Par Alexandra Mazzilli de l’association Aide aux Profs
Ce mois-ci :
– L’entretien exceptionnel que nous a accordé Nicolas Got, « maître fromager » à Toulon après une brillante carrière d’enseignant dans l’Education Nationale, et ses petits conseils gastronomiques à l’approche des fêtes
– Rémi Boyer invité au colloque Fep Cfdt
– Organisation de son premier colloque par Aide aux Profs en juin prochain
Comme chacun le sait, les enseignants sont des gourmands éternels… Pâtisserie, chocolat et même fromage constituent nos petits pêchés mignons… Tout est bon pour se remonter le moral ! Une fois n’est pas coutume, le Café Pédagogique vous invite, à quelques jours des fêtes de fin d’année, dans un univers particulièrement éloigné des salles de classe… La fromagerie Grosso au Mourillon, un petit quartier chaleureux de Toulon, à proximité de la mer… Y travaille comme artisan fromager Nicolas Got, depuis près de quatre ans, après avoir poussé la porte de sortie de l’Education Nationale. Quelles ont été les conditions de cette reconversion peu ordinaire ? C’est ce que Nicolas nous dévoile dans cet entretien gourmand, pendant lequel il nous a notamment offert quelques conseils culinaires fromagers pour réussir nos fêtes… Bonne dégustation !
Quelles études avez-vous suivies et pourquoi êtes-vous devenu enseignant ?
A l’issue d’un Bac E, je me suis orienté dans l’industrie et j’ai obtenu un diplôme de gestion de la qualité/assurance qualité à l’Institut Méditerranéen de la Qualité à Toulon. J’avais développé une passion pour la technologie depuis l’enfance. Ma mère était enseignante et mon père bossait dans l’industrie, j’ai donc très vite développé ces deux visions du monde. Pendant mes études à l’IMQ, on m’a notamment présenté des modèles motivants de fonctionnement d’entreprise, des modèles idéaux de gestion et de management du personnel. Mais très vite, j’ai pu mesurer l’écart entre ces modèles et la réalité dans l’entreprise industrielle où je suis devenu agent de maîtrise (je travaillais dans un atelier de production de composants électroniques, avec une trentaine d’employées « ouvrières » à manager. C’était intéressant mais de suite j’ai ressenti l’existence de difficultés entre les bénéfices dégagés du groupe américain pour lesquels nous travaillions et les besoins en matériel et outils que nous pouvions avoir. J’ai trouvé que je ne pouvais pas m’épanouir dans cette entreprise car je n’avais pas les moyens de travailler comme je me l’imaginais. Ces remarques s’accompagnaient de la naissance des périodes économiques difficiles et des premières grandes vagues de chômage dans l’industrie. J’ai senti que ce modèle de management où il fallait absolument écraser les autres pour réussir ne me convenait pas et ne me conviendrait jamais. A cela s’ajoutait la vision de ma mère enseignante, alors proche de la retraite et heureuse d’avoir été au service des enfants.
J’ai donc décidé de préparer le concours d’IUFM le soir tout en bossant en journée. Il aurait été plus facile pour moi de devenir prof de mécanique ou de technologie en lycée technique mais ce qui m’intéressait dans la fonction de maître d’école, c’était la diversité offerte par le primaire. Le métier d’enseignant est passionnant pour ça, il développe les intérêts et les connaissances (pour les arts, les sciences, à travers des activités auxquelles je participais comme les rallyes mathématiques,…) alors qu’on n’a pas forcément le temps d’approfondir dans un autre métier. Au final, je réussis le concours : je l’ai. Dans les derniers mais je l’ai. C’est un concours difficile à obtenir lorsqu’on travaille à plein temps à côté ; en ayant toujours connu l’école de part le métier de ma mère et ses relations amicales issues pour la plupart d’un milieu enseignant, ça m’a aidé à réussir, et notamment à sentir ce qu’on attendait des candidats, par exemple à l’oral.
Quel a été votre parcours de carrière dans l’Education Nationale ? Comment se sont passées vos premières années ?
