Comme en 2013, seulement 67% des postes proposés au capes de maths sont couverts. C’est ce que montrent les résultats d’admission du capes externe de mathématiques publiés le 9 juillet. 1204 professeurs de maths feront défaut à la rentrée.
Scénario répétition. En 2013, 1210 postes de professeur certifié de mathématiques avaient été proposés au capes externe. Seulement 816 candidats avaient été admis soit 67% des postes proposés. En 2014, 1243 postes ont été mis au concours et on ne compte que 838 admis soit un pourcentage identique à celui de 2013.
Pourtant le concours se présentait mieux qu’en 2013. Le 20 mai, on comptait 1900 admissibles. C’était nettement mieux qu’en 2013 où il y avait 1311 admissibles pour 1210 postes. Finalement le jury avait retenu 816 candidats soit 62%. Au concours 2014 le jury s’est montré nettement plus sévère. Seulement 44% des admissibles est finalement reçu. C’est la situation du concours exceptionnel 2014 où il y avait 1906 admissibles et finalement 793 reçus pour 1592 postes.
Mais en réalité, le nombre d’admissibles au capes externe 2014 était artificiellement gonflé. Une grande partie de ces admissibles du capes 2014 s’étaient aussi inscrits au capes exceptionnel de 2014. Si on retire les 793 reçus du concours exceptionnel, on ne trouve plus qu’environ 1100 réels admissibles pour 1243 postes. Même si les jurys sont peu exigeants compte tenu des circonstances et des besoins, il était prévisible que quelques centaines de postes ne seraient pas couverts à la rentrée.
Au final, on attendait 2835 nouveaux professeurs de mathématiques à la rentrée 2014. Il n’y en aura que 1631 et il manquera donc 1204 professeurs de maths.
Cette crise de recrutement vient de loin. Selon la Commission française pour l’enseignement des mathématiques (CFEM) elle tient d’abord aux » fluctuations de très grande ampleur » dans les politiques de recrutement. « Ces conditions créent un corps enseignant dont la démographie n’est pas stationnaire, et qui subit donc des coups d’accordéon suivant les cohortes partant en retraite ». La CFEM avance d’autres facteurs conjoncturels : « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE ».
Mais le mal a aussi ses racines encore en amont. Certes en élevant le niveau de recrutement, on a raréfié le nombre des candidats potentiels et on a mis l’enseignement en concurrence avec d’autres métiers. En faisant de la série S une filière d’excellence et non une série scientifique, on réduit d’autant le nombre de jeunes qui s’engagent dans des études scientifiques. La moitié des bacheliers S suivra des études en commerce, médecine ou même droit. Le déficit se lit dès l’université dans la rareté des inscrits en filière mathématique.
François Jarraud