Dès juin, posons les bases pour un mois de septembre avec le moins d’encombres…Même si prévoir n’est pas prédire.
Sans doute qu’à l’école le vieil adage populaire dédié au soin et au souci de soi « Mieux vaut prévenir que guérir » mérite de trouver sa place.
En visite à La Réunion, George Pau Langevin a rencontré le 14 juin la « classe passerelle » de l’école annexe Eugène Dayot de la commune du Port. Pour la ministre, « cet exemple doit être relayé pour voir si ailleurs il peut être dupliqué, évidemment dans le respect des spécificités ».
« Une découverte de l’école au rythme de l’enfant », c’est, pour Kathy Lauret-Lucilly, la caractéristique de sa classe. Ici on s’adapte aux rythmes des enfants. Durant les deux premières périodes de l’année, l’enfant est accueilli en classe avec son parent durant deux heures. Il découvre l’école, s’amuse, fait des ateliers toujours en compagnie de son parent. Puis, au fur et à mesure de l’année, enfant et parent restent toute la matinée. Enfin les parents quittent progressivement la classe, pour ne revenir qu’une matinée par semaine. Cela permet de faciliter la séparation entre parents et enfants et aussi de faire entrer les parents dans l’univers de l’école.
Un projet tri-partite
Pour Jean-Paul Burkic, IEN de circonscription, ce dispositif est une réponse aux problèmes importants au niveau langagier mais aussi aux difficultés éducatives des élèves en petite section. Dans ce quartier défavorisé, le projet est développé en partenariat entre l’Education Nationale, la commune et la CAF. Ainsi, la mairie met à disposition une ATSEM titulaire d’un CAP petite enfance, et la CAF une éducatrice de jeunes enfants.
Autre priorité du dispositif, l’éducation à la parentalité
Quelques heures après la visite de l’école Eugène Dayot, lors de la réunion du groupe académique de pilotage de l’éducation prioritaire, la ministre a évoqué la classe passerelle et le témoignage de Maëlle, Maman de Kelsy, qui avait bénéficié du dispositif l’année dernière. « Il faut associer les parents, qu’ils se sentent reconnus et considérés comme des acteurs essentiels de la réussite de leur enfant », dit la ministre. Kathy Lauret Lucilly partage son expérience d’enseignante. « Au début, quand on m’a dit qu’il y aurait des parents dans la classe, j’étais un peu réticente ». Mais au fur et à mesure des activités de groupe, l’enfant et son parent se sont mis à jouer ensemble, à prendre le temps d’être ensemble, à se découvrir ou se redécouvrir… « Avant, l’après midi à la maison, j’avais l’habitude de regarder le feuilleton quotidien, désormais, le feuilleton, je l’écris avec ma fille tous les jours », déclare, ravie, Maëlle.
L’école devient un lieu de vie
« Ici, ce sont les mamans qui pleurent », nous précise K. Lauret-Lucilly. L’école est devenue un lieu de vie, et les chiffres en attestent. A l’issue de l’année scolaire 2011-2012, 16 enfants sur les 18 de la classe passerelle sont entrés en petite section de maternelle. L’année d’après, 14 sur 17. Le taux de fréquentation est élevé : de 82% à 90% de 2010 à 2012. Autre point, en petite section, ces enfants sont devenus les éléments moteurs du groupe. Plus de problème de séparation avec les parents ou de cohabitation avec les autres enfants, qui eux-mêmes se calquent sur les anciens de la classe passerelle.
Une nécessaire prise en compte du créole et du bilinguisme
Pour K. Lauret-Lucilly, l’enseignante de la classe passerelle, qui détient une habilitation langue créole, « c’est un besoin de parler créole avec l’enfant ». Cela permet à l’élève d’avoir des outils pour le français et de faciliter la construction du langage. Pourquoi ne pas imaginer la même démarche dans d’autres lieux, où la prise en compte de la langue maternelle est également un besoin pour l’enfant ? La langue maternelle doit être prise en compte, souligne la ministre.
Par Antoine Maurice
Le mois de juin en maternelle, c’est aussi les préparatifs pour accueillir au mieux les futurs nouveaux élèves de septembre. Des actions « passerelles » sont souvent mises en place avec les structures de l’accueil de la petite enfance, des matinées parcours découverte, il y a de multiples formes pour « marquer ce passage » et appréhender la rentrée de la façon la plus sereine possible, pour les touts petits mais aussi pour leurs parents…
Sylvie Maillard, IMF à Lyon, propose sur son blog un billet illustré de photos où elle raconte comment s’organise cette rencontre, en y associant ses élèves tel un projet de classe qui les fait accéder eux au statut de « grands ». Sont décrits les différents « moments » qui s’écoulent dans une matinée type à la maternelle, y sont découverts tous les espaces qui peuvent générer de l’appréhension (la cour, les toilettes…) et tout est mis en oeuvre pour donner envie et rassurer. De quoi se construire de bons souvenirs, à se remémorer tout l’été, en attendant… le jour J de la première rentrée.
Matinée découverte sur le blog de Sylvie Maillard
Plus fort que le bac, l’entrée à l’école maternelle
Rachel Gasparini, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lyon publie un article dans lequel elle démontre que l’entrée à l’école maternelle constitue un nouveau rite symbolique de notre société moderne. Cet article s’appuie sur une recherche menée sur 3 ans et la diversité des réactions parentales y est annalysée. Le propos rejoint celui d’Agnès Florin: l’important pour l’entrée réussie d’un enfant en maternelle réside dans l’attachement sécurisant aux adultes. Attachement qui aura pu se construire indifféremment par l’intermédiaire d’un mode de garde individuel comme dans le cadre d’une structure collective.
Cet article met en exergue un point important, parmi les invisibles de nos gestes professionnels : pour réussir l’entrée du petit enfant à l’école, il faut avant tout penser à accueillir son/ses parent-s, dans ce qu’il-s est/sont, avec leur confiance dans leur propre norme éducative (ou pas), avec leur appréhension de l’école, du service public…
L’article se conclut sur un appel aux professionnels à veiller à ne pas « substantialiser l’explication des difficultés d’un enfant » : un individu est le produit de multiples contextes et influences, prenons garde à ne pas le réduire à la catégorie socioprofessionnelle de son/ses parents… sinon il y a fort à parier que ce seront encore les parents et les enfants des milieux populaires qui trinqueront.
A lire, pour garder le cap et la clairvoyance sur ce que génèrent nos propres attitudes.
L’article : L’entrée en maternelle, le rituel du premier jour.
http://socio-logos.revues.org/2763
Pour accueillir avec bienveillance, maîtriser les enjeux d’une scolarisation réussie du tout petit, connaître les besoins fondamentaux du jeune enfant (et les respecter), penser l’aménagement de sa classe ; le partenariat avec les structures de la petite enfance, le rythme de ses journées et en plus avoir des billes sur le plan pédagogique. Un vade-mecum à garder à porter de main, dans le sac de plage ou tout près du cahier-journal que vous êtes déjà en train de penser pour l’an prochain.
Dossier pédagogique de la Mission maternelle du Val de Marne sur la scolarisation des moins de 3 ans.
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