D’abord la branche de l’insertion professionnelle et de l’enseignement professionnel. En dépit de pas moins de trois conventions interministérielles sur le sujet dès les années 1980, la répartition des taux de filles dans les divers secteurs de l’enseignement professionnel ( très marqués par le ‘’genre’’ le plus souvent ) est restée quasiment identique durant ce dernier quart de siècle ( cf, pour en savoir plus, mon dernier billet sur Médiapart ). Et cela en dépit de mises en évidence et de mises en cause récurrentes…
La dernière convention interministérielle signée notamment par Najat Vallaud-Belkacem ( ministre des droits des femmes ) et Vincent Peillon ( ministre de l’Education nationale ) le 7 février 2013 ne déroge pas à la règle ( sous le titre : « Le service public d’orientation au service de la mixité » ), avec cependant quelques innovations . Il est en effet précisé qu’ « un site de l’ONISEP, ‘’objectif égalité’’, visant à lutter contre les stéréotypes dans l’orientation sera mis en ligne en 2013 », et que « pour encourager les vocations, l’éducation à l’orientation pourra notamment prendre appui sur les réussites de femmes et d’hommes dans des métiers considérés respectivement comme ‘’masculins’’ et ‘’féminins’’ ».
Ensuite la branche de la lutte contre les stéréotypes de genre ( qui n’est pas sans lien avec la première, mais qui est en principe d’une portée plus ample ).
Cela a plutôt pris jusqu’ici comme vecteur ( et cela depuis aussi les années 1980 ) la mise en cause du sexisme plus ou moins prononcé à l’œuvre dans les manuels. Sans grand succès là aussi…. Dans un ouvrage paru en 2001 aux PUF sous le titre « L’histoire des femmes publiques contée aux enfants » ( écrit en collaboration avec ma femme, alors déléguée régionale aux droits des femmes en Picardie ) j’ai pu montrer que la place des femmes ( très minorée et biaisée) est restée quasi inchangée tout au long du vingtième siècle dans les manuels d’histoire du primaire… Et la lecture cursive de nombre de manuels actuels n’est pas de nature à infirmer ce diagnostic pour l’essentiel.
La nouvelle convention interministérielle signée en févier 2013 annonce « la création d’un programme ’’ABCD’’ de l’égalité’’ qui s’adresse à l’ensemble des élèves de la grande section de maternelle au CM2 et à leurs enseignants, et vise à déconstruire des stéréotypes de genre » . Il est prévu qu’ « une documentation pédagogique , coproduite par le ministère du droit des femmes et le ministère de l’éducation nationale, sera mise à la disposition des enseignants sous forme physique et numérique ».
Surtout, il est dûment prévu – et c’est indéniablement une nouveauté – « Une formation à l’égalité pour les enseignants » : « un module spécifique ’’lutte contre les stéréotypes de genre dans les pratiques professionnels sera prévu dans le cahier des charges des futures écoles supérieures du professorat et de l’éducation qui ouvriront à la rentrée 2013 ». Et la formation continue n’est pas oubliée : « cette thématique sera également déclinée dans la formation continue de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale […] . Des outils de formation en ligne seront établis et mis à disposition sur les sites disciplinaires et généralistes du MEN ».
Acceptons–en l’augure, en espérant que cela sera enfin de nature à ‘’’faire bouger les lignes’’…
Enfin la branche de la lutte contre les violences sexistes ( désormais couplée à la lutte contre l’homophobie ), en liaison avec le ‘’serpent de mer’’ de « l’éducation sexuelle » ( souvent proclamée mais peu pratiquée ).
Il est bien affirmé dans la nouvelle convention interministérielle de février 2013 que « la circulaire du 17 février 2003 relative à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées sera actualisée pour être mise en œuvre de manière effective » et qu’ « un groupe de travail présentera un plan d’action pertinent et innovant pour relancer l’éducation à la sexualité dans toutes ses dimensions ». Mais on attend de voir pour y croire vraiment. D’autant que, pour ce domaine comme pour d’autres qui ont trait aux « éducations à » ( à la santé, au développement durable, à l’orientation, etc ) on se doit d’être en principe dans une logique qui ne relève pas de la logique dominante foncièrement disciplinaire du fonctionnement de notre système éducatif. Et ce n’est donc ni simple, ni évident à mettre effectivement en œuvre.
Claude Lelièvre