Le dimanche 24 mars dernier s’achevait la huitième édition du Festival Européen Latin Grec qui a désormais pris ses quartiers dans la capitale des trois Gaules, sur les quais du Rhône dans les magnifiques locaux de l’Université Lumière Lyon 2.
Reportage photos de ces quatre jours en immersion dans les antiquités gréco-romaines.
Quel lieu plus prestigieux, en effet, que l’Université Lumière Lyon 2, Quais Claude Bernard (en statue sur la photo dans la cour de l’Université, devant l’atrium), pour accueillir ce festival qui mêle avec bonheur contenu savant et divertissant autour des humanités.
Le public est donc accueilli dès le jeudi matin dans l’atrium de l’université où il peut flaner au milieu de deux expositions proposées par les élèves latinistes de Die (26) : la version augmentée de l’exposition « Veni, vidi, visa : du latin et du grec dans mon caddie » qui présente désormais plus de 2000 marques et produits portant des noms grecs ou latins, et « Littérature & Rome Antique 3D » une exposition de photographies 3D de Rome et ses environs légendées par un choix de textes littéraires et de scénarios d’écriture à la première personne rédigés par les élèves.
A 9h30 : une première surprise attend les quelque 440 visiteurs (essentiellement scolaires) du jeudi : une démonstration d’hoplites grecs dirigée de main de maître par l’hoplite en chef Didier Froesel, vu récemment sur France 5 dans le docu-fiction « Au nom d’Athènes » de Fabrice Hourlier.
Dès 10h00, les armes laissent place, dans le prestigieux Grand amphithéâtre de l’Université, aux instruments de musique antiques de la Compagnie Skald qui présente un spectacle intitulé « Fabulae d’après Phèdre et Avianus » avec Jaufré Darroux pour la musique (lyre, harpe antiques) et Sowila Taïbi pour la mise en scène.
Ce sont ensuite les élèves de Mme Arweiler du collège Bellecombe de Lyon qui nous proposent, filmés par une caméra de France 3, une saynète tirée du « Pullus Nicolellus », le Petit Nicolas traduit en latin par les soins de la présidente du Festival en personne, Elizabeth Antébi.
La matinée se termine sur le thème du manga, abordé par Marjorie Lévêque qui nous révèle « L’Antiquité grecque et romaine vue par le manga », et permet aux jeunes et aux moins jeunes de se rendre compte que manga et Histoire antique sont solubles.
L’après-midi reprend en fanfare avec les élèves de Natacha Chautard (Entre Deux Guiers) qui interprètent en latin des chansons du groupe Téléphone, dont une a été traduite par leurs soins. Un grand moment de latin-rock !
Sophie Abric accompagnée de deux de ses élèves du collège Jean Rostand à La Machine dans la Nièvre nous présente son blog « la machine latine » (cf. interview du mois) et quelques unes des vidéos réalisées par ses élèves.
Retour à la BD et plus précisément aux rapports entre « divinités et héros antiques et Super-héros des Comics », présentés par Robert Delord.
Les Comics laissent ensuite la place à deux personnages locaux également hauts en couleur : Guignol et Gnafron, magistralement interprétés par Gérard Truchet qui leur a fait parler un truculent patois lyonnais mâtiné d’expressions et citations latines. Du grand art.
Place au cinéma pour terminer cette première journée du Festival : d’abord avec Guillaume Deheuvels venu parler de l’antiquité au cinéma dans une communication intitulée « Epic, Peplum, Virtuel : miroir déformant ou retour aux textes ? »
puis, ville des frères Lumière oblige, avec le peplum « Faraon » de Kawalerowicz (1965) en version restaurée spécialement programmé pour l’occasion par l’Institut Lumière.
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Pour le début de la deuxième journée, c’est Gérard Collomb en personne et en vidéo qui reçoit les festivaliers. Interviewé par Elizabeth Antébi, le député-maire de Lyon agrégé de lettres classiques explique en quoi, selon lui, les humanités sont utiles aujourd’hui.
On reste sur Lyon avec l’intervention d’Albert Foulon (professeur émérite Rennes 2, Vice-président UTL Rennes), co-animateur du Festival venu parler « (d)es empereurs Claude et Caracalla, natifs de Lyon : autour de la citoyenneté ».
Partenaires européens du festival cette année, les élèves siciliens de terminale de Daniela Giusto et Rocco Schembra (lycée «Gulli e Pennisi» de Acireale ; Catane) ont présenté, dans une vidéo tournée dans un français parfait, leur Magna Graecia, avant d’interpréter « Le Cyclope », une adaptation en français d’après Ovide et Théocrite.