J’ai commencé ma carrière avec deux ans sur des postes réservés à l’année sur des longs congés, ça m’intéressait car c’était proche de chez moi. J’étais affecté au Pradet et j’ai eu des classes de feu au début (Le Pradet, Sainte-Marguerite) puis j’ai obtenu un poste à Toulon, à l’école des Trois Quartiers, en définitif : je suis resté sept ans dans l’école dont une année en CLIS, pour voir. Ce qui m’a marqué pendant cette année de CLIS, c’est la solitude de l’enseignant par rapport aux difficultés rencontrées et au manque de vraie formation. Ceci dit, la CLIS est restée pour moi un modèle pédagogique, le seul modèle d’enseignement possible : chaque élève avance avec son programme, il n’y a plus de classe de niveau. Ca ne pourra jamais être mis en place mais c’est vraiment ce qui convient. Mais j’ai réellement souffert d’un manque de possibilité de formation continue simple et il reste très difficile d’aller voir comment ça se passe ailleurs sur le temps scolaire.
J’ai finalement pris la direction d’une école, suite à l’amitié avec un directeur d’école qui m’en a donné envie. Il s’agissait pour moi de participer à l’ouverture de l’école primaire Saint-Louis, classée en ZEP, au centre-ville de Toulon. Cette école avait la particularité de se situer sur trois étages (maternelle au rez-de-chaussée et cinq classes élémentaires au premier étage), avec une cours couverte au dernier étage, comme un gymnase, très apaisante pour les enfants. C’était une expérience passionnante, avec un quart de décharge mais je connaissais un manque certain de temps pour gérer une ouverture d’école avec les parents et les spécificités d’une ZEP. Je n’avais pas assez de temps pour rencontrer les parents alors que cela est essentiel en ZEP mais les décharges sont les mêmes partout. Je suis resté dans l’Education Nationale jusqu’en septembre 2009 et j’ai fini par un poste de directeur à l’école de Solliès-Pont.
Que vous a procuré votre métier d’enseignant ?
J’ai appris énormément de choses dans l’Education Nationale : je n’ai absolument aucun regret. Ca a été pour moi un grand bonheur pendant 17 ans. Ca m’a permis de découvrir beaucoup de domaines culturels et d’essayer d’aller vers chaque enfant pour valoriser son propre projet. Ca aurait été mon ultime projet ou objectif : créer des classes de classe d’âge, pas des classes de niveau, afin que chacun puisse avancer selon ses besoins en fonction de ses capacités, de ses envies d’apprendre, de sa maturité, qu’on puisse le nourrir à son rythme et non par des évaluations qui vont montrer les lacunes de chacun plutôt que ses bons côtés. En classe, j’ai appris à travailler sur la mise en confiance de l’être humain, qui lui permet de progresser, et à reconnaître le stress qui permet de se bloquer quel que soit l’âge et la situation. La mise en confiance et la motivation permettent d’aller plus loin, le stress au contraire décourage et rabaisse… En ZEP notamment, on apprend à bien dire les choses.
Comment en êtes-vous arrivé à une situation de démotivation, avec l’envie d’une seconde carrière ? Quel est le déclic qui vous a fait quitter les élèves ?
J’ai vécu une situation de démotivation par rapport à la direction, qui était très lourde. Et puis je ne voulais pas arriver à un moment où, l’âge de la retraite reculant, je puisse en avoir marre d’être devant les enfants. J’étais arrivé à un âge où je me posais beaucoup de questions : il n’y avait pas ou plus de postes qui me semblaient intéressants pour moi et qui ne soit plus face aux enfants, il y a trop peu de potes complètement déchargés.
Néanmoins, un projet m’aurait intéressé et m’aurait peut-être fait rester encore un peu dans l’Education Nationale, il aurait s’agi de fusionner trois écoles collées, de maternelle et de primaire, qui fonctionnaient avec trois directions différentes. Ca m’aurait intéressé de prendre une direction totale ; là, il y avait trois interlocuteurs différentes avec des postes différents d’EVS, la fusion aurait eu l’avantage de n’offrir qu’un seul interlocuteur à la fois pour la mairie et l’inspection et plus de cohésion, ça aurait arrangé tout le monde (un seul interlocuteur complètement déchargé alors que jusque là, la mairie devait en rencontrer à chaque fois trois différents) mais cela n’existe pas dans les grilles…. C’était tout de même dans les projets depuis un moment. Cependant, j’ai ressenti de la démotivation par rapport à ce projet : les choses n’avançaient pas comme pouvaient le préconiser les rapports de spécialistes depuis quinze ans. L’école elle-même n’avançait pas. Un essai de trois ans avait été envisagé suite à des rapports et une étude, si ça avait fonctionné, je serais certainement resté encore cinq à sept ans dans l’Education Nationale.
