Par Jeanne-Claire Fumet
Classes technologiques : revenir au dédoublement des heures ?
Unanimité chez les syndicats : il faut rétablir les heures dédoublées de philosophie en classes technologiques et les 4h hebdo en série S. La pétition lancée en fin d’année scolaire à l’initiative de l’APPEP, signée par l’ACIREPH, Sud-Education, F.O. et le SNALC a conduit, le 6 février 2014, à un entretien avec des représentants du cabinet du ministre et de la direction générale de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale. Ils se sont engagés à livrer une réponse rapide aux attentes des professeurs.
Le dédoublement des heures de philosophie en classe de STG, supprimée par la réforme des lycées, permet un travail en groupes restreints indispensable à la prise en compte des difficultés particulières des élèves. Traditionnellement acquis pour les classes à fort effectif (plus de 30 élèves), le dédoublement s’est progressivement réduit jusqu’à être condamné de fait par le mode de répartition horaire induit par la réforme. L’attribution d’un volant d’heures à effectifs réduits ne vient évidemment pas compenser cette situation dans une discipline à faible coefficient au bac (2) qui la rend peu prioritaire.
Quant aux classes de série S, l’indication d’un enseignement de 3h hebdomadaires de philosophie supprime de fait la possibilité d’un dédoublement d’1h pour les classes nombreuses ou le maintien des 4h hebdo pour les autres classes, qui permet d’assurer dans de meilleures conditions la réalisation d’un programme toujours aussi vaste.
Pour les initiateurs de la contestation, « cette mesure, motivée par des raisons seulement comptables, met en danger la qualité de notre enseignement et contredit la légitime exigence de démocratisation de notre discipline. » L’enseignement de la philosophie a besoin de temps pour se déployer, en particulier auprès de publics engagés dans des domaines de formation spécialisés qui laissent peu de place à la réflexion générale et à la distance critique sur les enjeux du monde actuel.
Réponse du Ministère à suivre dans les semaines à venir.
Le communiqué de l’APPEP :
http://www.appep.net/wp-content/uploads/2014/02/Communiqu%C3%A9-c[…]
ESPE : l’APPEP pointe l’absence de masters en philosophie
L’APPEP s’est émue de la situation nouvelle créée par les nouvelles conditions de formation des enseignants en ESPE. L’absence de masters d’enseignement en philosophie conduit les futurs professeurs de la discipline à étudier dans un master de recherches, sans stages pratiques ni expérience de la situation de formation.
Si l’APPEP se félicite de voir ainsi la discipline échapper aux « réquisits discutables du nouveau master d’enseignement » ;, ses représentants ne s’en inquiètent pas moins de la situation marginale réservée de ce fait aux étudiants en philosophie. Dans une lettre aux directeurs des départements de philosophie des Universités, son président, Simon Perrier, en appelle donc à une réflexion collective urgente sur cette question.
Lire la lettre sur le site de l’APPEP :
http://www.appep.net/wp-content/uploads/2014/02/Courrier-aux-dire[…]
Programme des concours 2015
Les programmes de l’agrégation externe et interne 2015, parus non plus au BO mais sur le site du Ministère de l’Éducation, sont disponibles depuis le 14 février 2014.
Pour l’agrégation externe, les candidats prépareront les épreuves écrites sur la notion : « Le phénomène » et sur les œuvres de Platon et Marx (Manuscrits de 1844, L’idéologie allemande, Introduction à la critique de l’économie politique, Contribution à la critique de l’économie politique, Le Capital Livre I).
Les épreuves orales porteront sur le domaine « Logique et épistémologie » pour la première leçon et sur les textes français de Leibniz, Discours de Métaphysique et Correspondance avec Arnauld, Paris, Vrin, 1993 ainsi que Sartre, L’être et le néant, Troisième et quatrième parties, Conclusion, Paris, Gallimard, TEL, 1976.