A quelques dizaines de kilomètres au sud de la Sicile, se trouve la république insulaire de Malte que Pierre Clive Agius, ambassadeur de Malte en France est venu présenter aux public du festival (« Malte antique, un point-clé en Méditerranée »). Après avoir été présenté en langue latine par Abraham Bengio, agrégé de Lettres classiques et directeur général adjoint de la Région Rhône-Alpes, le diplomate a révélé à l’assistance la richesse du patrimoine historique maltais de la préhistoire jusqu’aux guerres puniques.
Pour conclure l’après-midi, la compagnie Skald a fait son retour avec son spectacle « Metamorphosis » (le site Internet de la compagnie :
Puis Nicolas Boulic, PRAG de Lettres, Responsable pédagogique des Licences LM et LAS à Valence, a conclu en abordant la « Modernité d’Aristophane ».
Les participants du festival ont ensuite pris la direction de la somptueuse salle de réception de l’Université
pour prendre part à un dîner grec, « Le Banquet des Héros » animé par un petit groupe d’étudiants de prépa, « L’Irréel du Futur » qui a joué avec brio quelques scènes du Ploutos (« Le Fric ») d’Aristophane, dans la traduction de Michel Host.
Cette soirée du vendredi s’est achevée devant l’Université, sur les quais du Rhône, en compagnie d’Hubert Maigre, chercheur au CNRS, venus nous présenter les astres et constellations et leurs légendes mythologiques. Malheureusement le ciel lyonnais bouché par les nuages n’a pas permis une observation à la lunette astronomique.
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Autre temps fort du festival depuis plusieurs éditions, le forum des métiers a été ouvert par Abraham Bengio (cf. supra) qui a évoqué l’importance des deux courants de l’Humanisme (gréco-latin et hébraïque) dans sa carrière. Laure-Diane Loquet, professeur de l’Ecole Bilingue de Paris a évoqué l’importance du latin pour le bilinguisme, suivie d’autres témoignages.
Dans la droite ligne du Ploutos d’Aristophane joué la veille, Jean-Philippe Bidault, ancien élève de Normale Sup en Sciences physiques, titulaire d’une maîtrise de Lettres et diplômé de l’Institut de Haute Finance, auteur de « Si l’argent m’était conté : l’invention de la monnaie par les Grecs » est venu parler de l’argent dans l’Antiquité.
Georges Prevelakis, Professeur de Géopolitique à l’Université Panthéon-Sorbonne, vu à la télé sur le plateau de l’émission « C dans l’air » a clôturé cette matinée en questionnant notre mythologie de la Grèce : « Sans la Grèce, l’Europe humaniste a-t-elle un sens ? »
Le samedi après-midi, le Festival Européen Latin Grec a migré au Grand Temple de Lyon.
Au programme, un concert du pianiste Daniel Cadé « mythes et volonté de représentation » jouant Gluck, Beethoven, Szymanowsky, Debussy et De Falla dans un cadre propice à la méditation.
Paul Mattéi (Université Lyon 2) : est ensuite intervenu sur le thème de l’Africa Romana, « Dialogue en Méditerranée : Rome, l’Afrique et nous » citant Apulée et Saint Augustin, avant de laisser le mot de la fin à une improvisation avec spectateurs sur la fantaisie lyonnaise en 1 acte « Caracalla », de Dumanoir et Clairville et à quelques extraits de la « Phèdre à repasser » Pierre Dac.
Le Festival s’est terminé dimanche en fin d’après-midi. Au programme de cette journée à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu participer, une visite guidée du Musée Gallo-Romain de Lyon Fourvière qui abrite actuellement une exposition temporaire consacrée au peplum ; un défilé antique costumé du musée jusqu’au quartier Saint-Jean ; et enfin une visite en car de Lyon antique et moderne.
Bref, nous avons assisté cette année encore à un festival riche et éclectique, mariant avec succès les genres, sujets et registres. Nous vous tiendrons bien sûr informés de la sortie des cahiers du festival et des premières informations concernant la prochaine édition.
En attendant, vous pouvez consulter le site du FELG :
http://www.festival-latin-grec.eu
celui de l’Association Fortuna Juvat :
http://associationfortunajuvat.wordpress.com
ou revoir le reportage que France 3 Lyon a consacré au festival :
http://rhone-alpes.france3.fr/2013/03/22/lyon-version-langues-[…]