez maintenant que la refondation de l’École ait la folle idée de faciliter le travail des enseignants. Que le ministère, qui vient de (re)découvrir son importance, se soucie du nombre d’élèves par classe. Que la paperasserie inutile s’envole. Que les chefs soutiennent au lieu de mettre des bâtons dans les roues. Que les collectifs qui existent sur le terrain, certains depuis plus de 10 ans, soient soutenus et non combattus. Le Café mensuel serait obligé de devenir hebdo. Sale coup pour notre équipe… Heureusement…
François Jarraud