Par François Jarraud
Evaluation des enseignants : La réforme appliquée à la rentrée 2012
Les syndicats face à la nouvelle évaluation
Changer l’évaluation pour bloquer les carrières ?
Evaluation pataphysique
Non, le niveau ne monte pas l Quand Chatel invente le travail gratuit l Rythmes scolaires : Chatel décidé à aller au bout ? l Délai de carence ou délit d’initié ? l Balzac : Suspension de la grève pour cause de succès l Accord CNAM – Microsoft l Educatec Educatice : Inscrivez-vous.
Malgré la crise, le nombre de boursiers est en chute l Comment être parent aujourd’hui ? .
Séminaire Sankoré : Faire la classe à l’ère du numérique l Comment faire face à la mixité ethnique ?…
Les mineurs sont-ils plus violents ? .
Casanova, héros de la liberté l Poésie contemporaine au lycée l Pékin boira de l’eau désalinisée.
Evaluation des enseignants : La réforme appliquée à la rentrée 2012
Qui doit noter les enseignants et comment les évaluer ? La question pourrait bien s’inviter dans la campagne des présidentielles après la publication, le 15 novembre, par le Café pédagogique des projets d’arrêté et de décret sur l’évaluation des enseignants. Mais pour Josette Théophile, DGRH du ministère de l’éducation nationale, la route est toute tracée. Les textes sont prêts et la nouvelle évaluation des enseignants va s’appliquer à la rentrée 2012.
Après la publication des projets de texte sur l’évaluation des enseignants, nous avions trois questions pour Josette Théophile, directrice générale des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale. Comment un chef d’établissement peut-il évaluer les compétences disciplinaires d’un professeur ? Comment évaluer les progrès des élèves, ceux-ci étant un des 4 critères d’évaluation ? Et enfin quel calendrier pour la réforme ?
Lisez l’entretien avec J. Théophile
Les syndicats face à la nouvelle évaluation
Au rejet plus ou moins violent des syndicats d’enseignants, s’oppose pour le moment le silence des syndicats de cadres. « Totalement inacceptables », pour le Snes, le Snep et le Snuep, les projets de texte sont vivement critiqués. « Ce qui deviendra de fait premier, ce n’est plus le cœur du métier, la capacité de l’enseignant à faire acquérir savoirs et compétences à ses élèves, mais tout ce qui est périphérique à l’acte d’enseigner », écrit le Snes. « Cela changera le sens du métier d’enseignant mais aussi le rôle de l’Ecole envers les élèves, dans la mesure où l’appropriation et la maîtrise de savoirs, l’acquisition de compétences seraient minimisées ». Le syndicat fait allusion au fait que l’inspection n’évaluera plus. Il dénonce aussi « le gel des promotions jusqu’en 2015 » du fait du changement de système d’avancement.
Interrogé par le Café, Guy Barbier du Se-Unsa, estime ces textes « pas acceptables ». « On est attaché au regard croisé IPR – chef d’établissement. Ce dernier a son mot à dire dans certains aspects mais le regard pédagogique ne peut venir que de l’inspection. Comment le chef d’établissement pourrait-il apprécier les compétences disciplinaires comme le demande le texte ? C’est aberrant ». Le Se-Unsa rappelle quand même les défauts du système actuel : irrégularité des inspections, absence de critères objectifs et connus.
Le Sgen « salue la disparition de l’inspection individuelle » et demande de « déconnecter la question de l’évaluation des modalités d’avancement… Il est inacceptable qu’avec le nouveau système les personnels soient perdants dans le déroulement de leur carrière ».
Les syndicats de chefs d’établissement et d’inspecteurs n’ont pas encore réagi aux projet d’arrêté. En février 2011 ils avaient jugé négativement l’entretien d’évaluation des enseignants annoncé par J Théophile. « Le Snpden, premier syndicat de chefs d’établissement, ne voyait pas comment techniquement il sera possible de passer de la gestion de masse des enseignants à une gestion individuelle. P Roumagnac, pour le SIEN, syndicat d’inspecteurs, disait : « le fait de mener de tels entretiens ne s’improvise pas et ni les chefs d’établissement, ni les inspecteurs ne sont formés pour cela. La généralisation brutale de la démarche apparait donc totalement contre-productive ».
Changer l’évaluation pour bloquer les carrières ?