Après discussions, j’ai vite compris que ça n’avancerait pas et qu’il fallait que je m’ouvre sur autre chose. En parallèle de ma carrière d’instit, je me suis intéressé depuis toujours à la gastronomie en amateur. Ma voie a été vite trouvée…
Quelles compétences pensez-vous avoir acquises dans l’enseignement, et lesquelles vous paraissent transférables et vous ont servi pour réussir votre reconversion ?
J’ai eu un premier métier (ça aide pour une reconversion, je n’ai pas été qu’enseignant, je ne voyais pas dans le même métier à vie). Mais il est vrai que l’Education Nationale m’a enseigné beaucoup de compétences. Tout d’abord, la gestion de projet que ce soit en maternelle ou en primaire. Je dis souvent aux collègues : « vous savez faire plein de choses et vous ne le savez pas ! » La gestion d’un départ en classe de neige, la communication avec les parents,… On ne fait rien de plus ailleurs, dans une autre entreprise.
Sinon, les enseignants sont des machines à apprendre : on a appris à apprendre et on a continué à apprendre tout au long de notre carrière (domaines, culture) ; nous développons les compétences de pouvoir apprendre des choses plus facilement que des gens qui ont fait un métier plus ciblé. Cela passe notamment par la lecture : on est capables de lire, mais de lire vraiment. Dans beaucoup d’autres métiers, on écrit peu et on lit peu. Les enseignants, qui ont déjà un certain niveau d’études, ont développé la compétence de lire et de rédiger à longueur de journée, qui peut être essentielle dans le cadre d’une reconversion.
Enfin, l’Education Nationale nous confère de véritables compétences d’organisation et de gestion des activités, des publics,… Le directeur d’établissement a encore d’autres cordes à son arc : la gestion d’une équipe, d’une école, une approche des relations avec des fournisseurs (mairie / inspection), avec des clients (parents), la gestion des liens mairie/institution/parents,… On a vraiment le schéma de gestion d’une petite entreprise où on doit produire du savoir au niveau des élèves. En règle générale, à l’école, il y a énormément de relations avec d’autres personnes à gérer. Or, c’est une des clés de la réussite dans la vie, les relations avec les autres.
Comment s’est passée concrètement votre reconversion ? Quelles démarches avez-vous entreprises ?
J’ai simplement fait une demande de disponibilité. J’avais depuis longtemps la passion de la gastronomie : j’étais client de la fromagerie Grosso au Mourillon, à Toulon. Ma grand-mère et ma mère étaient clientes déjà de cette fromagerie également. Nous avions beaucoup de plaisir à connaître et manger ces fromages choisis et affinés. En balade en régions, c’était un de mes moteurs de vacances : aller voir des producteurs,… Avec humour, je lançais régulièrement au propriétaire de la fromagerie : « un jour, je viendrai vendre des fromages avec vous ». Il y a eu une opportunité, un employé qui est parti, et le fromager m’a dit « viens essayer car je ne resterai pas tout le temps et ma retraite est proche ». J’ai posé ma dispo pour apprendre le métier pendant deux ans, voir si ça pouvait fonctionner familialement, notamment de bosser le samedi et le dimanche matin. J’avais de la chance que ce soit dans la même région mais les horaires et les vacances étaient bien différents. Pendant 2 ans, j’ai également connu une réduction de salaires car j’étais vendeur. Il a fallu faire un rachat des prêts de la maison, des petits sacrifices financiers au début. J’ai appris le métier avec Jean-Paul Grosso et j’ai été faire des formations à Paris en complément. Mais apprendre le métier avec quelqu’un qui a trente ans d’expérience et qui est passionné par son métier, c’est extra, pas tous les fromagers ont cette chance. On n’imagine pas la somme de choses qu’il faut connaître. Excellent ? Bon ? Qu’est-ce fait qu’un Saint-Nectaire est exceptionnel en bouche ? Le virus a pris, les heures ne se comptent plus mais surtout, on ne les compte plus, on ne les regarde plus. En contrepartie, on connaît la satisfaction d’un travail bien fait et la liberté de gérer à la fois une prison dorée (mais si les choses ne me conviennent pas, je peux les changer et j’ai une véritable liberté d’initiative et de gestion). On fait tous quelque chose qui nous passionne à côté de notre profession, ma passion c’est de rencontrer les gens. C’est ce que je fais aujourd’hui, et ça ne me pèse pas. Je suis au milieu des meilleurs produits, ce qui me faisait rêver. Au bout de deux ans, j’ai pris la gestion de la fromagerie. Je devais démissionner ou revenir dans l’Education Nationale car la dispo pour une création ou reprise d’entreprise ne dure que deux ans. Dès janvier 2011, j’ai repris à mon compte la gestion de la fromagerie.