Voir le détail et les épreuves de langues classiques et modernes :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_externe/23/4/[…]
Première épreuve : composition de philosophie (explication de texte) portera sur « Le langage » et la seconde épreuve, composition de philosophie (dissertation) sur : « Le réel ».
http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_interne/20/8/[…]
Les programmes du CAPES sont annoncés pour le mois d’avril 2014.
Colloque international : Voltaire, un philosophe ?
Mauvais procès ? Pas assez profond, pas assez conceptuel, l’homme de lettres des Lumières n’a guère sa place dans le corpus classique des « vrais » auteurs philosophiques. Si on s’accorde à louer l’élégance de son esprit, on ne s’attarde guère sur la profondeur de sa pensée. L’Université Paris X Nanterre (France), le Collège international de philosophie et l’Université de Sherbrooke (Canada) proposent de se pencher sur la question et de réviser ce jugement sévère à l’occasion d’un colloque international organisé du 21 au 24 mai 2014 au Palais du Luxembourg et à Paris Ouest Nanterre. L’occasion de redécouvrir le plus méconnu des auteurs célèbres.
Un génial diffuseur d’idées ?
Sous la direction de Stéphane Pujol (université de Nanterre) et de Sébastien Charles (université de Sherbrooke), les conférenciers évoqueront quatre thèmes : Voltaire lecteur des philosophes, Voltaire philosophe, Voltaire et la philosophie, Voltaire lu par les philosophes. Commentateur critique des philosophes de son temps qu’il réfute, adapte, raille ou détourne, Voltaire apparaît davantage comme un diffuseur d’idées que comme le créateur d’une pensée originale. Pourtant, à travers la trentaine d’interventions programmées par le colloque, pourrait bien se dessiner la figure d’une activité philosophique en mouvement, sans système ni dogmatisme mais en perpétuel questionnement critique, capable à l’instar du taon socratique de réveiller les meilleurs esprits engourdis par la routine intellectuelle.
Méfiance à l’égard des autorités convenues
Plusieurs interventions évoqueront le rapport de Voltaire aux auteurs anciens ou modernes, de l’Antiquité à Montaigne, puis à Descartes, Malebranche et Spinoza. L’ambivalence de Voltaire à l’égard de Montaigne, l’influence durable de la pensée de Descartes dans sa méfiance à l’égard des savoirs constitués, sa critique de Pascal ou se réserves à l’égard de Bayle permettront de mettre en lumière, au cours de la première journée, le contexte de développement de sa pensée. Une seconde journée, consacrée au rapport de Voltaire et des Lumières, abordera sa défense de Chastellux contre Montesquieu, qu’il tient pour un charlatan, sa correspondance avec Diderot autour de la Lettre sur les aveugles, mais aussi ses rapports avec Condorcet, Casanova ou Kant.
Morale athée et tolérance politique
Voltaire philosophe fera l’objet de la troisième journée, en particulier à travers les notions du divin, de la morale, de l’histoire et du politique. La question des fondements de la morale, hors de tout dogmatisme, par le seul usage de la raison éclairée contre la religion révélée, pose la question de la place du divin dans la morale, à laquelle Voltaire ne renonce pas. Dans le domaine politique, le concept de tolérance qu’il reprend de Locke et approfondi d’emprunts à Hume, a pu contribuer à élaborer un nouveau concept du « politique ». Une dernière intervention sur la « philosophie de l’infâme » entendra montrer que décidément, Voltaire écrivain ne compte pas parmi les philosophes de son temps. La dernière journée s’appliquera à confronter Voltaire aux philosophes plus tardifs : Locke, Nietzsche, Schopenhauer, Kierkegaard.
Un beau parcours autour de cette figure légendaire de la pensée et de la littérature, dont il n’est pas certain qu’il permette de résoudre les interrogations et de trancher toutes les incertitudes sur la nature de son œuvre, mais qui propose un panorama d’analyses propre à en raviver l’étude.
Informations, programme et renseignements pratiques sur le site du colloque :
https://voltaire-philosophe.evenement.usherbrooke.ca/
Sur le site du Café
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