Le Forum est terminé, mais les projets demeurent. Nous vous présentons ici la suite des actions que nous avons pu découvrir à Orléans les 1er et 2 juin et qui montrent bien toute la richesse et la diversité des talents personnels, des élèves comme des enseignants, sur lesquels ces projets sont construits.
« Editions Nolan »
A l’ère où lire-écrire-publier devient par la grâce du numérique une seule et même activité, et si les élèves devenaient éditeurs ? En collaboration avec Bruno Gonzales, enseignant d’arts plastiques, et Karen Lerebourg, professeur-documentaliste, René Fix, professeur de lettres, a lancé un beau défi à ses élèves de quatrième : réaliser une nouvelle édition d’un célèbre conte de Voltaire, depuis la maquette jusqu’à l’appareillage critique. Le projet renforce le compagnonnage avec un classique de la littérature, il permet d’entrer à l’intérieur de la fabrique d’un livre, il développe les capacités d’écriture, de traitement de l’information, de travail collaboratif etc. Un travail passionnant, amené à faire des petits ?
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« Ecrire en musique » :
M. Lebretton et M. Hirondelle sont professeurs de lettres et d’occitan-lettres au Collège Les Fontanilles de Castelnaudary. Ils partagent un goût pour la musique et un talent d’instrumentiste, ce qui les a conduits à inventer un dispositif pédagogique original, mobilisateur et formateur. En reliant les arts, ils développent la sensibilité esthétique de leurs élèves de quatrième. En utilisant des supports originaux, des instruments traditionnels ou des outils numériques, ils suscitent la créativité, le plaisir et le souci de bien écrire, d’écrire juste, jusque dans la fidélité à une impression musicale. Et si un enseignant innovant était un professeur qui utilisait ses passions pour qu’un peu de passion entre à l’école ?
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« Si La Fontaine m’était conté » :
Isabelle Abiven, professeure-documentaliste, et Magali Choiseau, professeure des écoles spécialisée, enseignent dans l’Etablissement Régional d’Enseignement Adapté François Truffaut, qui accueille à Mainvilliers des élèves en grande difficulté scolaire. La conception, la préparation, la réalisation d’un spectacle de marionnettes et de fables de La Fontaine, avec la complicité d’un calligraphe et d’un conteur, ont permis de travailler chez les élèves des compétences diverses de lecteur et de scripteur ainsi que de développer l’aisance à l’oral. Un projet de bâtisseur, où il s’agit moins d’échafauder un spectacle que de reconstruire l’image de soi…
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« Un rap pour tout changer »
« J’ai retrouvé pendant cette aventure une âme d’adolescente, et eux sont devenus à mes yeux (et certainement aux leurs) beaucoup plus grands ».
Propos de Marie Soulié recueillis par Jean-Michel Le Baut
Marie Soulié enseigne le français au collège Daniel Argote à Orthez. En collaboration avec des collègues d’enseignement artistique et d’EPS, elle a animé une expérience hip-hop-pédégogique : ses élèves ont entièrement conçu et réalisé un rap (textes, musiques, chorégraphie, vidéo-clip). Le projet part des élèves, de leur culture, de leurs goûts, de leurs talents, pour développer les capacités d’écriture, diffuser des valeurs citoyennes, et même produire de l’énergie scolaire !
Votre projet s’intitule « Un rap pour tout changer » : que vouliez-vous changer quand vous l’avez lancé ?
Je voulais prouver à mes deux classes de quatrième qu’elles étaient capables de mener à bien un projet qui au départ paraissait insurmontable. Les élèves avaient l’habitude de se démotiver très vite, rien ne semblait les intéresser. J’ai compris assez rapidement que pour une bonne partie d’entre eux ce que je proposais au quotidien ne suffisait pas. Trop loin de leur réalité, il fallait absolument les écouter, accepter leurs propositions, les découvrir tout simplement. Je voulais qu’ils se prouvent qu’ils étaient capables, et avais aussi besoin pour être honnête de me le prouver à moi aussi. Dès la première séance, j’ai su que cela réussirait car quand 60 élèves acceptent de se réunir sur leur temps libre pour mener un projet, rien ne peut les arrêter. A nous alors adultes de structurer, organiser sans jamais brider.
Vous avez mené des ateliers d’écriture autour de la chanson : concrètement, comment y travaillez-vous avec les élèves ?
Toujours le même point de départ : négociation du thème puis on détaille la question du message. Qu’ont-ils envie de dire ? On écrit la réponse sur une carte heuristique et on dégage les mots clés. Ensuite vient le temps de la rédaction, pas de forme figée, la musique s’adaptera ! On construit un refrain et on cherche un titre.
Pourquoi le choix de travailler sur le rap plutôt que sur d’autres formes musicales ?
L’idée du Rap ne vient pas de moi mais des élèves. Je n’étais pas fan au départ de ce genre musical mais ils m’ont convaincue. Un jour pendant la pause déjeuner, 4 élèves de la classe m’ont donné rendez-vous dans ma salle, ils voulaient me faire écouter une chanson. J’ai fait la connaissance ce jour là d’Axel, le rappeur. Il m’a chanté sa dernière composition et j’ai été épatée. Lui qui refusait d’écrire une ligne en classe, voilà qu’il me déclamait avec une assurance incroyable les 3 minutes de textes écrits de ses propres mains, j’avais du mal à y croire.
Le travail a connu diverses étapes : composition de la musique, mise en voix, écriture du scénario, réalisation du vidéo-clip … Quelles sont les étapes qui vous ont posé des difficultés ? Avez-vous bénéficié de collaborations ? Comment les élèves ont-ils été associés à ces étapes ?
Les élèves étaient omniprésents dans chacune des étapes, il faut dire que quelque fois ils maîtrisaient mieux que moi, notamment pour la composition de la musique sur l’ordinateur qui a été pour moi l’étape la plus difficile car je ne suis absolument pas musicienne.
Ce rap a été aussi un véritable travail d’équipe, rien n’était prévu au départ, pas de joli projet écrit, nous nous sommes laissés porter collectivement par la vague de l’enthousiasme.
La collègue d’EPS a fait la scénographie, le collègue de musique a mis en forme les chants. Lors du tournage, les élèves ont été associés aux différents tableaux présentés mais certains étaient également chargés de la technique (mise en place de la sono, du travelling, prise de vues). Le montage a été réalisé dans mon atelier vidéo. Nous n’avons reçu aucune aide extérieure pour ce projet. Il ne nous a rien coûté, sauf beaucoup de temps et d’énergie mais si c’était à refaire, on le referait !
« J’ai retrouvé la flamme », disiez-vous dans la présentation de votre projet : pouvez-vous expliquer ce qu’il vous a apporté, aux élèves et à vous ?
J’ai appris que les projets qui n’étaient pas forcément bien pensés, bien rédigés dès le départ n’étaient pas forcément voués à l’échec .Enseigner, c’est anticiper certes, mais c’est quelque fois aussi faciliter et concrétiser les idées des jeunes, être réactif. Il faut savoir laisser la porte ouverte aux opportunités, aux rencontres, et surtout faire confiance aux jeunes. J’ai retrouvé pendant cette aventure une âme d’adolescente, et eux sont devenus à mes yeux (et certainement aux leurs) beaucoup plus grands.
Vidéo à découvrir sur le site du collège :
http://webetab.ac-bordeaux.fr/college-daniel-argote/