Comment s’est effectuée la prise en charge de votre formation ? L’Education Nationale finance-t-elle ce genre de projets ?
Ma formation s’est faite au magasin directement, avec Jean-Paul Grosso. Il m’a fallu lire et apprendre énormément par moi-même, être curieux, me former et téléphoner pour demander des renseignements aux producteurs. J’avais beaucoup de curiosité intellectuelle : je dévorais toutes les publications sur tout. En plus de la formation au magasin, je suivais également des formations ponctuelles sur Paris, prises en charge par l’employeur.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ou que vous rencontrez encore dans votre reconversion ? Combien de temps vous a-t-il fallu pour vous installer et en vivre ?
Le rachat du commerce a été difficile, la gestion de l’aspect financier et bancaire. Les banques ne font pas confiance par principe et, si on n’a pas passé deux ans où on a pu faire ses preuves, on n’obtient rien. Mais ici, dans ce quartier, les banques sont clientes de la fromagerie, elles se sont donc battues car elles trouvaient le projet sympa : j’avais peu d’apport avec l’IDV qui venait de l’Education Nationale. Pour créeer une entreprise (ou la reprendre), normalement il faut environ 20% d’apport personnel, c’est très difficile quand on est en reconversion, pour ne pas dire inatteignable. Selon les banques, ça aurait pu être très compliqué (on me demandait notamment de réaliser une hypothèque de la maison). Cela a été un véritable parcours du combattant. On est dans une société où il y peu d’ouvertures, même quand on a des projets. Au final, il faut toujours trouver un prêt à une banque quoiqu’il arrive et les cautionnements sont faibles (chambre de commerce,…). L’Education Nationale devrait étudier au cas par cas la prime de départ selon les projets. J’ai pu racheter la fromagerie grâce à Jean-Paul Grosso qui s’est porté garant en me prêtant de l’argent. Sans cela, je n’aurais jamais réussi à accéder à une entreprise comme ça, je n’avais pas assez d’apport, il m’aurait fallu le double de ce que j’avais. J’aurais peut-être pu le faire différemment en vendant la maison, aller en location,… J’ai vraiment dû étudier les risques : vu du côté enseignant, c’est un risque de se reconvertir dans un tel commerce (j’avais même analysé l’éventualité d’un virus du lait qui entraînerait une chute des ventes de fromages). Mais le risque m’a semblé très acceptable : tout y était pour s’en sortir, le lieu, la clientèle… La plus grosse difficulté finalement, ça a été et c’est de passer encore maintenant après quelqu’un qui est connu, et qui a une énorme personnalité, beaucoup de charisme. Dans la gastronomie, il y a quelque chose de psychologique. Si c’est « lui » qui a servi, alors, c’est parfait, il ne peut rien à y avoir à redire. Passer derrière quelqu’un qui a dédié sa vie à sa boutique, à ses clients, qui a une aura,…, ça c’est un véritable challenge !