Dans ce domaine comme dans d’autres, le ministère vise-t-il avant tout les économies ? La question peut être posée en reconstituant le déroulé des carrières tel que le prévoit le projet de décret. Sur ce graphique l’axe de gauche correspond aux années.
A l’ancienneté, dans le système actuel il faut 12,5 ans pour atteindre le 8ème échelon. Il en faudra 15 avec le nouveau. Au grand choix, une carrière théorique dure 16 ans et 9 mois aujourd’hui. Elle nécessiterait 25 ans avec la nouvelle évaluation. C’est une énorme masse salariale d’économie potentielle et un coup d’arrêt à l’augmentation de la masse salariale par l’effet GVT.
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L’Éditorial de Marcel Brun
Evaluation pataphysique
A partir de dorénavant, les enseignants seront évalués sur les progrès de leurs élèves. Voilà la nouvelle doxa affichée tranquillement par le ministère. Imaginons que nous le prenions au mot. Mais c’est quoi, évaluer les progrès des élèves ? « Dans l’absolu c’est une difficulté », nous dit J Théophile, DRH de l’Education Nationale. Mais « dans le cadre d’une évaluation régulière tous les 3 ans, on peut utiliser des indicateurs comme la réussite aux examens ou le niveau de la classe ».
Ah, oui, c’est bien comme idée, ça. M. Martin, prof en Réseau Ambition Réussite, taux de réussite au Brevet : faible. Conclusion : « vous passez à l’ancienneté ». Défense de M. Martin : « Ah, non, c’est pas juste, c’est les profs des classes d’avant qui sont nuls ! ». Conclusion : « bon, de toutes façons on les mettra aussi à l’ancienneté, ils n’ont pas été assez performants dans l’individualisation »…
Et au primaire ? « L’évaluation Grande Section montre trop d’élèves à risques dans votre école. Vous avez réalisé votre auto-évaluation comme demandé par l’inspecteur ? Non ? Bon, de toutes façon, c’est pas grave, parce que même si on vous fait passer au choix, votre progression de carrière sera plus lente de 6 ans, par rapport à l’ancien système. Des économies ? Oui, on pense qu’on va en faire pas mal. Pourquoi ? »
A partir de dorénavant, le ministère sera jugé à l’aune des progrès qu’il aura fait faire aux élèves, et en particulier aux plus en difficultés, à ceux qui ont le plus besoin de l’école. Et si par hasard les évaluations internationales montrent que ledit système éducatif est de plus en plus inégalitaire, quelle sera la conséquence ? On baissera la note du ministre ? On se tordra de rire à son passage ? On le flagellera en place de Grève ? Qui a dit « passé les bornes, ya plus de limites ? » Alfred comment, déjà ? Rappelez-moi le titre d’un des ses ouvrages, à l’occasion…
Marcel Brun
Non, le niveau ne monte pas
Le niveau des élèves ne monte pas. C’est ce qu’établit contre vents et marées la nouvelle édition de l’Etat de l’école, une publication annuelle de la DEPP.
« A la fin de l’école primaire, entre 2003 et 2009, les performances des élèves en compréhension de l’écrit marquent une grande stabilité. Près du tiers des élèves maîtrisent complètement les compétences en compréhension écrite fixées par les programmes. 13% sont en difficulté voire en grande difficulté ». Ces résultats basés sur l’étude d’un échantillon suivi annuellement par la Depp ne surprendront pas les enseignants. L’encadrement en baisse des élèves peut difficilement s’accompagner d’une hausse des résultats. La même stabilité se retrouve à l’âge de 15 ans dans les évaluations PISA entre 2000 et 2009, même si la proportion d’élèves peu performants a augmenté.
C’est pourtant ce que proclame le ministère en brandissant les données sorties des évaluations nationales de CM2 et CE1 imaginées par la Dgesco. Il y a donc deux regards différents jetés sur l’efficacité du système au sein de la même institution. C’est aussi pour cela qu’il faut saluer la publication de cet Etat de l’école…
Quand Chatel invente le travail gratuit
Dans une lettre commune adressée à Luc Chatel, le Sgen Cfdt et la Fep Cfdt dénoncent la non rémunération de l’heure de vie de classe. « Un courrier du secrétaire général du ministère de l’Education nationale de la Jeunesse et de la vie associative, M. Jean Marimbert, daté du 6 septembre 2011 et adressé aux recteurs, indique que les heures de vie de classe relèvent des obligations de service des personnels concernés et ne donnent lieu à aucune rémunération. La Fep-CFDT et le Sgen-CFDT contestent vivement cette position énoncée sans aucun cadre réglementaire ». Ils rappellent notamment une réponse de Luc Chatel au Sénat en 2010 qui précise les conditions de rémunération de ces heures.
