Les 8 mars se succèdent. Devenus « journée internationale des femmes », ils s’élargissent, s’étoffent, quittent les thèmes caricaturés de l’égalité hommes/femmes pour se frayer dans les complexités d’une société qui demeure inégalitaire. Comment l’école pourrait-elle favoriser une plus grande équité, gommer les différences entre les genres, différences de traitement, différences de représentations ? Quelles sont les données réelles qui alimentent une préoccupation politique renouvelée ?
Le Café Pédagogique fête le 8 mars, fête les femmes qui font bouger l’école en s’attardant sur les détours et les contours d’une question loin d’être résolue. Suffira-t-il de nouvelles conventions pour changer en profondeur le regard sexué porté sur l’orientation, sur l’insertion professionnelle, interroge Claude Lelièvre. Cendrine Marro en doute aussi, traquant avec humour les traces genrées dans les programmes, les livres scolaires.
La parité est aussi affaire de volonté politique. De Najet Vallaud-Belkacem à Henriette Zoughebi, les femmes portent haut la nécessaire égalité pour que simplement les filles aient les mêmes chances que les garçons de réussir à l’école et au-delà de prendre les chemins qui leur conviennent sans que les pesanteurs des représentations viennent dresser des embûches.
Les vues, les habitudes changent lentement, nous l’espérons et nous l’observons. Elles changent par l’école, grâce à l’école, là où de multiples initiatives se déploient animés par des hommes et des femmes. Claire Berest, avec « la mixité s’ex’prime » développe des pistes variées pour faire bouger les regards des lycéens. De telles initiatives, nous souhaitons les découvrir, les raconter, les partager. Lors du prochain forum des enseignants innovants qui se déroulera les 5 et 6 avril à Nantes, nous avons choisi de nous associer au Ministère des Droits des Femmes pour récompenser un projet inventif sur la question de la qualité garçons-filles.
Un jour peut-être, les chiffres donneront raison à ceux pour qui le 8 mars est une célébration inutile voire ridicule. Alors ce jour là, le dossier « journées des -femmes » tombera en désuétude. Un jour sans doute, la préoccupation de l’équité entre les genres sera partagée, diffuse dans le calendrier sans nul besoin de repérer un jour dans l’année pour la souligner. Alors ce jour là, nous nous dirons que l’éducation a fait du joli travail. En attendant, cette année encore, nous publions un dossier le 8 mars et nous continuerons tout au long des mois à venir à héberger dans nos colonnes les faits et les données d’une inégalité qui perdure ici et ailleurs.
Monique Royer