Une autre grosse difficulté rencontrée a été de dire du jour au lendemain : « je ne sais rien dans ce domaine mais je vais apprendre et je suis capable d’apprendre ». Je ne savais plus rien. J’ai accepté d’être à nouveau un débutant, de ne pas être considéré par la clientèle. Ca me créait du stress… A cela s’ajoutait le regard des gens et le stress de ne pas mettre sa famille en péril financièrement ou justement, familialement, pour les enfants. Il faut être sûr lors d’un tel projet que la famille va accepter le rythme de travail de la nouvelle vie. J’ai connu un collègue qui a quitté l’Education Nationale et qui est revenu rapidement pour ces raisons. J’avais surtout peur de ne pas subvenir aux besoins de ma famille. Mais certains collègues, notamment des directeurs, pouvaient y voir une régression sociale et développaient des visions stéréotypées… On me voyait avec des chèvres. Malgré tout, j’ai gardé contact avec l’école et les élèves puisque je participe à des semaines du goût pendant lesquels je propose des séquences d’apprentissages très poussées sur le formage (avec par exemple de la lecture de paysages, la chaîne du lait,…).
Aujourd’hui, avez-vous des regrets du métier d’enseignant ? Revenus moins élevés ? Vacances ? Fatigue ? Stress ?
Aujourd’hui, je n’ai aucun regret et beaucoup moins de fatigue liée au stress car je maîtrise mieux les choses. Dans le métier d’enseignant, il y a des choses qu’on ne peut pas changer, je me sens plus libre dans ma nouvelle profession. Par contre, je ne regrette pas de ne pas avoir été fromager plus tôt. Ma reconversion m’a demandé beaucoup de sacrifices en temps et c’est arrivé à une période de ma vie où j’avais déjà des enfants plus grands, c’était donc plus gérable. Les enfants partent et on reste avec son métier. Quand il y a beaucoup d’heures, c’est plus facile à faire quand les enfants sont grands, on culpabilise moins. L’Education Nationale m’a appris beaucoup de choses au niveau organisation. Quand je rentre de la fromagerie, il me reste encore beaucoup de choses à faire – mails, courrier, un peu de bureau, les caisses, commandes,… C’est facilement du 70heures par semaine ; au taux horaire, il vaut mieux être enseignant mais ça ne se calcule pas comme cela car c’est motivant ! Le résultat, c’est le sourire des gens, ça c’est mon moteur et ça annule la fatigue. Dans l’Education Nationale, on ne voit que les gens avec lesquels ça ne se passe pas bien, les mécontents, c’est ingrat. Les gens ont une image dénigrée des enseignants et les enseignants eux-mêmes ont une image dégradée d’eux-mêmes. Je pouvais en souffrir comme beaucoup de collègues qui font leur maximum et qui ne sont pas reconnus. Et déjà au bout de quatre ans, je vais retrouver mon niveau de salaire de directeur d’école. C’était une projection, il faut que ça continue comme cela. Ceci dit, c’est un métier dans l’air du temps, les gens ont envie de retourner à des choses du terroir qui leur donne confiance. Il y a une dimension qui ne s’oublie pas malgré la remise en question et la disparition des petits commerces par des politiques d’aménagement du territoire : la notion de conseil. En tant que fromager, je me dois de connaître mes produits mais également les goûts de mes clients pour leur proposer le produit le plus ciblé possible et c’est passionnant, j’ai appris à mener mes produits (plus ou moins affinés) et à faire parler ma clientèle, même si bien sûr, il m’arrive encore de me planter.
Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaite réaliser une mobilité professionnelle hors de l’enseignement ?
Je conseillerai à ceux qui veulent se reconvertir de se tourner vers ce qu’on aime faire, en amateur. Il s’agit de ne pas hésiter à aller voir les gens, à dire j’aimerais bien faire votre métier. Il n’y a que ça. Il faut retrouver le modèle d’avant ; il faut aller au devant des gens, des choses… Aller essayer son nouveau métier aux vacances (deux mois !). Les enfants qui voient que leurs parents s’éclatent dans leur métier l’acceptent car ils ont compris que ça n’empêche pas de passer du temps de qualité avec eux même si on en passe moins en quantité. J’ai toujours gardé du temps pour eux, les devoirs,… Un jour, les enfants s’en vont et on reste avec notre métier, c’est important d’avoir gardé du temps pour eux, c’est important de s’épanouir dans son métier. De plus, il y a la question du salaire à se poser : bien analyser si on peut en vivre ou pas. C’est la condition. Avoir un contrat.