Rythmes scolaires : Chatel décidé à aller au bout ?
« Le ministre a adressé un courrier aux différentes organisations représentatives, leur demandant de donner leur avis sur les propositions présentées dans le rapport, les changements qu’elles pourraient induire et leurs conséquences. Les retours par écrit sont attendus pour le 15 décembre », annonce le ministère. Suivraient en 2012 « un dernier cycle de consultations ».
En résumé les rythmes scoalires
Délai de carence ou délit d’initié ?
Le gouvernement a annoncé qu’une nouvelle journée de carence pour maladie s’ajouterait aux délais actuels pour tous les salariés. Dans le privé, le délai de carence passerait de 3 à 4 jours. Dans le public serait instauré un délai d’un jour. « Cette mesure réglementaire, qui représente une économie de 200 millions d’euros, vise à responsabiliser davantage les assurés pour garantir un recours justifié aux arrêts de travail », précise le communiqué officiel qui évoque aussi « un souci d’équité » pour les fonctionnaires.
« Vous êtes malade ? Vous êtes assurément un fraudeur« , proteste le Se-Unsa. « Cette annonce s’insère dans le cadre d’une campagne de dénigrement des salariés qui, dès lors qu’ils seraient en arrêt maladie, seraient automatiquement suspectés d’être tous des fraudeurs potentiels. Outre le caractère très choquant de cette accusation, qui fait peu de cas du professionnalisme des médecins édictant les arrêts maladie, comme de la conscience professionnelle et morale des salariés, il s’agit très clairement de faire payer aux assurés sociaux malades la politique d’austérité décidée par le gouvernement ». Pour la Fsu, « Le gouvernement poursuit dans sa volonté de faire payer la crise aux salariés du privé comme du public, sous prétexte de chasse aux économies. Au nom d’une soi-disant « équité », il tire les droits de tous les salariés vers le bas en proposant d’allonger encore les jours de carence dans le privé et d’en instaurer une journée dans le public. C’est inacceptable ».
Balzac : Suspension de la grève pour cause de succès
« Nous prenons acte du départ du chef d’établissement et nous nous en félicitons ». Les enseignants du lycée Balzac annonce la suspension de leur mouvement de grève. Ils ont obtenu gain de cause sur l’essentiel de leurs demandes. Le changement de chef d’établissement fait suite à l’application de la réforme du lycée dans l’établissement. Ils ont aussi obtenu le maintien de deux emplois aidés et un poste rarissime d’infirmière. Un nouveau chef d’établissement aura à gérer au quotidien les 255 groupes pour 900 élèves institués dans le lycée…
A Balzac la première grève de la personnalisation
Accord CNAM – Microsoft
Microsoft et le Cnam ont signé le 15 novembre un accord de partenariat. Il ouvre aux étudiants du Cnam du programme C2i la possibilité d’obtenir la certification MS IT Academy et donne à tous les étudiants une solution de messagerie de type Live Edu.
Educatec Educatice : Inscrivez-vous
Du 23 au 25 novembre, le Salon Educatec / Educatice est le rendez-vous des professionnels de l’éducation. Parmi les nombreuses conférences et démonstrations qui auront lieu, signalons le 23 novembre la conférence sur les jeux sérieux organisée par el Café avec des praticiens du jeu en classe (9h30); la conférence sur les TBI et les ardoises tactiles organisée par le ministère à 14h et celle sur la recherche sur les TICE à 15h45.
Le jeudi 24 s’ouvre à 9h30 sur une conférence du ministère sur l’éducation au numérique suivie à 15h45 de la seconde conférence du Café sur les outils mobiles dans la classe avec là aussi des enseignants de terrain. Le vendredi 24 Educatec se clôt sur la conférence sur l’éducation au numérique organisée par JM Fourgous en présence du ministre de l’enseignement supérieur.
