Par François Jarraud
Le ministère de l’éducation nationale a officiellement annoncé une révision du calendrier scolaire 2012-2013 de façon à ajouter deux journées de vacances à la Toussaint qui seront rattrapées le 5 juillet et un mercredi d’avril ou de mai. Cette décision fait suite à un vote du Conseil Supérieur de l’Education (CSE) le 28 juin. Pour l’Unsa, cette modification signe la victoire du « bloc majoritaire de changement ».
Quelle importance donner au vote du CSE et à la décision ministérielle ? S’agit-il d’une modification infime du calendrier scolaire, comme les faits donnent à le penser ? Ou bien faut-il y voir une étape essentielle de la lutte d’influence à l’intérieur de l’éducation nationale, comme l’Unsa nous y invite ?
Le calendrier modifié
La modification du calendrier scolaire est de faible ampleur. Les prochaine vacances de la Toussaint débuteront le samedi 27 octobre 2012 et se termineront le lundi 12 novembre 2012 au matin. Deux journées de classe sont donc supprimées. Une d’entre elles sera récupérée le vendredi 5 juillet 2013, les vacances d’été commençant le samedi 6 juillet « après la classe ». L’autre journée sera récupérée le mercredi 3 avril ou le mercredi 22 mais sur décision rectorale.
Cette décision est conforme aux recommandations des chronobiologistes et de l’Académie de médecine d’une alternance régulière de semaines de cours et de vacances sur un rythme 7 – 2. Elle résulte d’une demande de la FCPE au CSE du 8 juin. Quel effet ce strict respect du rythme 7-2 aura-t-il sur la santé et la scolarité des enfants ? A l’évidence il sera très faible. Tout le bruit fait autour de cette modification a sa source ailleurs : dans le vote du CSE.
Le CSE a adopté la proposition de modification du calendrier scolaire par 48 voix pour (Unsa, Sgen, Snuipp, Fcpe, lycéens). Il y a eu 5 voix contre (Peep, Unetp, FO) et 17 abstentions ou refus de vote (Snes, Snep, Snalc, Snuep). Si l’unanimité s’est faite sur le principe du 7-2, la question du rattrapage et l’urgence de la décision ont opposé les syndicats. « Si on pense que l’alternance 7-2 est une bonne chose alors il faut prendre les modalités en ce sens », nous dit-on au Se-Unsa. A la Fcpe on se félicite : « c’est le début du changement », écrit JJ Hazan, « vivre mieux pour bien apprendre à l’Ecole ! »
Est-ce une victoire ?
Pour Laurent Escure , secrétaire général de la fédération Unsa Education, ce vote marque la victoire du « bloc majoritaire de changement ». L. Escure défend l’idée d’un bloc car « il y a des votes répétés sur le socle commun ou les rythmes scolaires qui associent l’Unsa, le Sgen, la Fcpe, les lycéens et la Ligue de l’enseignement… C’est un groupe, un rassemblement pas une organisation », ajoute-il. « C’est un souhait par rapport à la loi de programmation et déjà une réalité sur certains sujets ».
Au Snes, Roland Hubert tempère cet enthousiasme guerrier. « Chez les enseignants, le seul bloc majoritaire c’est celui de la FSU aussi bien au primaire que dans le secondaire », remarque-t-il. Le Snes s’est abstenu sur une mesure qui ne lui semblait pas urgente et dont le rattrapage lui semble problématique. « Le débat sur la loi d’orientation mérite quelque chose de moins idéologique », estime-t-il. « Après 5 années difficiles, le système éducatif a besoin d’éviter les affrontements ».
Très remontée contre la réforme, la Peep, seconde association de parents derrière la Fcpe, déplore que « la première mesure phare octroie aux élèves et aux professeurs deux jours de vacances supplémentaires ». Si l’allongement d’une journée en juillet sera bien travaillée par les enseignants, elle ne sera pas forcément vécue comme telle par les parents compte tenu des effets de la tenue des examens dans le secondaire. Par contre le rattrapage d’avril et de mai ne pourra qu’être partiel au collège et à l’école et sans doute inexistant au lycée.
Si certains enseignants peuvent gagner une demi-journée ou une journée de congé dans cette modification, les grands vainqueurs du nouveau calendrier restent cois. Pour l’industrie du tourisme les deux journées de vacances de la Toussaint sont deux journées de travail supplémentaires.
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