Conseils culinaires fromagers pour les fêtes…
La saison, dans la région, est aux truffes, je conseille donc une petite entrée de salade avec du brie aux truffes maison (une petite portion car ce n’est pas donné, on peut tabler sur du Mondor. Les truffes, c’est un arôme qu’il faut apprendre à connaître. Je conseille aussi une excellente tomme bio suisse aux fleurs (c’est un fromage étonnant en raclette et qui convient à tout le monde).
Sinon, je pense qu’il faut vraiment manger moins mais choisir des aliments de meilleure qualité. Au plus les aliments ont du goût, au plus la satiété arrive facilement, au mieux on est contentés. Les gens sont déshabitués de tout cela et ne se rendent plus compte que les aliments n’ont pas de saveur ; je prendrais l’exemple du Caprice des Dieux ; pour moi, c’est juste du lait salé. Les gens ont la sensation soit du salé, soit du sucré mais sortis de cela, ils ne savent pas qu’on peut avoir du fromage sans sel plein d’arômes ou du formage très salé (plutôt pour l’apéritif) avec très peu d’aromes… Leurs palais ne sont plus suffisamment développés… Ils ont un manque de goût flagrant. Je n’en étais pas persuadé mais je l’ai expérimenté : les enfants font de suite la différence et ne peuvent plus manger un comté ou une tomme de grande surface sans râler, une fois goûtés les fromages de la boutique !
Pour en savoir plus… Pour contacter Nicolas… Pour vous rendre à sa fromagerie… N’hésitez pas à consulter son site !
http://www.fromageriegrosso.fr/Accueil.1.html
La FEP-CFDT organise le mercredi 29 janvier 2014 un colloque sur la « santé et les conditions de travail des enseignants » à Paris, en réunissant le matin auprès d’une table ronde de nombreux acteurs institutionnels et syndicaux, et en mettant l’accent l’après-midi sur une conférence avec Rémi Boyer et José Mario Horenstein, co-auteurs du guide pratique Souffrir d’enseigner…Faut-il rester ou partir ? qui évoque d’une manière exhaustive la typologie des difficultés professionnelles que les enseignants rencontrent au cours de leur carrière, en leur proposant des tests d’évaluation de leur degré de souffrance, des exercices pratiques, des conseils, des adresses dans tous les départements de structures adaptées en fonction du type de souffrance ressentie.
Les problématiques qui seront abordées lors de ce colloque sont :
– Quelles perspectives pour les enseignants en difficulté dans leur métier ?
– Comment prévenir ces difficultés ?
– Quels sont les dispositifs de prévention existants dans l’enseignement privé ?
– Comment le syndicat peut-il se saisir de ces dispositifs pour améliorer ou prévenir la qualité de vie au travail ?
Pour s’informer du lieu de la conférence et des horaires :
http://aideauxprofs.org/UserFiles/Colloque-FEP-CFDT_29.01.2014.pdf
Aide aux Profs organise son premier colloque le mercredi 18 juin 2014 de 9h à 12h30 et 14h à 18h à Paris grâce au soutien de la FEP-CFDT, à la Bourse Centrale du Travail, Métro République (l’adresse sera donnée en temps utile).
Cette journée sera consacrée à ces deux problématiques :
– Les difficultés vécues au travail par les enseignants pourraient-elles être résolues par la création d’une Gestion des Ressources Humaines de Proximité ? (matin de 9h à 12h30, les intervenants seront annoncés ultérieurement, tous experts reconnus sur les problématiques étudiées) ;
– Quelles difficultés rencontrent les enseignants pour réaliser leur reconversion professionnelle ? (après-midi de 14h à 18h, tous les enseignants qu’Aide aux Profs a accompagnés depuis 8 ans dans leur seconde carrière sont conviés, et plusieurs exposeront le projet professionnel qu’ils ont réussi, en exposant clairement les difficultés administratives que les pratiques de GRH de l’Education Nationale leur ont imposées).
Sur le site du Café
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