« Il est possible de former beaucoup mieux les enseignants tout en dépensant moins ». C’est le message que le GRFDE, un groupe d’universitaires et de formateurs, fait passer le 9 janvier au gouvernement alors que celui-ci va légiférer sur la formation des enseignants.
Une formation en trois ans au lieu de deux. Le GRFDE propose de recruter les futurs enseignants en fin de L3 et de poursuivre cette formation sur trois années. » Cela permettrait de mettre en place une formation ambitieuse, de qualité à la hauteur des enjeux assignés à l’école de la République : trois années sont en effet nécessaires pour assurer simultanément un haut niveau de qualification disciplinaire, une alternance progressive, une formation didactique et pédagogique sérieuse en prise avec les stages, l’articulation étroite de la formation à la recherche ; d’autoriser l’accès de ces métiers à un plus grand nombre d’étudiants issus de catégories sociales populaires, grâce à la rémunération de ces trois années (deux comme élève-professeur, une comme fonctionnaire-stagiaire) et de s’engager dans les meilleures conditions possibles dans une formation de qualité; de lutter contre la crise du recrutement ».
Pour moins cher ! « Au fil de nos différentes contributions, il nous a été souvent objecté que ce que nous mettions en avant était utopique sur le plan budgétaire dans un contexte international de crise qui n’épargne pas la France », affirme le GRFDE. Dans son étude publiée le 9 janvier, le groupe affirme que cette solution (concours en fin de L3 ouvrant sur deux années de master organisant une formation professionnelle de haut niveau rémunérée en tant qu’élève-professeur + une année rémunérée en tant que fonctionnaire stagiaire) est la moins onéreuse. Cela tient d’abord au fiat qu’on recrute moins de personnes quand le concours d’admissibilité est placé en fin de L3. Les jeuens admis suivent ensuite le cursus alors qu’il faut 400 étudiants pour remplir un poste quand le concours a lieu en master. Deuxième opportunité, chiffrée par le GRFDE, l’Etat ne paye pas de charges sociales sur des allocations d’études alors qu’il en paye pour des salaires versés à de futirs enseignants salariés. Selon le GRFDE on pourrait ainsi avoir 3 années de formation en faisant économiser près d’un milliard par an.
« Nous en appelons à l’esprit de responsabilité du Président de la République, du Premier ministre, des deux ministres directement concernés par ce dossier, Vincent Peillon et Geneviève Fioraso, et de la majorité parlementaire », demande le GRFDE. « Avant d’engager une réforme qui régira la formation des enseignants pour de nombreuses années, prenez le temps d’examiner le dispositif que nous défendons. Vous devez vous poser deux questions : y en a-t-il un, parmi les diverses propositions existantes, qui permettrait de mieux former les enseignants ? Son coût est-il supportable pour la Nation ? »
François Jarraud