Les bonnes raisons de visiter Educatec Educatice
Malgré la crise, le nombre de boursiers est en chute
Selon « L’état de l’Ecole« , le nombre de collégiens et lycéens bénéficiaires d’une bourse d’Etat est passé de 1,4 million en 2000 à 1,2 en 2010. Leur proportion a chuté de 25 à 23%. L’étude montre aussi de fortes disparités à l’intérieur du système éducatif. Les établissements publics comptent 26% de boursiers contre 12% dans le privé. Le taux est de 17% en lycée général et technologique contre 32% en L.P.
Comment être parent aujourd’hui ?
C’est la question que pose Sciences Humaines en décembre. Le magazine consacre un intéressant dossier aux parents, « un métier qui ne va plus de soi ». On appréciera par exemple la page consacrée au « mythe de la démission parentale ». Ou celle sur « le dialogue impossible » entre parents et école.
Le sommaire et résumé des articles
Séminaire Sankoré : Faire la classe à l’ère du numérique
Le premier séminaire international Sankoré de recherche universitaire sur la pédagogie numérique qui se tient au CNAM ces 15 et 16 novembre a rassemblé près de 300 personnes. Pour la plupart acteurs du système éducatif français (enseignants, inspecteurs chercheurs) ou responsables institutionnels ou politique. Si l’objectif clairement exprimé de ce séminaire était de faire un état des lieux de la recherche dans le domaine de la pédagogie et du numérique, il aura rempli sont rôle.
Comment faire face à la mixité ethnique ?
La question est peu posée en France où l’approche reste prioritairement sociale. Elle l’est davantage aux Etats-Unis où la revue Teaching Tolerance, un site d’information pour la promotion des conduites citoyennes à l’école, vient de distribuer ses prix. Presque tous concernent le fossé ethnique dans le pays. Ainsi Sylvestre Arcos, d’un collège du Bronx, a mis en place un programme de soutien culturel aux élèves « latinos ». Dans l’Idaho, Sonia Galaviz est allée au devant des familles latinos mais aussi Cherokees. « Ce n’est pas parce que je suis noire que je sais enseigner aux noirs » explique Tracy Oliver Gary qui travaille dans un lycée du Maryland. Elle aussi a fait l’effort d’aller au devant des familles et de travailler sur ses propres représentations.
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Les mineurs sont-ils plus violents ?
La délinquance juvénile est-elle de plus en plus violente ? C’est l’épouvantail que brandit le ministre de l’Intérieur. Dans Le Monde, Laurent Borredon propose une belle synthèse des études existantes et donne la parole aux spécialistes, aussi bien L Mucchielli que E Debarbieux. Conclusion : « Finalement, ce qui différencie le plus mineurs et majeurs depuis 2008, ce sont les infractions à la législation sur les stupéfiants : le nombre de garçons mis en cause augmente plus de deux fois plus vite. Mais s’agissant, la plupart du temps, de jeunes hommes pris en train de consommer du cannabis sur la voie publique parce qu’ils ne peuvent pas le faire chez eux, il paraît difficile d’en tirer la moindre conclusion sur la dégradation morale de la jeunesse française. »
Casanova, héros de la liberté
La Bibliothèque nationale ouvre son site sur l’exposition Casanova. Aventurier du plaisir, Casanova fut aussi un inventeur de liberté. Le site approche Casanova sous toutes ses facettes à travers son autoportrait, mais aussi sa passion de la liberté, son goût pour le costume et la parure, son désir de raffinement. Homme de plaisirs, homme de lettres, Casanova se révèle aussi homme d’affaires, toujours prêt à monter une entreprise, de la loterie à la manufacture d’impression sur soie, de la fabrique de savons aux projets agricoles. Des fiches pédagogiques et des ateliers permettent aux plus jeunes de travailler sur le thème du masque et du carnaval, aux plus âgés d’aborder l’écriture de soi ou de voyager à travers l’Europe des Lumières et les mœurs du XVIIIe siècle.
Poésie contemporaine au lycée
« Voix d’aujourd’hui » est un programme du CDDP du Finistère en faveur de la poésie contemporaine. Un projet présenté concrètement par JM Le Baut sur son blog.
Pékin boira de l’eau désalinisée
Dans 5 ans, 250 kilomètres de canalisation relieront Pékin à la mer. Une station de désalinisation permettra de passer de 3 à 4 millions de mètres cubes d’eau potable par jour pour alimenter la capitale chinoise.
le Cafe
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